LES CHOUETTES DU CŒUR, UN GOÛT DE BONHEUR - La Semaine Vétérinaire n° 1580 du 11/04/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1580 du 11/04/2014

Reportage

Auteur(s) : Fanny Pandolfi

Ce n’est pas un spectacle, mais un contact. En caressant, en portant des rapaces, des enfants, des personnes âgées ou en situation de handicap oublient leur peur pour vivre un moment magique, rempli de paix et d’émotion. Une belle histoire rendue possible par l’amour fou que Hubert Josselin voue aux êtres humains et aux oiseaux. Rencontre au sein de l’association Les Chouettes du cœur.

Il était une fois un homme qui rêvait de voler… Hubert Josselin vit alors en Picardie. Dans la ferme familiale, le petit paysan lève la tête dès que surgit un vol d’oiseaux. Il s’imagine dans le ciel, à leurs côtés. Sa fascination se fortifie en même temps qu’il grandit. En pension, il parvient même à garder ses canaris !

Hubert devient éleveur de faisans et de perdreaux. Trente années s’écoulent. Le rêve d’Icare, latent, sommeille en lui. Lorsqu’il apprend que le Canadien Bill Lishman vole en ULM suivi par ses oies, il jure « qu’il fera tout pour y arriver aussi ». Au parc vendéen du Puy-du-Fou, en 2003, des milliers de spectateurs savourent un show aérien magique. Des bernaches nonnettes et d’Hawaï escortent une aile delta motorisée. Là-haut, au bout du ciel, Hubert Josselin s’est transformé en homme-oiseau. Son rêve est devenu réalité.

La passion des rapaces

Changement de décor. Au cours de l’hiver 2013, dans la campagne bourguignonne, Hubert Josselin chouchoute ses protégés ailés : chouettes effraies, buses de Harris, faucon sacre, hibou grand duc d’Europe, etc. Tous sont nés en captivité. « Ils m’ont été donnés par Jurafaune, l’Espace Rambouillet et, surtout, par le parc du Puy-du-Fou, explique-t-il. C’est en fréquentant des amis fauconniers que je me suis rendu compte de la fascination que les rapaces exerçaient sur l’être humain. »

Il utilise aujourd’hui ce charme pour procurer du bonheur et exorciser les peurs, au sein de l’association Les Chouettes du cœur. Grâce à son certificat de capacité de détention et de présentation itinérante, Hubert Josselin emmène ses oiseaux partout : dans les écoles, les maisons de retraite, les structures d’accueil pour les personnes handicapées. Dès leur naissance, ces rapaces, nourris le jour, sont conditionnés pour inverser leur cycle naturel, de manière à vivre en symbiose avec les humains.

Que mangent-ils ? « Aucune graine, uniquement de la viande. Comme en fauconnerie, j’utilise des poussins congelés. Les os, les plu­mes sont importants pour qu’ils fabriquent leurs pelotes de réjection. » Sont-ils fragiles « Non, les rapaces sont résistants. Tous les dix jours, je complète simplement leur alimentation avec des vitamines, sous forme d’une solution buvable, et je les vermifuge. Leurs déjections sont des signes de santé importants à surveiller, de même que leurs poids, que je contrôle régulièrement. » L’anémie est l’une des affections les plus fréquentes. « Les vétérinaires connaissent peu le traitement de ces oiseaux, constate Hubert Josselin. Par conséquent, les maîtres fauconniers partagent entre eux leurs années d’expérience. Il existe également des centres de soins pour la faune sauvage. »

Des espèces à sauvegarder

Par leur action, Catherine et Hubert Josselin espèrent éveiller les consciences concernant la nécessaire sauvegarde de ces animaux. « En France, sur dix naissances, neuf chouettes effraies meurent au bout de deux ans, indique Hubert Josselin. Beaucoup sont tuées par des véhicules et des trains. » Il milite aussi pour convaincre les agriculteurs que ces oiseaux sont leurs alliés car ils chassent les campagnols et les mulots, qu’ils sont capables de détecter à plus de 100 m grâce à leur ouïe prodigieuse. Il tient également ce discours au sein des écoles.

Professeur de lettres au collège Dinet-de-Seurre (Côte-d’Or), Amélie Tissier est convaincue que les séances pédagogiques de sensibilisation fonctionnent bien auprès du jeune public. « Les collégiens sont captivés, ravis de porter un rapace sur le bras ou leur tête. Ils auront désormais à cœur d’aider à les protéger », estime-t-elle. Un message qu’Hubert Josselin rêve de continuer à propager : « J’aimerais que d’autres personnes nous imitent dans toute la France. Par passion, car il n’est pas possible de gagner sa vie avec cette activité. Pourquoi pas des vétérinaires ou des auxiliaires vétérinaires ? Je peux aider à les former en les laissant nous suivre. » L’appel est lancé !

Pour en savoir plus

www.les-chouettes-du-coeur.com Interventions de l’association en Bourgogne et en Franche-Comté.

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