Un cas d’alopécie liée à un kyste ovarien chez un cobaye

CAS CLINIQUE

Une femelle cobaye de trois ans est présentée en consultation référée pour une perte de poils bilatérale sur les flancs, d’apparition récente. L’état général reste bon, l’appétit et le transit sont conservés.

Une masse d’environ 4 cm de diamètre est palpable dans l’abdomen. L’ensemble du tableau clinique est fortement évocateur d’un kyste ovarien. L’échographie confirme la présence d’un volumineux kyste ovarien de 3,5 cm de diamètre. Le traitement est chirurgical. L’animal est prémédiqué avec du midazolam (0,5 mg/kg par voie intramusculaire) et de la buprénorphine (0,05 mg/kg par voie sous-cutanée). L’induction est réalisée au sévoflurane. Un cathéter est posé à la veine céphalique. Une perfusion est mise en place (NaCl réchauffé, 10 ml/kg/h). La peau et la paroi musculaires sont incisées. Des écarteurs Lone Star retractor permettent de maintenir la cavité abdominale ouverte. Le kyste est extériorisé et les pôles vasculaire et utérin sont clampés. La section est effectuée à l’aide d’un laser CO₂ en mode continu à 6 W. Aucune ligature n’est réalisée. L’autre ovaire, normal, ainsi que l’utérus sont retirés selon le même mode opératoire. La paroi musculaire est suturée (monofil résorbable 4.0). Un surjet intradermique referme la peau.

L’analgésie est renouvelée pendant 24 heures. La reprise du transit et de l’appétit est constatée dès le lendemain et l’animal est rendu à son propriétaire. La repousse des poils est effective quelques semaines plus tard.

DISCUSSION

L’alopécie bilatérale symétrique chez le cobaye femelle de plus de trois ans est bien connue comme étant l’un des signes cliniques associés à la présence de kystes ovariens. Environ les deux tiers des femelles de cet âge-là seraient concernées. Cette prévalence est tellement élevée qu’une étude suggère l’appartenance de ces kystes au cycle ovarien normal des cobayes¹.

→ Les signes cliniques régulièrement observés sont une alopécie bilatérale symétrique, une infertilité, une distension abdominale, des troubles digestifs, une perte d’appétit. La sécrétion hormonale associée (œstrogènes notamment) est responsable de la perte des poils et des problèmes de fertilité. Le volume important de certains kystes (jusqu’à 7 cm de diamètre) engendre les autres troubles.

→ Le diagnostic est clinique et échographique. Il existe trois types de kyste différenciés histologiquement : séreux, folliculaires et para-ovariens. Cette distinction est importante pour les traitements médicaux, car seuls les kystes folliculaires y répondent correctement (voir plus bas).

→ Le traitement de choix est chirurgical. Des solutions médicales alternatives existent en présence de kystes folliculaires, lorsque la chirurgie est contre-indiquée ou refusée par le propriétaire. Les résultats sont variables et des effets secondaires non négligeables sont observés.

– Gonadotropin-releasing hormone (GnRH) : deux injections de 25 µg à 15 jours d’intervalle.

– Chorionic gonadotropin (HCG) : deux injections de 1 000 UI par animal à 10 jours d’intervalle (cela représente un important volume, avec une douleur à l’injection et un risque d’allergie).

– Desloréline : son inefficacité est rapportée² et la durée d’action de l’implant n’est pas connue chez le cobaye.

L’originalité du cas décrit réside dans le recours à la technique chirurgicale faisant appel au laser CO₂. Cet outil permet de ne pas réaliser de ligature, l’hémostase étant assurée par le laser. Les ligatures peuvent parfois être délicates à poser, car le kyste prend énormément de place et les viscères viennent souvent s’interposer. Toutefois, l’achat d’un tel matériel ne peut reposer sur cette seule indication, même si ce cas illustre son utilité et sa contribution au confort du chirurgien et de l’animal.

• 1 Shi F., Petroff B.K., Herath C.B. et coll. Serous cysts are a benign component of the cyclic ovary in the guinea pig with an incidence dependent upon inhibin bioactivity. J. Vet. Med. Sci. 2002;64:129-135.

• 2 Schuetzenhofer G., Goericke-Pesch S., Wehrend A. Effects of deslorelin implants on avarian cysts in guinea pigs. Schweiz Arch Tierheilkd 2011;153 : 4126-417.