Thriller à la ferme

Phénomène du cinéma québécois, Xavier Dolan signe, à 24 ans, son quatrième long-métrage. Après l’étonnant Laurence Anyway, voici un thriller immergé dans l’espace rural.

Évitant aussi bien le réalisme documentaire (celui du Démantèlement¹) que le pittoresque, le cinéaste exploite malicieusement tout ce que le cadre d’une exploitation laitière et ses alentours offrent de potentiellement inquiétant.

Le film décrit un deuil qui, ne pouvant se faire, bascule dans l’effroi. Jeune publicitaire de Montréal, Tom voyage jusqu’au fin fond de la campagne pour assister aux funérailles de son jeune amant. En débarquant dans l’exploitation familiale, il découvre que ce dernier n’avait jamais évoqué son existence ni révélé son homosexualité. En dépit de sa douleur, Tom, sous la pression brutale de Francis, le frère aîné du défunt, accepte de cacher la vérité à la mère en entretenant un mensonge. Comme atteint du syndrome de Stockholm, il décide alors de rester, aidant Francis dans ses travaux quotidiens (traite, vêlages), nouant avec lui une relation ambiguë qui va rapidement prendre un tour cauchemardesque.

Adapté d’une pièce de théâtre, le film transporte le huis clos dans divers espaces de la ferme en jouant subtilement avec l’étrangeté de la proximité animale. Maîtrisant sa réalisation, tenue et exaltée à la fois, Xavier Dolan, qui s’assigne le rôle de Tom, se montre également un comédien convaincant.