Les solutions alternatives disponibles

L’effet antibactérien de certains produits est connu depuis longtemps. Le miel, les huiles essentielles et les plantes appartiennent à la pharmacopée traditionnelle. La plupart ne se limitent pas à une action antibactérienne, et les mécanismes de celle-ci ne sont pas encore tous décrits.

L’apithérapie

Les vertus antibactériennes du miel sont utilisées dans le traitement des plaies, notamment chez le cheval, le chien, les ruminants, les primates, etc. A priori, tous les miels conviennent, bien que certains soient réputés plus efficaces comme le miel de thym ou de châtaignier. Le miel de Manuka, produit en Nouvelle-Zélande, est préféré dans les pansements commercialisés (Activon(r) tube ou pansement; Algyvon(r); gel, pansements non adhérents ou absorbants de la gamme Kruuse).

La larvothérapie

En application externe pour le traitement des plaies, la larvothérapie est développée au début du xx^e siècle par William Baer, en particulier chez les blessés de la Première Guerre mondiale. Cette méthode fait appel au travail des larves d’une souche de Lucilia sericata stérile (certains des premiers patients traités ont succombé au tétanos avant la mise au point d’un procédé de stérilisation des larves), sélectionnées pour leur aptitude à ne consommer que les tissus morts, pas les vivants. Les larves sont disposées libres dans la plaie ou enfermées dans un biobag et laissées en place d’un à quatre jours. Elles assurent la détersion de la plaie, luttent contre l’infection grâce à la sécrétion d’agents bactériostatiques ou bactéricides et stimulent le tissu de granulation. Leur action antibactérienne concerne surtout les bactéries gram positif. Un effet bactériostatique sur Staphylococcus aureus (y compris celui résistant à la méticilline), E. coli et Proteus, ainsi qu’une action inconstante sur Pseudomonas sont observés. Si les mécanismes ne sont pas encore tous élucidés, il est désormais certain que les micro-organismes sont consommés : des débris bactériens partiellement digérés sont retrouvés dans le tube digestif des larves.

Pansements bactériostatiques ou bactéricides

Certains pansements mettent en œuvre les propriétés du chlorure de dialkylcarbamoyle (Dacc) : au contact de la plaie, les germes (les bactéries, les champignons) présents en surface sont capturés par adsorption, sans agent antibactérien, donc sans risque de résistance (pansement de type Sorbact(r)). D’autres utilisent les propriétés antibactériennes des ions argent, qui ont des vertus bactéricides à large spectre. Ceux-ci se lient soit à la paroi des micro-organismes, dont ils provoquent la rupture, soit aux enzymes bactériennes, ce qui inhibe la division cellulaire et la réplication. Rares, les résistances sont essentiellement notées lors de concentrations sublétales en ions et sur des entérobactéries, E. coli, Pseudomonas aeruginosa, Acinetobacter baumanii. Une résistance croisée faible avec les céphalosporines, encore peu documentée, existerait.

Aromathérapie, phytothérapie

Si leurs bienfaits sont connus depuis l’Antiquité, l’utilisation traditionnelle des plantes commence à se développer. En matière de phytothérapie, le dosage et le mode d’administration ne sont pas anodins, et le traitement par les plantes relève encore souvent de l’empirisme. L’aromathérapie, prisée par les amateurs d’agriculture naturelle ou “bio”, intéresse de plus en plus la communauté scientifique.

Par exemple, l’huile essentielle de ciste à gomme (Cistus ladaniferus) agit simultanément sur la paroi cellulaire et la membrane plasmique de S. aureus, et inhibe sa croissance. Son large spectre inclut des bactéries gram positif (Bacillus cereus, Enterococcus faecalis, Listeria monocytogenes) et négatif (Enterobacter aerogenes, Campylobacter jejuni). Son action antibactérienne est liée à sa composition en alcools terpéniques.

Le recours aux huiles essentielles dans le traitement des affections respiratoires s’est banalisé. En élevage, leur utilisation dans le traitement des mammites bovines est évaluée : selon les conclusions de l’étude menée dans 34 cheptels, la guérison bactériologique à la suite d’un traitement par un mélange d’huiles essentielles est faible (30 % environ), et varie selon les agents pathogènes. Dans le cas des animaux destinés à la consommation humaine, la question des résidus se pose, surtout lors d’utilisation sans avis médical de préparations à la concentration ou à l’origine inconnue.

Les transferts de flore

Les appellations bactériothérapie fécale, transfert de flore, transplantation, greffe fécale ou probiotic infusion désignent toutes le même procédé : l’introduction dans l’intestin du malade d’un extrait de fèces d’un donneur sain. Chez l’homme (enfant ou adulte), cela prend la forme d’un lavement ou d’un sondage nasogastrique, en particulier dans le traitement des infections du côlon qui résistent aux thérapeutiques classiques, surtout celles par Clostridium difficile. Une variante est également possible : la restauration autologue de la flore gastro-intestinale, qui consiste en un prélèvement de flore qui est ensuite filtré, lyophilisé, et stocké sous forme de gélules, pour le cas où le patient contracterait une clostridiose ultérieurement.