Vétérinaire et “snake” dandy

Sous ses airs d’Indiana Jones et de Crocodile Dundee, le héros de ce singulier road movie documentaire est un confrère aussi sympathique qu’atypique. Diplômé de l’université colombienne, passionné de reptiles, Franz Florez dirige (avec de maigres moyens) le Serpentarium national, quand il ne sillonne pas le pays dans un vieux bus pour défendre les serpents auprès de la population et de l’armée. Davantage que le portrait de cette figure charismatique et poétique de la conservation de la faune colombienne, le film accomplit avec lui un voyage initiatique dans un pays fascinant et imprévisible, où la forêt vierge et la guérilla se partagent les mêmes territoires.

Âme du film, les serpents que Franz promène partout (dans des sacs ou ses poches) se révèlent d’excellents sauf-conduits pour pénétrer les zones de la rébellion où il est l’unique scientifique à s’aventurer. En rencontrant les autochtones (protecteurs de la nature, guérilleros, indigènes), nous comprenons alors que si la guerre n’était pas là, ces forêts auraient déjà été saccagées pour l’exploitation minière. C’est ce paradoxe d’une nature protégée par la guerre que pointe ce film bricolé à hauteur d’homme, commencé comme un joyeux barnum et qui, peu à peu, devient la métaphore vivante de la crise écopolitique actuelle.

Sorti fin janvier de manière indépendante dans une salle à Paris, le film commence à être distribué en province¹.

• 1 Renseignements sur la page Facebook d’El Hombre de las Serpientes.