Une réalité professionnelle disparate en Europe et aux États-Unis - La Semaine Vétérinaire n° 1578 du 28/03/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1578 du 28/03/2014

Dossier

Auteur(s) : Clarisse Burger

Résultats financiers, salaires, temps de travail, niveau de stress, satisfaction professionnelle, équilibre de vie, tarifs, etc. La dernière étude Vetspanel du cabinet CM-Research livre des données chiffrées relatives aux vétérinaires canins européens et américains. S’ils sont nombreux à résister à la crise, les praticiens d’Europe du Nord, plutôt satisfaits dans leur travail, affichent des revenus annuels plus élevés que la moyenne. Radioscopie des divers profils.

Compte tenu du contexte économique difficile, l’année 2013 a-t-elle été bonne pour les praticiens principalement canins européens et américains ? La première étude internationale Vetspanel du cabinet CM-Research (voir encadré) apporte plusieurs enseignements. Les praticiens des pays d’Europe du Nord s’en sortiraient mieux en termes de revenus et d’équilibre entre les sphères professionnelle et personnelle. Pour preuve, les vétérinaires danois, allemands, néerlandais dépassent, en moyenne, la barre des 60 000 € de revenus annuels (avant impôt). Ils sont également les plus nombreux à considérer que leur emploi est « en phase avec leur équilibre de vie professionnelle et privée », et n’ont jamais songé à le quitter. À l’inverse, les Français qui perçoivent moins de 60 000 € sont nombreux à y « songer parfois ». Les gains des praticiens d’Europe du Sud montrent que ces derniers sont nettement plus affectés par la conjoncture actuelle. Toutefois, leur taux de satisfaction au travail est variable selon les pays. Quant aux vétérinaires qui évoluent sur le marché nord-américain, ils réussissent à enregistrer des revenus similaires à leurs confrères d’Europe du Nord. Ces résultats pourraient globalement s’améliorer, du moins en Europe. En effet, selon une autre étude du cabinet CM-Research, un animal sur quatre ne bénéficierait pas d’un suivi vétérinaire. Dans le panel étudié, les praticiens exercent majoritairement en canine et une minorité d’entre eux ont une activité mixte. Leurs cabinets offrent, pour la plupart, une gamme complète de services. Concernant leurs missions, ils consacrent, en moyenne, près de la moitié de leur temps (46 %) aux soins des chiens, et un peu moins à ceux des chats (37 %). Très peu de temps (moins de 6 % en moyenne) est accordé aux autres animaux (chevaux, bovins et lapins). Pour leur part, les praticiens français sondés s’occupent quasiment autant des chiens que des chats et emploient 8 % de leur temps à une activité rurale.

LES TARIFS

Le prix moyen d’une consultation dédiée aux petits animaux de compagnie est de 34,54 € dans les onze pays étudiés. Il est légèrement plus bas en France (33 €). Ce montant moyen est donc proche des tarifs pratiqués dans l’Hexagone, bien que ceux-ci puissent être plus élevés. L’étude Vetspanel met en évidence que la tarification moyenne la plus importante est au Danemark (66 €), soit deux fois plus chère qu’en France et onze fois plus qu’en République tchèque (6 €). La consultation y est la moins onéreuse des onze pays étudiés. Le prix moyen d’une visite chez le vétérinaire aux États-Unis atteint 38 €. En revanche, ces résultats n’indiquent pas le niveau moyen du panier des clients des praticiens.

LE TEMPS DE TRAVAIL

Combien d’heures les praticiens européens et anglo-saxons travaillent-ils par semaine ? Beaucoup, répondent nombre d’entre eux, en particulier en France ! 35 % des participants (tous pays confondus) se situent dans une fourchette comprise entre 31 à 40 heures hebdomadaires. C’est au Danemark, en Grande-Bretagne et en France qu’ils sont les plus nombreux à en déclarer davantage (de 41 à 50 heures par semaine), tandis que près de la moitié des Espagnols et des Suédois affirment ne pas dépasser 40 heures. Dans six pays du panel, dont la France, le compteur des praticiens canins explose (entre 51 et 60 heures hebdomadaires) chez au moins 15 % des sondés (par pays). Au Danemark, en Espagne et en Italie, une minorité de vétérinaires (3 à 6 %) consacrent autant d’heures à leur activité.

LA CLIENTÈLE

Les cabinets sondés recensent en moyenne jusqu’à 26 appels en semaine (pour une moyenne de 43 heures travaillées), y compris ceux qui concernent des interventions d’urgence en dehors des horaires d’ouverture. La Belgique arrive en tête (avec 68 appels selon 100 personnes interrogées). Elle est suivie par l’Italie et l’Allemagne, où les vétérinaires seraient les plus sollicités par leurs clients. En revanche, le Danemark, le Royaume-Uni, la France et les États-Unis comptabilisent moins de 20 appels hebdomadaires (le nombre de répondants varie selon les pays). Il est toutefois difficile de comparer ces chiffres, car toutes les structures ne comptent ni systématiquement ni approximativement les appels reçus.

Selon cette étude, 17 animaux sont vus par les praticiens des cabinets des pays ciblés au cours d’une journée moyenne. Les Anglais en reçoivent le plus (24), bien davantage que les Français (15) pour un même nombre de participants (570 pour cette question). Au sud de l’Europe, les Italiens n’en accueillent en moyenne que 9 et les Espagnols 11.

Tout dépend du temps que le praticien accorde à l’animal, du cas présenté et des moyens de la structure. L’étude ne précise pas ces données.

LES TYPES D’ACTIVITÉS

Quelle activité requiert le plus de temps ? Sur l’ensemble des heures hebdomadaires travaillées, les consultations sont les plus chronophages (52 %) selon l’ensemble des cabinets sondés. Suivent les actes de chirurgie (22 %), les visites (les urgences et les gardes, 11 %) et les tâches administratives (10 %). Les praticiens français (23 %) se consacrent davantage à la chirurgie que leurs homologues sondés. En revanche, ils accordent en moyenne moins de temps aux urgences et aux gardes (8 % versus 12 % chez les Belges et 11 % pour les Allemands). Les tâches administratives occupent davantage les Suédois, les Danois, les Belges et les Allemands (entre 15 % et 17 % de leur temps).

LES VACANCES DES PRATICIENS

Parmi les onze pays étudiés, quels sont les professionnels qui partent le plus longtemps en vacances ? 41 % des vétérinaires prennent en moyenne 24 jours de congé annuel. En France, les praticiens s’absentent davantage : 31 jours par an. Cette moyenne est proche de celle observée chez les Danois (28 jours) et les Britanniques (27 jours), mais beaucoup plus éloignée de celles notées en Allemagne et en Italie (19 jours), ainsi qu’en République tchèque (17 jours). Globalement perçus comme plus assidus au travail compte tenu de leurs règles et plus inquiets de perdre de l’argent en s’accordant des jours de congé, les praticiens américains s’absentent généralement peu (12 jours en moyenne).

LES COMPÉTENCES À APPORTER

Qui souhaite renforcer, à l’avenir, les compétences de sa structure ? Seulement 10 % des cabinets interrogés, tous pays confondus, songent à intégrer un chirurgien vétérinaire supplémentaire en 2014. Une majorité (77 %) ne l’envisage pas et 13 % ne savent pas. Les Britanniques, les Suédois et les Italiens sont plus de 10 % à avoir ce projet, versus 6 % des praticiens français.

LE BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL

Les vétérinaires sont-ils heureux au travail ? Les Français sont majoritairement « plutôt satisfaits » (70 %, versus une moyenne de 54 % chez leurs confrères des pays étudiés). Les cabinets belges sont les plus nombreux à exprimer ce sentiment. En revanche, seuls 8 % des Français s’estiment « très satisfaits » de leur travail (versus 17 % pour la moyenne des pays). Le constat est plus dur en Italie : les praticiens y sont les moins nombreux (5 %) à se déclarer « très satisfaits ». Il faut chercher du côté de l’Europe du Nord pour trouver davantage de professionnels à fournir cette réponse : c’est le cas des Pays-Bas (45 % des vétérinaires, soit un écart de 40 points avec l’Italie !), du Danemark ou de la Suède (33 %). Ces chiffres tiennent compte d’un nombre variable de répondants par pays.

L’ÉQUILIBRE DE VIE ET LE NIVEAU DE STRESS

Concernant l’harmonie entre les sphères professionnelle et privée, seulement 9 % en moyenne des praticiens des pays étudiés avouent avoir « très souvent songé à quitter la profession pour obtenir un meilleur emploi » (« souvent » pour 18 % des sondés). Ils apprécient globalement leur métier et leurs conditions d’exercice, à l’exception des Italiens qui sont les plus nombreux (43 %) à y penser « souvent », voire « très souvent ». La crise subie par ce pays est probablement l’une des raisons qui justifie ces velléités. À l’inverse, 48 % des Danois n’ont jamais envisagé de changer de profession. Seuls 29 % des Français sont dans le même état d’esprit, soit un point en dessous de la moyenne des pays étudiés. Néanmoins, le fait de ne pas souhaiter trouver un autre emploi ne rime pas avec l’absence d’anxiété au travail.

La majorité des praticiens sondés (55 %) estiment leur niveau de stress quotidien élevé. Ils se disent « plutôt », voire « très stressés ». Les plus nombreux à exprimer ces ressentis sont les Allemands (35 % des sondés), suivis par les Espagnols (25 %). La France compte moins de praticiens « très stressés » (11 %, soit trois points de moins que la moyenne des vétérinaires interrogés). Les Danois, les Néerlandais et les Suédois semblent moins atteints par les diver­ses pressions dues au travail (respectivement 68 %, 62 % et 74 % sont « peu ou pas du tout stressés »).

LES REVENUS PAR FONCTION

Combien gagnent les vétérinaires européens et américains ? Les revenus annuels varient selon le pays, l’expérience professionnelle, le rôle et le statut du praticien dans le cabinet. Les Français perçoivent en moyenne un revenu annuel de 53 138 € (avant impôt), toutes fonctions confondues. Ce chiffre dépasse le montant moyen (47 391 €) empochés par les praticiens européens des pays étudiés. Ceux d’Europe du Nord sont les mieux lotis. Les Danois sont les plus riches, avec un gain annuel moyen de 72 769 €. Ils sont talonnés par les Allemands (67 089 €). Dans un contexte économique plus dégradé, les Espagnols et les Italiens restent sous la barre des 25 300 € annuels. Les revenus les plus faibles sont enregistrés en République tchèque (15 475 €).

Dans chaque pays, les amplitudes salariales sont plus ou moins importantes selon la fonction. Ainsi, un vétérinaire associé français gagne en moyenne 58 541 € par an, alors qu’un confrère salarié touche presque deux fois moins (30 360 €). Au Danemark, l’écart de revenus est nettement plus faible entre l’associé (75 364 €) et le salarié (65 454 €). En revanche, les variations se creusent plus fortement en Allemagne (avec une différence de 42 515 €!), ainsi qu’au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.

LES RÉSULTATS FINANCIERS

Compte tenu du contexte économique actuel, les activités vétérinaires sont plus ou moins affectées selon les pays. Globalement, rares sont les praticiens (6 %) à faire état d’un résultat financier « bien meilleur » en 2013 qu’en 2012. Toutefois, les chiffres produits par l’étude révèlent qu’en moyenne, la profession résiste à la crise : plus d’un quart des vétérinaires voient leur bilan légèrement supérieur à celui de 2012 et un tiers le pensent identique. Cependant, 28 % l’estiment inférieur en 2013. Un peu mieux lotis que la moyenne des pays étudiés, les Français (7 % d’entre eux) présument avoir de bien meilleurs résultats en 2013, voire légèrement supérieurs (31 %, versus 28 %). Un bon quart s’attend au même bilan que l’année précédente. Également au-dessus de la moyenne, les Américains et les Britanniques (7 %), les Danois (13 %) ainsi que les Suédois (9 %) déclarent avoir enregistré des résultats qui dépassent largement ceux de 2012.

LA COMMUNICATION NUMÉRIQUE

Les vétérinaires français sont ceux qui utilisent le moins les réseaux sociaux pour promouvoir leurs services ou pour faire de la publicité. Dans l’Hexagone, 77 % des praticiens déclarent ne pas recourir aux plates-formes du Web pour de tels objectifs. Cette situation est pratiquement similaire chez les Allemands (60 %) et chez les Italiens (60 %). L’usage timide d’Internet s’explique, entre autres, par une méconnaissance des textes juridiques (en particulier à propos de la transposition de la directive “services” en droit national) dans certains pays européens. Ce phénomène génère une appréhension relative à l’espace numérique et aux conséquences d’un usage non maîtrisé des outils de communication. Le Code de déontologie (article R.242-35) mentionne que « la communication des vétérinaires vis-à-vis de leurs confrères ou des tiers ne doit pas porter atteinte au respect du public et de la profession. (…) Les mêmes règles s’appliquent aux commu­nications télématiques ou électroniques destinées au public (forums ou sites de présentation) faisant état, dans leurs adresses ou dans leurs contenus, de textes ou d’images en relation directe ou indirecte avec la profession vétérinaire… ».

De plus, les vétérinaires ne font pas, pour l’heure, partie des professions “hyperconnectées”. Moins de la moitié des praticiens des onze pays étudiés utilisent la Toile. En témoigne aussi la disparité des usages en Europe : un faible nombre de vétérinaires français (1 %) et suédois (2 %) possèdent un compte Twitter, au lieu de 19 % de leurs confrères néerlandais et britanniques. Les résultats de cette enquête montrent que les plus gros utilisateurs des outils web sont les praticiens anglo-saxons. Seuls 9 % des vétérinaires français se connectent à Facebook pour promouvoir leurs prestations, tandis qu’une forte majorité (70 %) des vétérinaires britanniques et américains se servent de ce réseau.

MÉTHODOLOGIE

L’enquête du réseau Vetspanel (détenu par le cabinet d’étude CM-Research, spécialiste du marché vétérinaire) a été menée entre le 20 août et le 20 octobre 2013 auprès de 2793 praticiens issus de dix pays européens et des États-Unis. L’étude comporte des profils de vétérinaires propriétaires de leurs cabinets, des associés, des indépendants et des salariés principalement en animaux de compagnie. Tous sont membres de Vetspanel. 51 % des structures sont de petite taille (un à deux praticiens). 42 % comptent de trois à neuf vétérinaires. Les cabinets dotés d’une gamme de services sont majoritaires. Les structures de référés et de bénévoles sont les moins représentées. Les participants français (656) et britanniques (664) sont les plus nombreux dans le panel étudié.

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