Un équilibre entre l’hôte, le parasite et l’environnement - La Semaine Vétérinaire n° 1577 du 21/03/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1577 du 21/03/2014

Leishmaniose

Actu

SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau

La 6e journée d’actualités organisée par le Réseau d’épidémiosurveillance franco-italien des zoonoses (Resfiz) et Virbac, le 15 mars dernier, proposait de dévoiler certaines faces cachées des leishmanioses.

Zoonoses présentes dans une centaine de pays sur quatre continents, les leishmanioses occasionnent environ deux millions de nouveaux cas humains dans le monde tous les ans. En France comme en Europe du Sud, la seule espèce présente est Leishmania infantum, commune à l’homme et au chien. Les 22 nouveaux cas humains annuels recensés dans l’Hexagone concernent essentiellement les jeunes enfants ou les adultes immunodéprimés, et ne constituent que la partie émergée de l’iceberg.

FORMES ET PRÉVALENCE

La leishmaniose humaine existe sous deux formes distinctes, viscérale ou cutanée. Celle-ci, polymorphe avec des guérisons spontanées, serait sous-diagnostiquée, ce qui porterait à 50 cas l’incidence annuelle. Chez le chien, il s’agit d’une maladie systémique, générale, dont l’expression clinique varie selon la race, le chien, son immunité ou la souche du parasite. Les leishmanies possèdent une aneuploïdie mosaïque dans laquelle les cellules disposent de chromosomes monosomiques, disomiques ou trisomiques en proportion variable, spécifique et stable pour chaque souche.

La prévalence nationale globale est d’environ 4,1 cas pour 1 000 chiens (de 1,3 à 9,7) d’après l’enquête réalisée par Patrick Bourdeau (Oniris) en 2011. 25 départements peuvent se considérer comme en zone d’enzootie1. Dans le cadre de la maladie canine, les recommandations des experts privilégient la prévention antiparasitaire2, et rappellent que le protocole de vaccination doit commencer au plus tard dix semaines avant l’introduction d’un animal dans la zone à risque.

TRANSMISSION, PORTEURS ET RÉSERVOIRS

Le portage asymptomatique est démontré, chez l’homme comme chez le chien. Le taux de porteurs sains varie selon la définition appliquée (certaines études associent les individus oligosymptomatiques aux asymtopatiques) et les moyens diagnostiques employés, et s’échelonne de 3 à 80 % chez le chien et de 0,6 à 71,3 % chez l’homme. Les chiens porteurs sains constituent un réservoir du parasite. C’est moins évident pour l’homme, bien que suspecté au Brésil.

Le parasite est présent chez d’autres mammifères que le chien et l’homme. Le renard et les autres canidés sauvages ne sont pas les seuls suspects. Un nouveau réservoir a été découvert en Espagne après une hausse de l’incidence humaine : le lièvre ibérique (Lepus granatensis), chez lequel la prévalence (déterminée par PCR) peut atteindre 41 % dans certaines zones. Sur l’île italienne de Montecristo (zone protégée sur laquelle il n’y a ni chien ni homme ou presque), la présence de leishmanies occasionnant la maladie chez les souris noires est assurée a priori par un seul phlébotome, P. mascittii, par ailleurs répandu en Europe, mais dont le rôle de vecteur reste à évaluer.

La contamination par transfusion est démontrée chez l’homme et possible chez le chien. Il est donc conseillé de tester les donneurs. D’autres cas de transmission non vectorielle sont suspectés : verticale (de la mère à ses produits), vénérienne, ou par contact direct entre chiens (morsure).

TABLEAU CLINIQUE, DIAGNOSTIC ET PRONOSTIC

Outre la forme clinique typique (troubles cutanés et muqueux, amaigrissement, signes oculaires, lymphoadénite), de nombreuses formes atypiques sont décrites, qui peuvent aller d’une simple fatigabilité à des troubles de la reproduction ou digestifs, des désordres cardiopulmonaires, voire des formes nerveuses. La cytologie, un acte relativement facile à pratiquer mais dont la lecture demande du temps et de l’expérience, ainsi que la sérologie quantitative, sont les examens à privilégier pour établir le diagnostic. La seconde est intéressante dans le suivi des animaux traités : si le titrage en anticorps diminue de deux titres après le traitement, c’est bon signe. À l’inverse, une augmentation du même ordre indique une rechute. Il est conseillé de se méfier des résultats de sérologie négatifs quand le tableau clinique est fortement évocateur de la leishmaniose. L’électrophorèse des protéines sériques est intéressante pour le diagnostic, surtout en présence d’une hyperprotéinémie associée à un ratio albumine/globuline très inférieur à 1 chez un chien dont l’état est fortement dégradé.

Le pronostic est difficile à évaluer. Une glomérulonéphrite est de mauvais augure et il convient de la traiter avant d’entamer le traitement spécifique. L’association Glucantime(r)-allopurinol est utilisée par 95 % des praticiens, qui ont aussi recours à deux autres protocoles.

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