Abattage rituel : les vétonautes disent oui à l’étourdissement - La Semaine Vétérinaire n° 1577 du 21/03/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1577 du 21/03/2014

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Auteur(s) : Marine Neveux

Les confrères adhèrent massivement à la position de John Blackwell, le président de l’Association britannique des vétérinaires. La lecture des multiples réactions recueillies à la suite de notre sondage en ligne sur la question de l’abattage rituel permet de constater qu’ils ne mâchent pas leurs mots. Ce sujet génère souvent de vives réactions et fait parfois, voire fréquemment, l’objet d’une récupération politique. La récente dépêche de l’AFP qui donne la parole à John Blackwell a suscité une effervescence médiatique. Ce dernier s’est prononcé début mars pour un encadrement plus strict de l’abattage rituel. Il estime, dans une interview au Times, que ces pratiques causent des souffrances inutiles aux animaux et qu’elles doivent être adoucies. Il propose d’interdire l’égorgement sans étourdissement préalable.

Les vétonautes qui ont participé au sondage sont pratiquement tous favorables à cette position ferme. « C’est un véritable scandale de tolérer cela en France, dénonce un confrère. Les vétérinaires, à de rares exceptions, sont bien discrets sur ce point, comme sur d’autres relatifs à l’animal d’élevage et de compagnie. » Président de l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs (OABA), Jean-Pierre Kieffer souligne régulièrement la nécessité de progresser sur le sujet de l’abattage rituel et sur son encadrement en termes de protection animale.

Entendu l’année dernière par la mission d’information du Sénat sur la filière “viande”, Michel Baussier, président du Conseil supérieur de l’Ordre, confiait à propos de la question de l’abattage rituel : « Je me pose, en tant que vétérinaire, la question du bien-être de l’animal (…). Pour moi, ce n’est pas une question de religion. » Un vétonaute témoigne en connaissance de cause : « J’ai travaillé dans un abattoir, en abattage rituel et avec étourdissement, et il apparaît clairement que la deuxième pratique occasionne une souffrance bien moindre à l’animal. Cela permet, de plus, de réaliser une meilleure saignée. »

Le contexte de cette annonce est d’autant plus sensible et actuel que le Danemark vient d’interdire l’abattage des bêtes sans étourdissement préalable. Le 18 février dernier, le site lemonde.fr expliquait : « Le Danemark a rendu obligatoire, à compter du 17 février, l’assommage des animaux préalable à leur abattage, afin de limiter la souffrance. Ce décret revient à interdire l’abattage rituel tel qu’il est pratiqué par les juifs et les musulmans. Leurs représentants ont protesté en chœur à la télévision danoise : atteinte à la liberté religieuse d’un côté, applaudissements de l’autre (…) » Conscient des risques de récupération, le ministre danois de l’Agriculture, Dan Jorgensen, précise que « l’abattage halal demeure légal au Danemark, tant que l’animal est d’abord assommé ». Face à de vives réactions, le gouvernement danois a rappelé au commissaire européen le règlement relatif à la protection des animaux lors de leur mise à mort : « Il existe bien une exception pour raison religieuse à l’obligation d’étourdissement préalable des animaux avant leur abattage, mais elle n’a pas à être impérativement appliquée par les États membres. » D’autres pays ont d’ailleurs déjà interdit l’absence d’étourdissement des bêtes dans leurs abattoirs.

Dans notre pays, un système dérogatoire existe également. La problématique soulevée de façon récurrente concerne, en outre, le nombre excessif d’animaux inclus dans la chaîne de l’abattage rituel et intégrés ensuite au circuit de la grande distribution sans distinction du mode de mise à mort, ni information du consommateur. Concernant ce dernier point et l’étiquetage, la France a toujours adopté une position frileuse, voire opposée à une transparence accrue.

« Pourquoi les lois d’abattage ne sont-elles pas appliquées sur notre territoire ?, interroge un praticien. C’est un scandale. » « Malheureusement, les hommes politiques déterminent les textes sans, dans le cas présent, être jamais allé sur le terrain et surtout (…) par peur de ne plus être réélus ! », considère une consœur.

Rien, dans les pratiques religieuses, « ne justifie ce mode de mise à mort de toute façon », poursuit un vétérinaire. « Il est temps que les différents cultes prennent en compte l’écologie et les notions d’éthique vis-à-vis de la nature en général, conclut un autre. Le respect de la vie animale est la marque d’une société évoluée. »

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