Que Choisir choisit le découplage

Alerte ! à un mois de l’examen du projet de loi d’avenir pour l’agriculture au Sénat, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir prend parti en faveur du découplage. Pourquoi ? Selon Que Choisir, parce que le « conflit d’intérêts des vétérinaires qui, tout à la fois, prescrivent et vendent les antibiotiques, n’incite pas à la modération ! ». Et son mensuel nous livre les résultats d’une enquête qui met en évidence la présence de colibacilles commensaux (non pathogènes) résistants dans la viande de poulet vendue dans les grandes surfaces ou les boucheries. Et revoilà l’éternel refrain sur l’intéressement des vétérinaires à vendre des médicaments au-delà du strict nécessaire dont les animaux ont besoin. Ce lien d’intérêt serait la cause de ces résistances dans la viande et potentiellement chez l’homme. Les couplets de la chanson sont connus, même s’ils sonnent faux ! Car il est désormais démontré qu’il n’y a aucun lien entre le couplage et la surconsommation d’antibiotiques, ni de corrélation entre le découplage et le faible recours à l’antibiothérapie. Menacés par le ministère de la Santé à l’automne dernier, les vétérinaires ont réussi à en convaincre le gouvernement, preuves à l’appui. Sans y être contraints, ils ont diminué en cinq ans leurs prescriptions d’antibiotiques de 34 % en durée d’exposition et de 40 % en volumes. Sans eux, ces baisses n’auraient pas été possibles. Mais à l’évidence, ils n’ont pas convaincu l’opinion publique, ni les influentes associations de consommateurs.

À court terme, le gouvernement a répété qu’il s’opposerait à toute proposition de découplage dans le projet de loi d’avenir en discussion. Il devrait donc être définitivement adopté d’ici à la fin juin sans, espérons-le, la mesure de découplage. Mais pour écarter cette menace à long terme, les vétérinaires devront également convaincre les consommateurs de la justesse de leurs positions, tant pour la santé animale que pour la santé publique. Rien n’est encore perdu. à l’évidence, c’est aussi loin d’être gagné…

• Voir aussi en pages 14-16 de ce numéro.