Le visage de la révolte récompensé aux Césars et produit par un confrère

S’inspirant d’une vieille chronique, le romantique allemand Heinrich von Kleist a écrit Michael Kohlhaas, un récit court, incisif, et l’un des plus grands textes sur l’idée de justice. Il raconte comment un prospère marchand de chevaux du xvi^e siècle, pieux et bon père de famille, est victime de l’abus de pouvoir d’un noblaillon qui, l’ayant forcé à laisser ses deux plus beaux chevaux en gage, les lui rend dans un état déplorable. Les prévôts restent sourds aux réclamations du marchand et sa femme y trouve la mort. Convaincu que son droit doit être reconnu, Kohlhaas lève une armée de croquants et met le pays à feu et à sang, faisant trembler le pouvoir en place. La justice triomphe tragiquement en lui rendant ses chevaux remis en état… tout en le condamnant à mort pour ses crimes.

Arnaud des Pallières transpose l’action dans les Cévennes et contourne les lourdeurs de la reconstitution historique en filmant l’action avec une économie efficace. Focalisé sur la dimension individuelle de la révolte, son film n’a pas la portée édifiante de la nouvelle. Les paysages balayés par le vent, leur lumière changeante, la beauté des visages et des chevaux fascinent néanmoins. Radical, le cinéaste n’aurait pu mener à bien son projet sans le soutien sans faille de son producteur attitré, notre confrère Serge Lalou (A 85), qui a pris d’énormes risques pour cette production. Le public a heureusement bien accueilli le film qui, par ailleurs, vient d’être récompensé par deux Césars (son et musique).

Michael Kohlhaas d’Arnaud des Pallières, d’après Michael Kohlhaas de Heinrich von Kleist, avec Mads Mikkelsen, Bruno Ganz, Denis Lavant, Mélusine Mayance, David Bennent, Sergi Lopez, 2013, 122 minutes, M6 Vidéo, sorti en DVD (19,99 €) et Blu-ray (24,99 €).