La consultation de médecine préventive en dentisterie

Les trois quarts des chiens âgés de plus de cinq ans souffrent de maladie parodontale. Ce n’est cependant pas une fatalité. Il appartient au praticien d’éduquer les propriétaires via la médecine préventive aux soins des dents de leur animal.

LA MALADIE PARODONTALE

Pour convaincre de l’intérêt des soins préventifs dentaires, il convient de bien connaître la maladie parodontale, ainsi que ses conséquences locales, loco-régionales (halitose, parodontite, destruction osseuse, atteinte nasale, etc.) et systémiques (problèmes cardiaques, infection et état inflammatoire chroniques responsables de troubles à distance). Elle est induite par la plaque dentaire, un biofilm bactérien qui se forme à la surface des dents en 24 à 48 heures, voire en 6 à 8 heures seulement lorsque celles-ci sont détartrées et polies. Cette plaque contient une flore diversifiée (aérobies et anaérobies) organisée dans une matrice de polymères d’origine microbienne et endogène. Elle est responsable de la gingivite, puis de la parodontite lors de la progression sous-gingivale. Régulièrement observé lors de parodontite chronique, le tartre correspond à la minéralisation de la plaque dentaire bactérienne, mais ne joue pas de rôle pathogène direct. Les dépôts supragingivaux sont prioritairement localisés en regard des sites excréteurs de salive et d’irrégularités de la surface.

Le traitement de la maladie parodontale comprend le détartrage supragingival, le débridement des poches sous-gingivales et le polissage dentaire. Il s’accompagne éventuellement d’extractions de dents et implique une hygiène bucco-dentaire rigoureuse (brossage).

LE BROSSAGE DES DENTS

Ainsi, dès la consultation vaccinale, il convient de mentionner les soins préventifs. Le brossage reste la base de l’hygiène bucco-dentaire. Réalisé deux à trois fois par jour, il permet d’éliminer 70 % environ de la plaque dentaire. Selon plusieurs études, seul un brossage effectué trois fois par semaine au minimum permet de maintenir des gencives saines chez un jeune chien. Lors de gingivite, cet acte pratiqué quotidiennement est indispensable pour rétablir des gencives saines. Non seulement les poils de la brosse désorganisent mé­caniquement le biofilm bactérien qui s’étale sur la surface dentaire, mais ils pénètrent légèrement sous la gencive, où la plaque sous-gingivale s’accumule. La taille de la brosse doit être adaptée à celle de la gueule du chien et posséder des poils souples à ultrasouples. Les doigtiers ne sont pas intéressants, car ce sont les poils qui jouent le rôle mécanique.

LES PRODUITS D’HYGIÈNE BUCCO-DENTAIRE

→ Les dentifrices ou les gels dentaires sont efficaces, surtout s’ils sont associés au brossage. Même si aucune forme galénique actuelle n’est parfaite, l’utilisation d’un gel qui contient de la chlorhexidine, notamment en l’absence de brossage, est à privilégier. Une réduction de 40 à 50 % de l’accumulation de plaque dentaire peut être espérée.

→ Les poudres, les sprays et les solutions à diluer dans l’eau de boisson présentent l’inconvénient d’un bref temps de contact, donc une faible efficacité, mais l’avantage d’être un premier vecteur de dialogue avec les propriétaires.

→ Les lamelles à mâcher, utilisées régulièrement, et les croquettes spécifiques permettent de réduire de 20 à 30 % l’accumulation de plaque dentaire et de 50 % celle de tartre. Néanmoins, cette action mécanique bénéfique varie selon les produits et il importe de choisir ceux qui ont fait l’objet d’études. Les croquettes sont intéressantes pour les animaux chez lesquels le brossage des dents est impossible.

LES SOINS DENTAIRES

Lors de soins dentaires, le diagnostic et le traitement sont à valoriser. La rédaction d’une fiche permet de reprendre les conclusions de :

– l’examen général complet à la recherche des conséquences systémiques de la maladie parodontale ;

– l’examen bucco-dentaire afin de repérer les sites à risque ;

– l’examen réalisé sous anesthésie générale, au moyen d’une sonde parodontale et de radiographies dentaires, à la recherche d’une perte d’attache ou d’une perte osseuse. Le conférencier recommande de bien expliquer aux propriétaires qu’un examen exhaustif (clinique et radiographique) de la cavité buccale ne peut être réalisé que sous anesthésie. Le diagnostic et l’ampleur des soins à effectuer ne sont connus qu’à ce moment. Les frais engagés ne peuvent être précisés lors de la consultation. Par conséquent, il convient d’indiquer aux maîtres une large fourchette de tarifs et de les appeler une fois l’examen sous anesthésie réalisé. Il est également possible de procéder en deux étapes : la première consiste en une séance de diagnostic et de soins parodontaux de base à l’issue de laquelle une fiche dentaire détaillée est remise aux propriétaires ; la seconde est consacrée à la réalisation des soins les plus lourds.