Quels sont les faits marquants en hors sol sur 20 ans ? - La Semaine Vétérinaire n° 1575 du 07/03/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1575 du 07/03/2014

Entre nous

FORUM

Auteur(s) : Agnès Faessel

Un quotidien influencé par le médiatico-politique

Claire Lefort, praticienne avicole, groupe Triskalia à Saint-Avé (Morbihan).

Ces deux dernières décennies ont été régulièrement chahutées : interdiction des anabolisants chez le veau de boucherie, prohibition des farines animales dans l’alimentation, crise de la grippe aviaire, etc. À chaque fois, les mesures prises sont brutales, souvent techniquement infondées et inutilement coûteuses. Le politique l’emporte sur le scientifique, et le court terme sur le durable. J’ai le sentiment que l’élevage “industriel” est une cible facile. Nous assistons aussi à la mise en avant de défaillances à l’impact finalement mineur, sans que les progrès ne soient jamais évoqués. Surtout, la médiatisation des événements a pris un tournant décisif, avec la recherche perpétuelle du sensationnel et du scandaleux, mais un manque d’analyse profonde des problématiques, à froid. Sur le terrain, la peur du scandale médiatique finit par diriger nos pratiques.

Ces manipulations de l’information aboutissent à une perte de confiance du grand public vis-à-vis des scientifiques. Et l’élevage pâtit d’une image faussée, injustement associée à des pratiques irrespectueuses des animaux. En réaction, les filières tentent de mieux communiquer. Mais l’exercice reste difficile, tant l’interprétation des discours est redoutée. À mon sens, tout n’est pourtant qu’une question de référentiel. Celui du consommateur diffère “sensiblement” du nôtre, et il nous appartient de mieux l’intégrer.

Des éleveurs à l’écoutedes bonnes pratiques

Mireille Mausservey, praticienne porcine, Selvet Conseil Loudéac (Côtes-d’Armor), groupe Chêne Vert Conseil.

J’ai le sentiment de délivrer les mêmes conseils depuis 20 ans, mais face à des éleveurs désormais réceptifs. Auparavant, ils travaillaient dans une optique de productivité, poussant au maximum les effectifs. Le modèle a atteint ses limites. La gestion de la santé et du bien-être des animaux est enfin considérée aujourd’hui comme un facteur clé de la réussite de l’élevage. La réglementation a sans doute aussi accéléré le processus. La filière étant prête, l’exercice vétérinaire peut évoluer vers le conseil, et moins vers la vente de médicaments. Le bon accueil que réservent les éleveurs à la consigne de réduire le recours aux antibiotiques illustre le virage amorcé. Leur usage préventif et métaphylaxique sort progressivement du paysage pour les (re) considérer comme des outils purement thérapeutiques.

Deux maladies virales, le syndrome dysgénésique et respiratoire porcin (SDRP) et la circovirose de type 2, ont également marqué ces dernières années. Démunis d’abord de moyens diagnostiques et vaccinaux, tous les intervenants en exploitation (les éleveurs et leurs multiples conseillers) ont réappris la place essentielle des conditions sanitaires d’élevage.

De retour en cabinet, je constate par ailleurs à quel point l’exercice vétérinaire est devenu procédurier. Bien ou mal, ces tâches administratives empiètent sur le temps passé à exercer notre métier.

D’une production de masse à une production de qualité

Samuel Boucher, président de l’Association des vétérinaires cunicoles de France, membre de la commission cunicole de la SNGTV.

Lorsque j’ai commencé mon activité, il y a un peu plus de 20 ans, un Français consommait 2,8 kg de viande de lapin par an. Il en mange actuellement moins de 1 kg. À l’époque, les médicaments étaient utilisés sans temps d’attente (défini en 1990). L’octroi d’une AMM pour le lapin s’obtenait parfois sans que le dossier comporte une seule étude sur cette espèce (assimilée à la volaille). Tout restait à bâtir dans cette jeune filière, créée en 1970 et rationalisée dans les années 80. Les consignes étaient de « nourrir les masses », en cherchant à produire de la viande.

À mes débuts, nous concevions chaque jour de nouvelles techniques, de nouveaux protocoles, avec une totale confiance des éleveurs. L’inventivité était de mise et sans frein réglementaire.

Sur 20 ans, les dominantes pathologiques ont fortement évolué. Depuis plusieurs années, la filière s’est dotée de systèmes d’assurance qualité. Elle parle aussi – et c’est tant mieux – de bien-être animal, de réduction de l’usage des antibiotiques, de visites annuelles, de guide des bonnes pratiques, etc.

Légaliste dans l’âme, je pense que le législateur a beaucoup fait progresser l’encadrement de la prescription, au bénéfice du consommateur et de la préservation des antibiotiques. Mais je déplore le peu d’adaptation des lois aux espèces mineures sur le terrain, qui mène à des aberrations.

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