L’ÉCOLE VÉTÉRINAIRE DE BOLOGNE, L’UNE DES MEILLEURES D’ITALIE - La Semaine Vétérinaire n° 1574 du 28/02/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1574 du 28/02/2014

Reportage

Auteur(s) : Jeanne-Alice Rault

Une fois admis à l’école vétérinaire de Bologne, les étudiants ont devant eux cinq ans d’études au minimum, essentiellement théoriques. Les Italiens peuvent repasser chaque matière autant de fois qu’ils le veulent, et certains ne valident même celles de première année qu’à la fin de leur cursus.

Bologna la rossa, la grassa, la dotta ». Bologne la rouge, la grasse, la savante. Ce dernier qualificatif, la ville le doit à son université Alma Mater Studiorum, la plus vieille du monde occidental (1088). C’est aussi la meilleure d’Italie, et la première destination des étudiants Erasmus. Jusqu’à 2012, et avant l’application de la loi sur la réorganisation des universités, l’université de Bologne comptait 23 facultés. Désormais, elle est divisée en 33 départements et 11 écoles, dont celle d’agronomie et de médecine vétérinaire.

En 2012, l’école vétérinaire de Bologne s’est classée troisième sur les 14 que compte l’Italie, derrière les écoles de Padoue et Turin, selon des critères incluant la productivité, l’enseignement, la recherche et les rapports internationaux. En outre, elle est la première du pays à être reconnue conforme aux standards établis par l’European Association of Establishments for Veterinary Education (EAEVE), l’institution chargée du contrôle de la qualité de la formation vétérinaire au niveau communautaire.

Une école d’agronomie et de médecine vétérinaire

L’école d’agronomie et de médecine vétérinaire regroupe trois départements : les sciences agraires, l’agro-alimentaire et les sciences médicales vétérinaires. Le champ de la médecine vétérinaire s’étend à la filière agro-alimentaire, avec de nombreuses disciplines telles que les sciences médicales appliquées aux animaux de production, de compagnie et d’expérimentation, la santé publique et la sécurité sanitaire des aliments.

L’école s’enorgueillit d’importantes structures didactiques et expérimentales, comme son hôpital qui héberge un centre de premiers secours, des salles de consultation, de chirurgie, etc. Un abattoir, installé dans l’enceinte de l’école, sert à l’apprentissage des phases d’abattage, des méthodes de contrôle pour la sécurité sanitaire des aliments, des pratiques en matière de traçabilité et de certification des produits, mais aussi de désinfection des structures et du matériel utilisé. Une vingtaine de bovins sont abattus tous les vendredis, sous les yeux des étudiants italiens en stage d’inspection alimentaire. Un des découpeurs est même un ancien élève de l’école, qui n’a pas trouvé de place sur le marché du travail italien.

Un autre service phare de l’école est son service de périnatalogie équine qui accueille les juments pendant la saison de poulinage. Dès la première année, les élèves volontaires y alternent les gardes, sur un rythme bimensuel.

L’école accueille aussi un musée d’anatomie des animaux domestiques et un autre d’anatomie pathologique.

À 1 km de l’école, l’étable accueille en moyenne 145 prim’holstein. Le lait de ces vaches est vendu à la Granarolo, l’une des principales laiteries italiennes. Voisine de l’étable, la fromagerie, inaugurée en 2008, permet la transformation du lait de buflonne en fromages italiens typiques (mozzarella, scamorza, burrata), puis leur vente au public. La fromagerie est un lieu de visite privilégiée pour échanger sur les méthodes HACCP pendant les cours d’inspection alimentaire.

Un cursus bien difficile à finir en cinq ans

Les étudiants italiens peuvent intégrer l’école vétérinaire à l’issue du lycée et de l’“examen de maturité” (équivalent du baccalauréat) et après un concours portant sur un large panel de sujets. En Italie, le type de lycée choisi (classique, scientifique, linguistique, artistique/musical) n’a pas d’importance pour passer cet examen, ce qui assure une grande diversité des profils. Les questions, 80 en deux heures, sont divisées en quatre thèmes : logique et culture générale, biologie, chimie, physique et mathématique. Le QCM est national et se passe au même moment dans chaque école. Les candidats retenus intègrent l’école où ils ont passé le concours. Cependant, à Bologne, Parme, Milan et Padoue, le concours est commun et les étudiants choisissent alors leur école selon leur classement.

Une fois admis (100 étudiants par an à Bologne), le cursus est de cinq ans d’études au minimum, essentiellement théoriques. Les élèves italiens peuvent repasser chaque matière autant de fois qu’ils le veulent, et certains ne valident leurs matières de première année qu’à la fin de leur cursus. Le nombre de fuori corso, ces étudiants qui restent à l’école plusieurs années après la fin théorique de leurs cours pour finir de valider toutes les matières, est élevé et tourne autour de 40 %.

La formation compte aussi six mois de stage dans les différents services de l’école lors du dernier semestre d’enseignement. Ainsi, chaque étudiant doit passer un mois en chirurgie, en médecine, en obstétrique, en pathologie aviaire, en inspection alimentaire et enfin en zootechnie. Ce dernier stage se déroule dans l’étable de l’école où les productions aviaire, porcine, cunicole et aquacole sont également étudiées. À la différence de la France, la cinquième année n’est pas celle de la spécialisation.

Un marché du travail encombré

Les Italiens obtiennent leur diplôme après la validation de tous leurs examens et la présentation de leur thèse (préparée le plus souvent en dernière année). Pour pouvoir exercer, ils doivent ensuite passer un examen d’État comprenant des épreuves orales et pratiques sur la médecine des carnivores domestiques et des animaux de rente, la chirurgie, l’obstétrique, la zootechnie et l’inspection alimentaire. Si la note maximale est obtenue (110 ou 110 avec félicitations), elle apparaît sur le diplôme. Cette note, qui regroupe la moyenne de tous les examens du cursus et celle de la thèse, est importante car elle est prise en compte lorsque les Italiens veulent travailler pour l’État. Certains étudiants vont jusqu’à refuser une note qu’ils jugent trop basse, afin de repasser les examens en espérant obtenir un meilleur score. Ce système, où les examens se repassent tous les mois et autant de fois que l’élève le souhaite, à n’importe quel moment du cursus, est difficile à assimiler par les étudiants Erasmus, et même par les Français venus passer leur diplôme en Italie.

Malheureusement, une fois diplômés, la plupart des Italiens ne trouvent pas de travail immédiatement, ce qui les encourage à tenter le concours pour entrer dans les aziendas sanitarias locales, les organismes responsables de la sécurité sanitaire. C’est pour eux la garantie de trouver un emploi et un meilleur salaire. Pour ceux qui tentent la carrière libérale, le manque de formation pratique et le nombre réduit de postes disponibles les obligent à chercher une clinique vétérinaire où ils seront en apprentissage, avec pour perspective six mois à un an sans salaire. Beaucoup d’étudiants choisissent de continuer le cursus pour préparer un doctorat, ou signent un contrat avec l’école et obtiennent une bourse pour rester une année, voire plus, dans l’un des services cliniques.

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