Journées de la recherche porcine
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SANTÉ ANIMALE
Auteur(s) : Lorenza Richard*, Nathalie Devos**
Les motifs de la mise en place d’un traitement antibiotique, les dépenses de santé en élevage, l’hépatite E ou encore les virus grippaux étaient au menu des JRP 2014.
Cette année, cinq grandes communications et neuf présentations orales de posters ont agrémenté la session “santé” des 46es journées de la recherche porcine (JRP), les 4 et 5 février derniers à Paris. Notre consœur Anne Hémonic (Ifip, Le Rheu) a présenté les résultats de la première analyse des motifs d’utilisation des antibiotiques chez le porc. Cette étude, fondée sur le panel Inaporc constitué de 169 élevages représentatifs des exploitations françaises, constitue une aide au ciblage de la réduction de l’usage des antibiotiques.
En 2010, chez les truies, les deux motifs de traitement qui prédominent sont les affections urogénitales (71 % des élevages, représentant la majorité des traitements antibiotiques utilisés) et les maladies systémiques (53 % des élevages).
Pour les porcelets sous la mère, les motifs digestifs et locomoteurs arrivent en tête (respectivement 68 et 58 % d’élevages concernés).
Chez les porcs en postsevrage et en engraissement, les maladies digestives et respiratoires affectent le plus grand nombre d’élevages et sont responsables de près de 80 % des quantités d’antibiotiques utilisés pour ces catégories d’animaux. En revanche, chez ces porcs, l’importance des deux troubles est inversée : digestifs en postsevrage et respiratoires en engraissement. En postsevrage, les motifs systémiques et locomoteurs sont également fréquents (34 % et 29 % des élevages), mais ne représentent que 8 % et 2 % des quantités d’antibiotiques utilisés. En engraissement, les troubles locomoteurs concernent 36 % des exploitations (2 % des quantités d‘antibiotiques).
Cette étude montre par ailleurs que les molécules critiques (céphalosporines de troisième et quatrième générations, fluoroquinolones) sont utilisées dans une minorité d’élevages, et particulièrement pour les principales maladies identifiées chez les truies et les porcelets en maternité. Toutefois, leur usage reste inférieur à celui des antibiotiques préconisés en première intention.
Isabelle Corrégé (Ifip, Le Rheu) a présenté l’évolution des dépenses de santé des élevages porcins (naisseurs-engraisseurs, n > 1475 élevages et postsevreurs-engraisseurs, n > 349), analysée à partir de la base de gestion technico-économique (GTE). Les produits de conduite d’élevage et les vaccins (dépenses préventives), de même que les supplémentations par voie orale, les antibiotiques et les anti-inflammatoires injectables (dépenses curatives) y sont étudiés.
L’analyse des données révèle qu’entre 2002 et 2012, chez les élevages naisseurs-engraisseurs, les dépenses curatives ont diminué de 40 % (- 39 % pour les supplémentations par voie orale et - 40 % pour les antibiotiques et anti-inflammatoires injectables). Les dépenses préventives ont aussi baissé de 7 % au global, mais la part des vaccins augmente (+ 6 % versus - 27 % pour les produits de conduite d’élevage). Pour les postsevreurs-engraisseurs, les dépenses curatives régressent également, de 50 % (- 46 % de supplémentations par voie orale et - 62 % pour les antibiotiques et anti-inflammatoires). Les dépenses préventives (notamment les vaccins) restent stables.
La filière porcine est ainsi sur la bonne voie pour atteindre l’objectif de 25 % de réduction des antibiotiques en cinq ans, selon notre consœur.
Notre confrère Nicolas Rose, (Anses de Ploufragan) a souligné la hausse importante en France du nombre de cas humains d’hépatite E (parfois mortelle), qui s’expliquerait notamment par de meilleurs diagnostics (249 cas en 2011 versus 9 en 2002). Ces dernières années, près de 300 cas par an ont été recensés en France et 39 % d’entre eux seraient dus à la consommation de charcuterie crue ou peu cuite préparée à partir de foie de porc cru.
Or une étude met en évidence une prévalence élevée du virus de l’hépatite E (VHE) dans les exploitations porcines. Sur 186 élevages tirés au sort (6 565 animaux), 65 % se sont révélés séropositifs, et la prévalence du VHE dans les foies de ces porcs à l’abattoir est de 4 %. La transmission au porc de ce virus est conditionnée par un réservoir environnemental, d’où l’importance des mesures zootechniques et de biosécurité.
Nicolas Rose a aussi explicité pourquoi les circonstances d’infection des porcs par les virus grippaux diffèrent selon le sous-type viral en cause. Les résultats sont issus d’une enquête menée dans 125 élevages du grand ouest de la France. Ainsi, parmi les facteurs significativement associés à l’infection par le virus A/H1N1, il y a les cases de grande taille en postsevrage et les températures de chauffage et de ventilation basses, respectivement en maternité et en engraissement. La probabilité d’infection d’un élevage par le virus A/H1N2 est augmentée par une durée de vide sanitaire courte en maternité, une faible surface par porc en postsevrage, ou encore une salle de grande taille en engraissement.
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