Enquête sur des cas d’intoxication aux huiles essentielles chez les carnivores domestiques - La Semaine Vétérinaire n° 1571 du 07/02/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1571 du 07/02/2014

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Clara Soggia

Une thèse1 récemment soutenue à Oniris (Nantes) au sujet de l’automédication rappelle les dangers de l’utilisation de produits antipuces à base d’huiles essentielles, notamment chez le chat. Afin d’explorer l’automédication des animaux de compagnie en France, trois enquêtes ont été réalisées. La première auprès des propriétaires, la deuxième auprès des pharmaciens et la troisième au Centre antipoison animal et environnemental de l’Ouest (Capae-Ouest), situé à Oniris. Cette dernière a été conçue pour déterminer si l’automédication avait des répercussions en termes d’intoxication sur la santé des animaux.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

130 intoxications liées à l’automédication sont recensées sur quatre ans (de 2009 à 2012) au Capae-Ouest. Les cas comptabilisés concernent des animaux auxquels les propriétaires ont délibérément administré un médicament sans visite vétérinaire préalable, avec ou sans conseil du pharmacien.

Comme le mot clé “automédication” n’existe pas dans la base de données, une recherche par toxiques susceptibles de provoquer des intoxications est réalisée.

En ce qui concerne les thérapies alternatives, les toxiques “huiles essentielles”, “géraniol”, “margosier” et “margosa” sont recherchés, puis les fiches concernées sont consultées. Les données récoltées rassemblent les symptômes qui ont poussé à l’automédication, les produits utilisés, les effets provoqués et l’espèce concernée.

RÉSULTATS

Les quatre premières causes d’intoxication à la suite de l’automédication sont, par ordre d’importance : les huiles essentielles (ou un de leurs composés majoritaires), le paracétamol, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et la tétraméthrine. Ces quatre catégories constituent plus de 80 % des intoxications recensées.

Les pipettes qui contiennent du géraniol sont les plus incriminées, car ce composé “d’origine naturelle” est présent dans de nombreuses huiles essentielles (rose, palmarosa, géranium, citron, citronnelle). L’huile de margosier est aussi souvent retrouvée dans les produits utilisés. De manière plus anecdotique, des huiles essentielles de patchouli, d’arbre à thé et de baume du tigre sont administrées. Le chat est la principale espèce touchée, avec 32 intoxications sur 41. En raison du manque d’informations connues et/ou de données par les appelants, aucune statistique sur l’âge des animaux n’a pu être réalisée. Les appels proviennent de six particuliers et de 35 vétérinaires.

La plupart des intoxications aux huiles essentielles provoquent des signes généraux, digestifs ou neurologiques (voir tableau). Les symptômes les plus cités sont une apathie, des vomissements, des tremblements, une anorexie et une ataxie qui représentent plus de 50 % des occurrences.

DISCUSSION

Notons que l’efficacité des huiles essentielles n’est pas prouvée dans la prévention des ectoparasitoses chez les animaux domestiques. Même si les symptômes répertoriés ne sont pas toujours graves, ils justifient un contact avec un vétérinaire, ce qui n’est pas négligeable pour comprendre l’inquiétude des propriétaires face à ce type d’intoxication.

L’espèce féline est la plus concernée, ce qui peut s’expliquer par la fréquence du toilettage et par un déficit en glucuronoconjugaison susceptible de participer au manque de détoxification de certains composants d’huiles essentielles.

Ces dernières ne sont pas soumises à une autorisation de mise sur le marché (AMM) et donc aux contrôles d’efficacité et d’innocuité. Leur vente n’est pas non plus contrôlée, car elle est le plus souvent réalisée en supermarchés.

Ces produits, certes naturels ou à base de composés naturels, sont très concentrés en principe actif et en vente libre.

Sans rejeter les thérapies alternatives, le vétérinaire se doit d’informer ses clients sur les risques potentiels d’utilisation de ce genre de produit et sur l’état actuel des connaissances scientifiques à ce sujet. Naturel ne signifie pas inoffensif, à l’image de la perméthrine issue des chrysanthèmes, mais qui provoque de graves intoxications chez le chat.

  • 1 Claire Soggia : « Automédication des chiens et des chats : enquêtes auprès des propriétaires, des pharmaciens et répercussions sur la santé des animaux », thèse de doctorat vétérinaire, Oniris, septembre 2013.

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