Formation
NAC
Auteur(s) : Lauriane Devaux*, Emmanuel Risi**
Fonctions :
*praticienne au CHV Frégis à Arcueil (Val-de-Marne)
**praticien au CHV Atlantia à Nantes (Loire-Atlantique)
– Le traitement des maladies qui provoquent une dilatation du proventricule est souvent long et frustrant, certaines affections étant par ailleurs incurables.
– Le traitement antibiotique et antifongique n’est pas à négliger, car les infections secondaires du proventricule sont fréquentes chez les psittacidés.
Un amazone à nuque d’or (Amazona auropalliata) mutation bleue, âgé de quatre mois et récemment importé d’un élevage d’Afrique centrale, est présenté pour apathie et troubles nerveux. Il vit dans un élevage professionnel avec différentes espèces de perroquets d’agrément, mais n’a encore eu aucun contact avec les autres oiseaux. Le propriétaire rapporte qu’il a transité par deux autres pays avant de rejoindre la France.
Depuis son arrivée, la semaine précédente, l’oiseau est apathique, ses yeux sont mi-clos et son appétit diminue progressivement. Depuis quelques jours, il présente également des tremblements incontrôlés lorsqu’il est immobile, des pertes d’équilibre et une incoordination motrice des ailes et des pattes lors de ses déplacements. Hormis ces signes, l’examen clinique ne révèle aucune autre anomalie.
Face à ce tableau clinique en faveur d’une atteinte du système nerveux central localisée à l’encéphale, diverses hypothèses sont envisagées. Le propriétaire ne rapporte aucun traumatisme ni aucune chute avant l’apparition des symptômes. Les pistes infectieuses, toxicologiques et métaboliques sont alors explorées. Une anesthésie flash à l’isoflurane permet de réaliser une prise de sang en vue d’une analyse biochimique, d’une numération-formule, d’une sérologie bornavirus, sans oublier l’analyse toxicologique (plomb, zinc). Une radiographie du corps entier, face et profil, vise à rechercher d’éventuels éléments métalliques ingérés et d’observer la taille du proventicule. Cet examen met en évidence une dilatation anormale du proventicule, confirmée par un transit baryté, compatible avec une proventriculite bactérienne, fongique ou virale, ou avec une dilatation d’origine neurologique ou toxique. La biochimie sanguine met en évidence une légère hypoalbuminémie et la numération-formule sanguine reste dans les normes, avec cependant un léger déplacement de la formule vers une augmentation en lymphocytes, sans lymphocytose nette, qui peut être en faveur d’une stimulation antigénique chronique (notamment virale).
Aucun traitement n’est mis en place avant les conclusions des autres analyses. Si la toxicologie est négative, la sérologie bornavirus revient positive. Ce résultat, en corrélation avec le tableau clinique, est en faveur d’une maladie de dilatation du proventricule (PDD). Le propriétaire refuse les traitements (palliatifs) et aucune suite n’est donnée à ce cas.
Les affections du proventricule sont variées et fréquemment rapportées dans la littérature, même si leur prévalence est mal connue.
L’estomac des oiseaux est divisé en deux parties : une glandulaire, le proventricule, chargé de la digestion chimique des aliments, et une musculaire, le ventricule (ou gésier), responsable de la digestion mécanique.
Les régurgitations, les vomissements, la présence d’éléments non digérés dans les fientes, ainsi que l’amaigrissement, font partie du tableau clinique associé aux affections du proventricule et du ventricule. De nombreuses maladies touchent à la fois les deux parties de l’estomac des oiseaux (voir tableau), mais quelques-unes n’affectent que l’un des deux organes. L’historique de l’animal et les signes cliniques associés permettent d’orienter le clinicien vers l’une des catégories. Ainsi, lors d’une intoxication aux métaux lourds (plomb, zinc) ou dans certains cas de maladie de dilatation du proventricule, il est possible d’être confronté à des signes nerveux centraux et/ou périphériques (tremblements, incoordination, parésie).
→ Radiographie
L’examen clinique doit être systématiquement complété par une radiographie du corps entier (face et profil) et, lorsque c’est possible, par une coproscopie et une analyse du liquide ingluvial. Ces deux derniers examens ont pour objectif la recherche de parasites digestifs et d’éventuelles infections bactérienne ou fongique du jabot. Le proventricule est un organe fusiforme, situé à gauche de la portion moyenne de la cavité cœlomique. Sur une radiographie en vue latérale, il est visible caudo-dorsalement à la silhouette cardio-hépatique. Les affections de cet organe entraînent le plus souvent un élargissement de son diamètre par dilatation ou par hypertrophie.
Une étude récente réalisée chez les psittacidés (S.E. Dennison et coll., 2008) rapporte une méthode permettant d’évaluer objectivement la taille du proventricule. Les mesures sont effectuées sur une radiographie de profil où l’oiseau est positionné sur la plaque la tête vers la gauche et incliné selon un angle de 30° à 45°. La mesure de la plus grande hauteur du bréchet perpendiculaire à la droite qui passe par les coracoïdes est retenue. Puis, le diamètre du proventricule est mesuré par le segment vertical à l’aplomb de la jonction entre la dernière vertèbre thoracique et le synsacrum. Un ratio entre la mesure du proventricule et celle du bréchet supérieur à 0,48 indique un élargissement du proventricule. En cas de doute sur les limites de la paroi de ce dernier, du produit de contraste (20 ml/kg de baryte) peut être administré.
→ Autres examens complémentaires
Lorsqu’une dilatation du proventricule est objectivée, les examens complémentaires peuvent être complétés par des examens de sang (plombémie, zincémie, PCR bornavirus, numération-formule sanguine) et, éventuellement, par une fibroscopie digestive. À la faveur de l’endoscopie, un lavage du proventricule peut servir à une analyse cytologique en vue de rechercher des bactéries (clostridies, entérobactéries, mégabactéries) et des levures (Candida). Hormis la mégabactériose, ces infections sont souvent secondaires à d’autres conditions qui affaiblissent les défenses locales (maladie concomitante, malnutrition, hypovitaminose A, mauvaise hygiène). Des examens plus invasifs, tels que des biopsies de muqueuse ou de paroi du proventricule pour l’analyse histologique, sont possibles, mais rarement réalisés ante mortem. Dans le cas particulier du diagnostic de la PDD, l’échantillon de paroi est prélevé au niveau d’une triade veine/nerfs/artère. Les lésions d’infiltration lymphoplasmocytaire provoquées par l’agent infectieux incriminé (bornavirus) sont en effet localisées au niveau des nerfs.
Si les examens complémentaires ne permettent pas d’établir un diagnostic de certitude quant à la dilatation du proventricule, un traitement large doit être mis en place, en attendant les résultats des diverses analyses. Il comprend un traitement antibiotique et antifongique et inclut les traitements spécifiques des maladies du proventricule les plus fréquentes.
→ Intoxication aux métaux lourds : calcium EDTA à 40 mg/kg deux fois par jour, idéalement par voie intramusculaire pendant cinq jours, puis un relais per os pendant un mois. Les effets du traitement sont rapides et une amélioration nette de l’état général est observée au cours des premières 24 heures.
→ PDD : célécoxib à 10 mg/kg/j per os pendant toute la vie de l’animal. Ce traitement ne permet pas de le guérir, mais diminue l’inflammation des nerfs, retardant ainsi l’expression des symptômes. À terme, une fois les signes cliniques déclarés, la maladie est systématiquement fatale.
→ Psittacines beak and feather disease (PBFD) : aucun traitement n’est disponible. Une fois les premiers symptômes déclarés, la maladie est systématiquement fatale.
Selon les résultats des analyses, les traitements sont poursuivis ou arrêtés.
Dans le cas où l’état général est fortement dégradé, une hospitalisation et un traitement de soutien sont requis. L’alimentation mise à la disposition de l’animal doit être de valeur énergétique élevée et facilement digestible. L’idéal est de proposer un aliment liquide (bouillie de réalimentation) laissé en libre-service ou distribué à la faveur d’un gavage.
Certains cas peuvent requérir une intervention chirurgicale (corps étranger, métallique ou non, impaction). Cependant, en raison de la complexité de la proventriculotomie, des méthodes moins invasives sont à privilégier en premier lieu, comme le retrait sous endoscopie ou l’utilisation d’un aimant pour les corps étrangers métalliques.
Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire