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Auteur(s) : Marine Neveux
Les contrôles en radioprotection se poursuivent dans les cliniques. Le bilan est plutôt positif pour les praticiens équins, mais des points de vigilance demeurent au niveau des contraintes administratives.
Les contrôles visant le respect des règles de radioprotection dans les cliniques vétérinaires sont toujours en cours, comme l’a rappelé notre consœur Catherine Roy, membre du conseil d’administration de la Société française de radioprotection (SFRP) et experte de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), lors de la dernière assemblée générale de l’Association vétérinaire équine française (Avef)1. Au bilan, à la fin de l’année 2013, sur un total d’environ 6 000 cliniques, 2 800 étaient immatriculées auprès de l’ASN. Il en manque donc beaucoup… De même, 300 autorisations ont été délivrées pour des structures équines, « c’est donc fort peu », poursuit Catherine Roy.
Globalement, si la profession vétérinaire respecte les enjeux de la radioprotection, des points faibles persistent au niveau du respect de la législation, notamment la gestion administrative des dossiers d’autorisation de détention et d’utilisation d’un générateur de rayons X.
Jérôme Fradin et Frédéric Premier (direction ASN centrale transport et sources) ont présenté les résultats de la campagne nationale d’inspection dans le secteur équin mobile. « Fin 2012, nous avions contrôlé 47 structures équines. » Au bilan, 45 % n’étaient pas en règle et n’avaient engagé aucune démarche, 36 % n’étaient pas régularisées mais avaient initié une démarche, et 19 % étaient en possession d’une autorisation valable. « La situation administrative est insuffisante. Pour autant, nous avons observé de bonnes choses dans les pratiques, poursuit le représentant de l’ASN. Ainsi, 85 % des cliniques disposent d’une personne compétente en radioprotection (PCR) interne, la PCR externe n’étant pas autorisée en pratique équine sous le régime de l’autorisation. »
La formation à la radioprotection est également bien suivie (62 %), les contrôles externes plutôt bien réalisés (51 % avec la périodicité réglementaire annuelle requise, 30 % avec une périodicité décalée), mais les contrôles internes ne sont pas effectués dans 52 % des cas. Autres points positifs : le suivi par dosimétrie passive (80 %) et une application massive des équipements individuels (87 %). En outre, 82 % des structures réalisent les diagnostics majoritairement dans les boxes. La mise en place de la zone d’opération est respectée dans 53 % des cas. Dans la moitié des cliniques, les consignes de sécurité sont bien définies et mises en œuvre.
Au niveau de l’optimisation de l’emplacement de la zone d’opération au voisinage de l’animal radiographié et de l’orientation du tir, les règles de sécurité sont respectées dans 97 % des structures. « La profession vétérinaire a adopté une vraie démarche d’optimisation de ses diagnostics radiologiques », estiment les inspecteurs. Spécificités de la pratique équine, les postes peuvent être occupés par des personnes extérieures : 53 % de ces dernières maintiennent l’animal et/ou le porte-cassette, équipées (à 100 % !) de protections plombées. Dans 58 % des cas, conformément à la réglementation, l’information est systématiquement délivrée à ces personnes extérieures, dans 17 % des cas partiellement.
En revanche, dans 72 % des structures, les évaluations prévisionnelles des doses susceptibles d’être reçues en zone d’opération ne sont pas réalisées ni confortées par des mesures et une traçabilité que l’équipement en dosimétrie opérationnelle permet : seules 21 % en sont équipées.
En conclusion, Jérôme Fradin estime que certaines bonnes pratiques sont à conserver et à promouvoir, comme les contrôles externes, la dosimétrie passive, le port des équipements de protection individuels, la démarche d’optimisation des diagnostics réalisés hors de l’établissement, la PCR interne, ainsi que la forte implication de la profession à l’échelle nationale.
En revanche, les points de vigilance portent sur la gestion administrative, les contrôles internes, la mise en place de la zone d’opération et de la dosimétrie opérationnelle, la radioprotection des personnes extérieures (palefreniers, etc.), l’application du principe de justification (diagnostic en extérieur lorsque les locaux spécialement dimensionnés sont disponibles, nouvelles pratiques telles que la radiologie interventionnelle et la radioprotection associée, multiplication des clichés dans le cadre des visites d’achat de chevaux). Des points qui devront faire l’objet d’une réflexion au sein de la profession.
Pour répondre en partie aux inquiétudes de l’ASN, une étude dosimétrique expérimentale a été menée par Catherine Roy, avec la collaboration de VetAgro Sup et en partenariat avec la société Wytek. Son objectif est d’analyser l’environnement dosimétrique d’un cheval lors de bilans radiographiques et de chirurgie interventionnelle (orthopédie ou cathétérisation des poches gutturales). Les résultats complets de l’étude seront présentés dans le cadre du congrès de l’International Radioprotection Association (Irpa) à Genève, en juin 2014. « Des télédosimètres ont été placés en situation de simulation des postes des acteurs impliqués dans de tels actes radiologiques. Les mesures sont compilées par un ordinateur avec un logiciel spécifique qui permet de mesurer le débit de dose et les doses intégrées pour chaque poste : cassette, générateur, tête, explique notre consœur. Comme la dose délivrée est proportionnelle au kV2 x mAs, ce sont bien les clichés avec kV et mAs élevés ou l’accumulation sur un temps court de multiples clichés qui sont pénalisants. »
Les résultats expérimentaux sont concordants avec ceux de l’étude dosimétrique menée sur le terrain en 2008 : pour un bilan d’une trentaine de clichés, 10 µSv pour le poste “générateur” et 20 µSv pour le poste “cassette” (dose reçue au-dessus du tablier, par exemple, pour le cristallin). « C’est important dans le cadre des nouvelles limites « cristallin » (20 mSv) demandées dans la directive2 qui fixe les normes de base relatives à la protection sanitaire contre les dangers résultant de l’exposition aux rayonnements ionisants », détaille Catherine Roy.
1 Voir aussi La Semaine Vétérinaire nos 1565 et 1568.
2 Directive 2013/59/Euratom du conseil du 5/12/2013, publiée le 17/1/2014 au Journal officiel de l’Union européenne.
> Formations spécifiques de PCR équine organisées en régions parisienne, toulousaine et aixoise en 2014, lyonnaise en 2015 (voir le site sapv.fr).
> Des documents spécifiques pour les praticiens équins (mise à jour 2014) sont disponibles pour gérer notamment les calculs dosimétriques prévisionnels des intervenants extérieurs avec un modèle de plan de prévention.
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