« La prévention passe par des mesures élémentaires » - La Semaine Vétérinaire n° 1570 du 31/01/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1570 du 31/01/2014

Lionel Schilliger, diplomate ECZM-Herpetology et ABVP Reptile and Amphibian Practice

Actu

SANTÉ PUBLIQUE

Auteur(s) : Valentine Chamard

Quel rôle préventif joue le vétérinaire vis-à-vis de la transmission de salmonelles via les reptiles ?

Quand un praticien reçoit un client terrariophile, il doit le mettre en garde contre ce danger potentiel de salmonellose constitué par la détention d’un reptile en captivité, en particulier à l’égard des très jeunes enfants et des personnes immunodéprimées susceptibles d’entrer en contact, direct ou indirect, avec ces animaux à leur domicile. Cela passe par quelques recommandations élémentaires :

> Ne pas laisser un reptile se promener en liberté dans une habitation (risques de souillures de l’environnement par les déjections).

> Se laver systématiquement les mains à l’eau chaude et au savon de Marseille (ou à l’aide d’un gel hydro-alcoolique) après avoir manipulé un reptile ou avoir touché un accessoire de son terrarium.

> Ne pas installer un terrarium ou un aquaterrarium dans une pièce de la maison destinée à la prise des repas ou au stockage des aliments.

> Désinfecter régulièrement le milieu de vie à l’eau de Javel, tout en portant des gants à usage unique (voire un masque de protection).

> Ne jamais nettoyer les éléments du terrarium dans l’évier où est lavée la vaisselle, dans le lavabo ou la baignoire de la salle de bains. Les eaux usées doivent être évacuées à l’extérieur.

> Ne pas manger, boire, préparer un biberon ou fumer pendant ce nettoyage.

> Ne jamais embrasser un reptile (en particulier une tortue dont les membres et la carapace sont souvent souillés de matières fécales).

> Déconseiller les manipulations aux jeunes enfants et aux sujets immunodéficients.

Avez-vous eu une expérience de contamination humaine dans votre clientèle ?

Depuis vingt ans que je traite des reptiles, aucun cas de salmonellose contractée par l’un de mes clients à leur contact n’a été porté à ma connaissance. En revanche, une auxiliaire en a été victime, après m’avoir assisté lors du débridement d’un abcès chez un boa constrictor.

Un dépistage chez les reptiles est-il pertinent ?

Il est admis qu’un dépistage systématique serait sans intérêt. En effet, Salmonella spp. est excrétée de manière intermittente dans les fèces, et la culture sur matières fécales est peu sensible (nombreux faux négatifs). Un reptile maintenu en captivité ne peut donc pas être déclaré exempt de salmonelles si la copro-culture est négative. De même, il serait illusoire de penser pouvoir “blanchir” les reptiles captifs. Un traitement antibiotique systématique et “à l’aveugle” serait inefficace et risquerait de favoriser le développement de souches multirésistantes chez l’homme.

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