Infection urinaire : recommandations d’un groupe d’experts internationaux - La Semaine Vétérinaire n° 1570 du 31/01/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1570 du 31/01/2014

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Philippe Zeltzman

Fonctions : diplomate ACVS, praticien à Orefield en Pennsylvanie (États-Unis)

Demandez à trois confrères comment ils traitent une infection urinaire, et il y a de fortes chances pour que vous entendiez trois réponses différentes. Un groupe de spécialistes1 s’est récemment penché sur cette question. Les spécialités représentées incluent l’infectiologie, la médecine interne, la microbiologie et la pharmacologie, à la fois en médecine humaine et vétérinaire. L’article est accessible sur Internet2.

INFECTION URINAIRE SIMPLE

Définition

Une infection urinaire simple est une infection bactérienne sporadique chez un animal en bonne santé et dont l’anatomie et la fonction urinaires sont normales par ailleurs. La présence d’affections concomitantes ou une infection à répétition en ferait une infection urinaire complexe ou récurrente.

Diagnostic

Les auteurs estiment que l’analyse du sédiment urinaire en elle-même n’est pas idéale pour diagnostiquer une infection urinaire. Ce n’est qu’une partie des examens complémentaires, en plus des symptômes, de l’analyse urinaire, de la concentration en glucose et de la mise en culture. Cette dernière devrait être réalisée dans tous les cas d’infection. Le meilleur moyen d’obtenir un échantillon est la cystocentèse. La pire méthode est le recueil par vidange manuelle.

Traitement

Dans l’attente des résultats de l’antibiogramme, il est important de commencer par un antibiotique au spectre le plus étroit possible. Les auteurs suggèrent un traitement à l’amoxicilline. Ce choix peut être modifié en fonction de la flore bactérienne locale.

« Il est généralement conseillé de traiter pendant 7 à 10 jours. Chez l’homme, le traitement est plus court. Il est possible qu’il en soit de même chez le chien et le chat, mais il y a peu de données objectives dans ce sens », explique Scott Weese, spécialiste en médecine interne et en maladies infectieuses à l’école vétérinaire de Guelph (Canada) et auteur principal de l’étude3.

Suivi

Pour savoir si l’animal est guéri, il convient d’observer les symptômes. « Rien ne prouve que des analyses d’urine ou des antibiogrammes soient bénéfiques pendant ou après le traitement lorsque les symptômes ont disparu. »

INFECTION URINAIRE COMPLEXE

Définition

Il s’agit d’une infection diagnostiquée en plus d’une anomalie anatomique ou fonctionnelle, ou d’une affection concomitante. Celles-ci incluent les calculs vésicaux, une vessie neurogène, une immunodéficience ou un diabète.

Si une infection récidive deux fois (pour un total de trois infections) en un an, elle est également dite complexe. Il existe trois cas de figure :

→ une rechute a lieu lorsqu’une infection se déclare dans les six mois suivant un traitement apparemment réussi, et qu’un antibiogramme indique la même bactérie. Il est alors logique de penser que les bactéries n’avaient pas été complètement éradiquées lors du premier traitement. Une récidive tend à se produire dans les premières semaines après l’infection initiale ;

→ une infection réfractaire est similaire au cas précédent, mais le deuxième antibiogramme indique une bactériurie bien que le choix de l’antibiotique ait été correctement choisi à la suite du premier antibiogramme ;

→ une réinfection a lieu lorsqu’une infection se déclare au cours des six mois qui suivent un traitement, alors que l’antibiogramme indique une bactérie différente. Une réinfection a tendance à se produire plusieurs mois après la première infection.

Diagnostic

Le processus est similaire à celui d’une infection simple, mais divers facteurs peuvent réduire les chances de guérison ou prédisposer l’animal à une récidive. Les auteurs conseillent donc de :

→ réaliser un examen général complet, y compris de la vulve et/ou du rectum ;

→ s’assurer que le client donne l’antibiotique correctement ;

→ réaliser une analyse sanguine, des tests de fonction endocrine, une analyse d’urine et/ou des tests d’imagerie ;

→ réaliser une culture de la paroi vésicale et d’un calcul lors d’urolithiase ;

→ envisager de référer l’animal à un spécialiste (interniste ou chirurgien).

Traitement

Dans la mesure du possible, il est prudent d’attendre le résultat de l’antibiogramme plutôt que de choisir un antibiotique de manière empirique. Si cela n’est pas possible, il est préconisé de suivre le protocole d’une infection simple, mais en choisissant un antibiotique d’une famille différente. L’article fournit un tableau avec des dosages médicamenteux.

Dans tous les cas, l’antibiotique est choisi en fonction du résultat de l’antibiogramme.

Concernant le temps de traitement, les informations disponibles ne sont pas claires sur ce sujet. Les auteurs estiment que traiter pendant un mois est raisonnable.

Suivi

Une semaine après le début du traitement, un antibiogramme peut être réalisé. Une semaine après la fin du traitement, un autre peut être demandé. Si l’un des deux est positif, il convient de réévaluer la situation ou de référer à un spécialiste. Des tests diagnostiques devraient être proposés, plutôt que de choisir un autre antibiotique de manière empirique.

L’article détaille également la conduite à tenir lors de bactériurie subclinique, de pyélonéphrite et d’infections multirésistantes.

  • 1 International Society for Companion Animal Infectious Diseases.

  • 2 www.hindawi.com/journals/vmi/2011/263768/

  • 3 Scott Weese et coll. « Antimicrobial use guidelines for treatment of urinary tract disease in dogs and cats : antimicrobial guidelines working group of the International Society for Companion Animal Infectious Diseases », Veterinary Medicine International 2011, article ID 263768.

QUID D’UNE ANTIBIOPROPHYLAXIE LORS DE CATHÉTÉRISME URINAIRE ?

Les auteurs partagent leur opinion sur les individus qui ont un cathéter urinaire. « Pour prévenir une infection urinaire, une antibioprophylaxie n’est jamais conseillée chez un animal qui porte un cathéter urinaire. Il n’y a aucune raison d’instituer une antibioprophylaxie routinière après le retrait d’un cathéter urinaire chez un animal qui ne présente aucune indication clinique ou cytologique d’une infection urinaire. »

En revanche, un animal qui a un cathéter urinaire et présente les symptômes d’une infection urinaire et/ou un antibiogramme positif et/ou une fièvre d’origine inconnue devrait être traité en fonction des résultats de l’analyse.

L’écouvillonnage ne devrait jamais être réalisé à l’extrémité du cathéter, à travers le cathéter ou sur l’urine issue du sac collecteur d’urine.

Le traitement a plus de chances de succès si le cathéter peut être retiré.

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