Programme Dierdonorcodicil aux Pays-Bas
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Auteur(s) : Bénédicte Iturria
Lors de la mort d’un animal de compagnie, son propriétaire, s’il réside dans la région d’Utrecht, se voit proposer, en plus des options classiques d’incinération individuelle ou collective, la possibilité de faire don du corps de son compagnon à la science.
L’idée de départ est d’épargner la vie d’un animal de laboratoire en lui substituant un animal de compagnie mort (chien, chat, mais aussi lapin, rat, cochon d’Inde ou furet). L’opération connaît d’ores et déjà un vif succès puisque l’offre dépasse la demande. Les 340 animaux nécessaires chaque année pour mener à bien les travaux pratiques en sciences biomédicales et vétérinaires de la faculté d’Utrecht ont été fournis par le programme Dierdonorcodicil. Nul besoin désormais pour l’université d’élever ou d’acheter des animaux de laboratoire pour cet usage.
Sous la supervision de personnels expérimentés du département de pathologie, d’anatomie et de physiologie, les étudiants vétérinaires peuvent ainsi apprendre l’anatomie. Au sein du département “animaux de compagnie”, ils s’exercent aux techniques chirurgicales et aux actes de dentisterie. Les élèves travaillent par groupe de quatre en moyenne sur un animal.
Ce projet n’aurait pas pu exister sans la collaboration des praticiens. À l’heure actuelle, 32 cliniques situées aux alentours de la faculté adhèrent au programme et jouent le rôle d’intermédiaire.
Lorsqu’un propriétaire se rend dans une structure participante avec un animal mort ou pour faire procéder à une euthanasie, le praticien lui propose de céder le corps de son animal. S’il accepte, il doit signer une déclaration préremplie autorisant la faculté à disposer du cadavre. Dans la déclaration, il est mentionné que le dispositif permet ainsi d’épargner la vie d’un animal de laboratoire. Après cet accord, le vétérinaire contacte la faculté. Comme l’association Proefdiervrij et l’université financent l’opération, aucun coût n’est imputé au propriétaire ou au vétérinaire. L’université se charge également du retrait et du transport de l’animal depuis la clinique, dans un rayon de 35 km. Au-delà de cette distance, le propriétaire doit réaliser lui-même l’acheminement du corps vers la faculté. Les animaux cédés doivent répondre à certaines exigences : peser moins de 23 kg, être exempts de malformations visibles extérieurement (notamment au niveau du thorax ou de l’abdomen) et ne présenter ni blessures ni abcès. Les corps, en général réfrigérés par le vétérinaire, sont congelés dès leur arrivée à la faculté. Pour les chats, le protocole diffère parfois. Certains sujets peuvent ainsi être embaumés afin d’être utilisés plusieurs fois. Dans ce cas, le praticien procède à l’injection de 2 ml d’héparine peu avant ou parallèlement à l’euthanasie. L’embaumement n’est possible que si :
– l’animal est acheminé dans les deux heures qui suivent sa mort ;
– il est âgé d’au moins six mois ;
– sa corpulence est normale ;
– l’euthanasie a été réalisée en raison de problèmes comportementaux, de boiteries, mais en aucun cas pour de graves problèmes de santé ou des lésions telles que des fractures.
Le programme Dierdonorcodicil est sur le point de se généraliser au niveau national. Proefdiervrij et l’université d’Utrecht ont conclu un partenariat avec sept autres établissements d’enseignement scientifique, dont l’université technique d’Eindhoven et les universités de sciences appliquées Inholland de Delft et Hogeschool d’Utrecht. L’objectif de l’association est, à plus ou moins long terme, de faire adhérer au projet l’ensemble des universités des Pays-Bas. Les vétérinaires néerlandais espèrent ainsi qu’un registre de donneurs, équivalent à celui de la médecine humaine, pourra être mis en place.
Selon Proefdiervrij, les universités américaines de Floride, de Pennsylvanie et du Wisconsin utilisent déjà un programme similaire et sont satisfaites de cette expérience, pour laquelle les médias américains ne tarissent pas d’éloges.
Dierdonorcodicil est une initiative qui mérite d’être saluée et qui ne peut que redonner espoir à nos petits compagnons beagles.
En 2010, l’agence néerlandaise de sécurité des denrées alimentaires et des produits de consommation (NVWA) a recensé un total de 19761 animaux utilisés à des fins expérimentales dans l’enseignement. Ce chiffre, en légère baisse par rapport à 2009, est toutefois presque deux fois plus important que celui relevé au début des années 2000. L’association Proefdiervrij (qui signifie “sans animal de laboratoire”1) encourage les scientifiques à utiliser des méthodes alternatives à l’expérimentation animale. C’est ainsi qu’est née, en avril 2010, l’initiative Dierdonorcodicil (dier pour animal, donorcodicil pour carte de donneur), en collaboration avec l’université d’Utrecht qui forme les futurs vétérinaires néerlandais.
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