Le pied nu chez les chevaux sauvages

L’effet “pieds nus” a également été étudié chez les chevaux sauvages américains. Pour aller plus loin dans l’observation des chevaux sauvages non ferrés, l’équipe du professeur Chris Pollitt (université de Queensland) a publié récemment une autre étude, relative à l’effet de l’environnement sur des effectifs d’équidés sauvages.

La nature du terrain où évoluent les chevaux a un impact sur leurs pieds. Ainsi, sur un sol dur et lors de déplacements de plus de 10 km par jour, la paroi devient courte et biseautée. La forme du pied “sauvage” est donc déterminée par la nature du terrain et la distance parcourue.

Sur un sol dur et lors de longs déplacements, le pied est symétrique, la paroi n’est pas du tout évasée et son épaississement dorsal est substantiel, la phalange distale est descendue, le podophyle épaissi. Selon notre consœur Virginie Coudry, ce sont des signes macroscopiques de fourbure. La sole périphérique doit supporter le poids du corps.

IMPACT DE L’ENVIRONNEMENT SUR LE PIED

L’étude de Chris Pollitt, menée sur 100 chevaux sauvages, recense pas moins de 377 anomalies. Certaines sont minimes, comme un déséquilibre latéro-médial, des seimes, des sillons dans la paroi, des talons étroits, une pince longue. Elles sont plus fréquentes chez les chevaux qui se déplacent sur un sol mou et sur de petites distances. D’autres anomalies sont plus importantes, avec un défaut d’alignement entre la 3^e phalange (P3) et la paroi, un épaississement dorsal de la paroi, un remodelage osseux de P3, une ossification marquée des cartilages ungulaires. Elles sont plus fréquentes chez les chevaux sauvages qui se déplacent sur un sol dur et sur de grandes distances.

67 % des chevaux qui se déplacent sur des terrains durs et effectuent de longs trajets développent une fourbure chronique, avec aussi une forte proportion (70 %) d’ossification des cartilages ungulaires, ce qui conforte l’hypothèse d’une composante traumatique. À l’opposé, les chevaux qui se déplacent sur un sol souple ne montrent aucun signe de fourbure. Donc, le pied typique des chevaux sauvages “brumbies” qui vivent sur les sols durs correspond au modèle de pied naturel. Il ne conviendrait pas forcément au cheval domestique. En effet, même si c’est un pied esthétiquement satisfaisant (court, symétrique, robuste), il expose en revanche la sole périphérique à supporter l’appui, par un biseau excessif de la paroi distale. En outre, les deux tiers des chevaux étudiés ont présenté des signes de fourbure. Néanmoins, au final, le nombre de sujets boiteux n’est pas si élevé.