La médecine vétérinaire à travers quelques époques - La Semaine Vétérinaire n° 1569 du 24/01/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1569 du 24/01/2014

Histoire

Actu

SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : Sophie Vigneron

La Société française d’histoire de la médecine et des sciences vétérinaires (SFHMSV)1 a présenté une traversée historique de la profession, du temps des Lumières à l’industrialisation des vaccins, en passant par la Première Guerre mondiale et la tradition du père Cent, à l’occasion d’une après-midi d’étude qui s’est déroulée le 16 novembre dernier, à l’ENV d’Alfort.

CLAUDE BOURGELAT ET LA FRANC-MAÇONNERIE

Hugues Plaideux, vétérinaire, vice-président de la Société d’archéologie et d’histoire de la Manche, a conduit son auditoire dans une enquête sur Claude Bourgelat et la franc-maçonnerie. Cette confrérie a rayonné dans les principales villes du royaume de France, au temps des Lumières (xviiie siècle). Lors de l’inventaire qui a suivi le décès de Claude Bourgelat, aucun indice ne laisse y supposer son appartenance. La piste débute avec un texte publié en 1885, qui fait état d’une correspondance où il est relaté qu’« en 1746, M. de Saint-Michel signale qu’il a été reçu à Lyon par le frère Bourgelat, dans une loge céleste convoquée pour lui. Devant lui, il avait fait la réception d’un frère, de deux maîtresses… ». L’hypothèse de l’appartenance à une société paramaçonnique à recrutement mixte, l’Ordre de la Félicité, est avancée, et semble vraisemblable. Cet ordre, qui empruntait des rituels de la franc-maçonnerie, mais s’ouvrait aux femmes, a connu son apogée dans les années 1745-1746 puis a rapidement décliné.

LA MÉDECINE VÉTÉRINAIRE PENDANT LA PREMIÈRE GUERRE

Un saut de deux siècles et l’auditoire est plongé dans la guerre de 1914-1918. « La morve est une maladie contagieuse de temps de guerre, due à Burkholderia mallei, qui a atteint les chevaux mais aussi les hommes », a rappelé Claude Milhaud, membre émérite de l’Académie vétérinaire de France et spécialiste reconnu de l’histoire des animaux dans les armées aux xixe et xxe siècles. En août 1914, les premiers cas de morve apparaissent. Ils sont dispersés dans la partie sud et sud-est du front. Les mesures sanitaires sont alors renforcées. En décembre 1914, la malléination intrapalpébrale et intradermique est adoptée. C’est une méthode sensible, rapide et répétable qui permet, en 1915, de maîtriser l’épizootie pour les armées. Il faudra attendre deux ans (1917) pour les lieux hors de la zone des armées, contaminés par les chevaux importés des Amériques. Au bilan, 200 000 chevaux meurent “victimes de la morve”. Ce chiffre est peu important par rapport aux pertes recensées pendant la guerre. Il représente seulement 1 % des effectifs mobilisés et 2,7 % des pertes par mort ou par abattage dues au conflit. Il y a donc bien eu plus de peur que de mal.

LA TRADITION DU PÈRE CENT

L’auditoire se projette ensuite au xxe siècle, avec la tradition du père Cent à l’école d’Alfort2, Julien Buquet (A 13) a présenté sa thèse à ce sujet. À cette époque, les “anciens”, étudiants de 4e année, fêtaient les cent jours qui les séparaient des derniers examens. Ce rite de passage marquait le début d’entrée dans la vie active, teinté d’une pincée de chagrin. « Pour eux, la fin des études représentait un coup de cafard formidable. L’école formait une communauté très solidaire. Une page d’insouciance se tournait », a expliqué le conférencier, en s’appuyant sur le témoignage d’André-Laurent Parodi. Ce jour-là, un défilé était organisé à Maisons-Alfort et à Charenton-le-Pont. Le chahut était toléré et apprécié par la population locale qui y était conviée. Des cavaliers de la Société hippique de l’École vétérinaire d’Alfort, une fanfare, des étudiants déguisés, des chars prêtés par l’industrie de la Suze constituaient le cortège. La tradition du père Cent a disparu de l’école d’Alfort en 1958.

LE DÉBUT DES VACCINS INDUSTRIELS

Hervé Bazin, vétérinaire immunologiste, a présenté la naissance, dans les années 50, de la production des vaccins, qui était difficile. « Le problème était de tuer le virus sans lui retirer ses propriétés immunisantes », a-t-il expliqué. Herman Frenkel (Pays-Bas) a débuté ainsi la production de virus pour des vaccins in vitro avec une technique révolutionnaire. Elle a été adaptée à l’industrie par Charles Mérieux et son équipe. En médecine vétérinaire, le virus aphteux est à l’origine du premier vaccin produit industriellement. Des langues d’animaux abattus, infectés par la fièvre aphteuse, étaient récupérées puis nettoyées. Des petits morceaux de la muqueuse linguale étaient prélevés, mis en culture dans une cuve afin de produire les antigènes du vaccin. En médecine humaine, le vaccin contre la poliomyélite a été mis au point en utilisant un modèle proche de celui de Frenkel. Dans cet épisode de l’histoire, la médecine vétérinaire fut pionnière et profita à la médecine humaine.

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