Entre nous
FORUM
Auteur(s) : Serge Trouillet
Christine Filliat, praticienne conseil en productions intensives à Châteauneuf-sur-Isère (Drôme)
Les antibiotiques, de manière générale, sont très précieux pour le vétérinaire conseil en élevage avicole que je suis. Nous avons comme client une ferme de ponte, avec quatre bâtiments de 90 000 pondeuses : pas un antibiotique n’y est entré depuis dix ans ! Au cabinet, nous prescrivons 80 % de produits issus des médecines alternatives (homéopathie, aromathérapie et phytothérapie), pour cinq millions de volailles sous notre responsabilité, autant en aviculture conventionnelle qu’en biologique. En la matière, nous pratiquons une démarche raisonnée depuis longtemps.
Aussi, je considère que les laboratoires qui viennent nous proposer des antibiotiques génériques vont à rebours des objectifs du plan écoantibio à visée 2017. Ils n’ont que l’économie comme argumentaire : moins chers pour l’éleveur et maintien des marges pour nous ! Cela revient à encourager la prescription. Par ailleurs, nous n’avons aucune garantie que ces produits présentent la même forme galénique. Pour une production essentiellement économique et de grand nombre (poules, petits ruminants), nous devons, sur la base de tests, être totalement assurés de leur innocuité pour l’espèce, et de leur efficacité. L’excipient peut fort bien entraîner une inappétence ou une insolubilité qui sera préjudiciable au traitement. Ces génériques ne m’intéressent donc pas.
Xavier d’Ablon, praticien équin à Deauville (Calvados)
La problématique de l’antibiotique en équine est importante, sérieuse. Toutefois, le générique n’appartient pas à cette problématique. Nous n’en utilisons pas, nous n’en connaissons pas. Le marché équin français n’est sans doute pas suffisamment développé, à cet égard, pour intéresser qui que ce soit. Ce n’est pas comme aux États-Unis où il est possible d’obtenir directement ce type de médicaments en vrac, souvent de mauvaise qualité.
Par ailleurs, la réflexion sur l’antibiorésistance porte ses fruits. L’usage des antibiotiques diminue globalement, et le choix des molécules prescrites devient de plus en plus ciblé : elles ne le sont plus systématiquement en première intention, comme nous le faisions, sans doute à tort, auparavant.
Enfin, en la matière, le vétérinaire équin n’a guère de choix. Le marché des antibiotiques est basique, avec quatre ou cinq molécules différentes, et un jeu de la concurrence limité. Pour autant, une offre d’antibiotiques génériques, à coût moindre, serait la bienvenue. Nous devons parfois proposer de mettre en place une antibiothérapie de plusieurs centaines d’euros, et s’il existait des médicaments moins chers, cela faciliterait la vie des propriétaires de chevaux. Il n’y a pas que des animaux de valeur et des gens fortunés. Dans certains cas, nous ne pouvons pas prescrire le traitement le plus approprié.
Arnaud Juanchich, praticien canin à Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne)
Globalement, 70 % des antibiotiques que nous utilisons sont des génériques. Nous avons assisté avec bonheur au développement des formulations appétantes aromatisées qui apportent un vrai plus pour l’observance. D’un point de vue technique, les antibiotiques génériques nous donnent donc entièrement satisfaction. Pour autant, je ne me sens pas en phase avec les politiques commerciales et le discours des laboratoires. Je pense qu’il n’est plus possible de maintenir des remises, même minimes, sur ces molécules, quels qu’elles soient. C’est difficilement acceptable aux yeux de l’opinion publique. Dès lors qu’il y a des remises, cela s’apparente à une incitation à la prescription. Il vaudrait mieux opter pour un prix plus juste de l’antibiotique, et cela sans remise.
Un laboratoire, nouveau venu sur le marché vétérinaire, nous a récemment proposé des antibiotiques 50 % moins chers que les principaux génériques, sans aucun engagement de volume. Il faut donc croire qu’il s’agit d’une option économiquement viable. Le prix élevé d’un antibiotique n’est pas un garde-fou contre l’excès de consommation. L’existence de remises arrière sur ces médicaments laissera quant à elle toujours planer une ombre sur notre prescription. Peut-être faut-il même repenser nos accords de coopération avec les laboratoires, afin que nos efforts pour diminuer les usages soient un jour pris en compte dans les contrats. Il s’agit sans doute d’une utopie, pour le moins d’un changement radical de vision du problème. D’ici là, génériques ou pas, nous veillons à réduire constamment leur utilisation.
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