Qu’attendez-vous de l’année 2014 ?

De nouvelles pratiques périopératoires en canine

Emmanuel Lange, praticien à Pipriac (Ille-et-Vilaine)

Si 2013 a été l’année du sauvetage du couplage prescription-délivrance et d’une prise de conscience des progrès à faire en termes de prescription d’antibiotiques, 2014 sera celle de la mise en œuvre de nouvelles pratiques autour du périopératoire en canine. Dans les années futures, la profession sera observée de près quant à son usage des antibiotiques. Or, les pratiques vétérinaires en chirurgie sont assez différentes de celles de la médecine humaine. Nous devons donc nous rapprocher au plus près des habitudes hospitalières. En 2014, nous allons modifier nos systèmes de stérilisation du matériel, formaliser des procédures de nettoyage et de désinfection du bloc opératoire pour coller aux règles d’usage des antibiotiques édictées en médecine humaine. Cela touche la canine, mais aussi la rurale où s’imposent des modifications dans les habitudes et un encadrement des pratiques médicales chez les éleveurs. On nous a alertés sur l’antibiorésistance l’an passé, à nous maintenant de poursuivre la diminution de la part des antibiotiques critiques et d’être irréprochables.

Enfin, ce que j’attends pour 2014, c’est aussi de continuer nos efforts dans la revalorisation des actes et du travail vétérinaire, notamment en rurale. Nous y réfléchissons depuis quatre ou cinq ans, cette nouvelle année sera, je l’espère, celle de l’aboutissement.

Le même plaisir d’aller travailler

Pierre-Marie Cadot, praticien à Rouen et à Boos, président de l’association Ergone

Je n’attends rien, je pars du principe « aide-toi et le ciel t’aidera » ! Il est plus facile de se mettre en mouvement que d’attendre de l’aide pour atteindre ses objectifs. Nous avons traversé une zone de turbulences en 2013 avec le projet de découplage prescription-délivrance. Les nuages se sont dissipés, mais d’autres crises peuvent survenir. Tout bouge vite dans notre profession après des années de navigation sur une mer plutôt calme. Alors pour garder le cap, il est essentiel d’avoir un modèle économique pour le développement de son entreprise et de s’y tenir. Ayons confiance dans notre savoir-faire professionnel et investissons en temps de formation pour développer nos marchés. Même si pour certaines filières, comme en rurale, c’est plus compliqué, les vétérinaires ont toujours réussi à s’adapter. Le regroupement d’entreprises vétérinaires en réseau peut être une piste. D’ailleurs, à Ergone, le fil rouge de l’année a pour thème « la gouvernance de l’entreprise vétérinaire » : organiser celle-ci au travers de la communauté des associés pour définir des objectifs et mettre en place les moyens pour les atteindre est l’une des solutions pour continuer d’avancer sans trop de visibilité, même si c’est anxiogène. Il faut donc se fixer un cap pour éviter d’être bloqué par l’inaction. La peur d’investir en moyens humains ou techniques bride les talents des vétérinaires. En conclusion, j’attends simplement, pour 2014, le même plaisir d’aller travailler à la clinique tous les matins !

La reconnaissance de la conduite accompagnée

Nathalie Simon, praticienne comportementaliste à La Chapelle-sur-Erdre (Loire-Atlantique)

J’aimerais pouvoir finaliser le programme de conduite accompagnée du chiot lancé il y a quatre ans¹ avec, en 2014, la mise en place d’un module de formation de dix jours (CAV 3) destiné aux vétérinaires et qui constituerait en quelque sorte l’aboutissement d’un travail réalisé depuis treize ans. Ce dernier a débuté par la spécialité de vétérinaire comportementaliste, puis par une thèse de doctorat en sciences de l’éducation, ainsi que par la création de deux modules de conduite accompagnée vétérinaire (CAV 1 pour les chiots de moins de quatre mois et CAV 2 pour les chiens de moins d’un an). Je travaille à l’élaboration d’un outil informatique adapté pour répondre à la demande de l’ensemble des vétérinaires en matière de comportement. Mon but est de faire connaître et comprendre la méthode d’évaluation écologique qui traverse les disciplines, de l’éthologie à la psychiatrie, et peut ainsi s’adresser à tous les cas. Cette méthode prend en compte l’environnement du chien, dans son aspect social comme matériel. J’ai mené un travail unique dans ce domaine, pour les animaux, pour les propriétaires, afin que la profession vétérinaire l’utilise. Alors, si j’espère quelque chose en 2014, c’est bien la reconnaissance de ce travail sérieux et innovant.

• 1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1423 et 1424 du 29/10/2010 et du 5/11/2010 en page 20.