Impact du déferrage chez les trotteurs en courses - La Semaine Vétérinaire n° 1567 du 10/01/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1567 du 10/01/2014

Formation

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Sandrine Jacquet*, Marine Neveux**

Fonctions :
*du Cirale à Dozulé (Calvados). Article tiré de la conférence présentée lors des Équirencontres Merial-Avef, en décembre 2013.

POINTS FORTS

– Déferrer certains trotteurs lors des courses hippiques peut améliorer leurs performances.

– Il n’existe pas de recette adaptée à tous les chevaux, car certains vont mieux courir déferrés, d’autres non. Il convient donc de raisonner cette décision.

Le déferrage des trotteurs est une pratique plutôt originaire d’Europe du Nord, dans les années 90, avec le célèbre entraîneur suédois Ulf Nordin, qui est venu concourir en France avec des chevaux déferrés et a recueilli de bonnes performances.

LE DÉFERRAGE EN QUESTION

Cette problématique a soulevé des interrogations dans les années 2000. En 2009, c’est devenu une obligation : l’entraîneur devait dire si son cheval allait courir ferré ou déferré au moment de la déclaration des partants, c’est-à-dire à peu près deux jours avant la course, « afin que le parieur soit au courant », précise Sandrine Jacquet, du Centre d’imagerie et de recherche sur les affections locomotrices équines. À partir de 2012, dans un souci de bien-être animal, il a été interdit de déferrer tous les poulains de deux à trois ans pour la compétition.

L’équipe d’Henri Château et de Nathalie Crevier-Denoix a montré que le fait de déferrer induit une plus grande légèreté au bout de membre, ainsi qu’une fréquence plus élevée des foulées. Le cheval se déplace donc plus rapidement. En outre, « chez certains chevaux, cette pratique modifie leurs aplombs et les aide à garder un équilibre parfait », poursuit Sandrine Jacquet.

ÉTUDE D’IMPACT EXPERIMENTALE

Une étude du Cirale, menée en conditions réelles, a tenté de mieux identifier les conséquences du déferrage chez le trotteur.

Pendant quelques semaines, plusieurs chevaux, ferrés ou non, sont ainsi étudiés dans les conditions d’une course, sur la piste de Cabourg.? Avant et après le test, des évaluations cliniques sont réalisées, de même que des examens d’imagerie.

Les évaluations sont fondées sur la thermographie (caméra infrarouge qui détecte les zones de chaleur), puis sur des photographies du pied standardisées (profil, face, pied levé). Sa sensibilité est déterminée grâce à la pince exploratrice (application d’une pression standard par une pince algométrique). Le test de percussion sur le sabot et ses différentes parties sert aussi à son exploration.

Ensuite, le cheval est évalué en mouvement, en main puis sur un tapis roulant à grande vitesse (30 km/h). Le film au ralenti permet en outre de bien évaluer l’amplitude de la foulée, et la vidéo de face et de dos de juger des allures. « Nous avons aussi utilisé un dispositif d’accélérométrie : le cheval est équipé d’une sangle avec un accéléromètre sur le garrot, la croupe et le boulet. Des données objectives sont obtenues sur la régularité des allures », développe Sandrine Jacquet.

Enfin, la dernière phase de l’évaluation clinique consiste à filmer les chevaux sur la piste intérieure de l’hippodrome de Cabourg.

Quant à l’impact du déferrage, il est évalué via l’imagerie : la radiographie (avec des marqueurs de plomb pour suivre l’évolution de la pousse de la corne et l’usure du pied), la scintigraphie (détection des lésions osseuses) et la résonance magnétique (l’IRM présente l’avantage de supprimer la boîte cornée pour visualiser l’intérieur du pied).

LES RÉSULTATS

Avec le déferrage, plusieurs évolutions sont observées.

→ En thermographie, « plus on avance dans le protocole, plus la sole devient chaude ».

→ Sur les photographies, « la fourchette apparaît plus limée, les barres ont tendance à s’user et le trou pour les clous à se rapprocher du sol. De la pousse de corne, mais aussi un peu d’usure sont notées ».

→ Sur la vidéo, le cheval déferré pose plus rapidement son pied, donc il a tendance à développer une foulée un peu plus courte, avec une amplitude légèrement diminuée.

→ Sur les radiographies effectuées la quatrième semaine, superposées à celles de la première, « il est constaté que le pied a poussé. Inversement, l’épaisseur entre la phalange et le bord de la sole donne l’impression d’une sole amincie, ce qui est moins favorable ».

→ Le même constat est effectué avec l’IRM, « donc le déferrage a probablement tendance à provoquer une usure de la sole. Reste à définir dans quelle mesure et d’évaluer s’il existe des répercussions ostéo-articulaires ».

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