Le rôle pivot du praticien équin réaffirmé

En introduction des 41^es journées de l’Avef, son président, Jean-Yves Gauchot, est entré tout de suite dans le vif du sujet, abordant le rôle clé du praticien équin, tant au niveau de l’identification de terrain des animaux que de la veille sanitaire, pour laquelle il est un acteur d’intérêt général. « En 2014, les obligations des détenteurs d’équidés et celles liées aux rassemblements de chevaux devraient être inscrites », a-t-il souligné. Notre confrère reconnaît aussi la nécessité pour les vétérinaires de s’engager dans le domaine de la fin de vie des chevaux : « Cela relève de notre mission. »

Hasard du calendrier, au lendemain du congrès, une nouvelle affaire de trafic de viande chevaline était révélée à l’opinion publique. C’est là que le triptyque de l’identification et du suivi des animaux, de l’inscription des traitements médicamenteux en filière bouchère, et du contrôle sanitaire puise toute sa légitimité pour notre profession. Et cela même si les récents scandales sont plutôt liés à des fraudes et à la falsification de documents par des négociants crapuleux.

Couplage et antibiorésistance

Le président de l’Avef, également membre du conseil d’administration du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), est revenu sur la mobilisation massive de la profession contre le découplage partiel, le 6 novembre 2013 à Paris, en réponse au projet du ministère de la Santé. Mais si « le découplage a été évité, il pourrait revenir via l’Europe ». La vigilance reste donc de mise. Et l’Avef travaille depuis plusieurs mois à la mise en place d’un guide pratique d’utilisation des antibiotiques, selon les recommandations de la Haute autorité de santé (Has). Il sera dévoilé le 21 février prochain lors de la journée européenne de Roissy, organisée par l’Avef avec la Federation of European Equine Veterinary Associations (Feeva). « Ce sont les organismes techniques qui vont faire les recommandations incluses dans ce guide, et elles seront opposables », a insisté Jean-Yves Gauchot.

Claire Scicluna, responsable de l’antibiothérapie à l’Avef, est revenue sur l’enquête menée en Europe sur l’utilisation des antibiotiques par les vétérinaires équins. Un poster de la Feeva est destiné à informer les propriétaires de chevaux sur l’antibiothérapie.

Des commissions dynamiques

Le programme scientifique des journées, salué par les congressistes, a bénéficié d’une mise en musique harmonieuse par le conseil scientifique, mais aussi du dynamisme des commissions qui participent activement au contenu. Ces dernières offrent aussi des outils pratiques aux confrères. Ainsi, la commission “hippodrome” a notamment réalisé un guide des vétérinaires qui officient sur plus de 240 hippodromes en France, lesquels brassent quelque 10 milliards d’euros. Le vétérinaire d’hippodrome est donc un maillon clé. « Nous ne voulons pas être directifs et faire quelque chose d’opposable. Nous avons mis en place un système de fiches pour que le guide évolue », a précisé Gilles Hodencq, responsable de cette commission.

De même, une fiche pratique sur l’immunocastration est pilotée par la commission “reproduction” avec Laurent Mangold.

D’autres outils, comme ceux de la commission “responsabilité civile professionnelle”, offrent un travail collaboratif dirigé par nos confrères Marc Foursin et Philippe Lassalas sur la visite d’achat. Il a été présenté en conférence lors du congrès. Le but de ce modèle est d’aider le vétérinaire à ne pas tomber dans les chausse-trappes.

France Haras : suite et… fin

Le Groupement d’intérêt public (GIP) France Haras arrive à son terme : sa dissolution, actée, est programmée pour fin 2014. Toutes ses activités ont été transférées. « Sur les 80 centres, 27 ont été fermés, 49 transférés et, parmi ces derniers, une vingtaine ont été repris par des confrères », a précisé Laurent Mangold. L’Avef a participé aux commissions de reprise. Un référentiel qualité a été établi. L’enjeu est de récupérer ce référentiel “contrôle qualité” à la fin du GIP.

Ostéopathie et dentisterie en stand-by

« En dentisterie, nous sommes encore dans l’attente », a reconnu Jean-Yves Gauchot. Le décret “formation” n’est toujours pas paru. « Les techniciens, qui évoluent dans un flou juridique, devront signer des conventions. » En 2014, la validation des acquis de l’expérience (VAE) se mettra en place pour les techniciens dentaires équins (avec le Gipsa, le SNVEL et l’Avef). « De tous les pays, la France sera le seul à avoir des paraprofessionnels en dentisterie sous l’autorité de la profession vétérinaire, ce qui correspond d’ailleurs aux standards de l’Organisation mondiale de la santé animale, se félicite Jean-Yves Gauchot. Nos techniciens dentaires seront enregistrés par les conseils régionaux ordinaux. »

Du côté de l’ostéopathie, « le problème n’est pas résolu », ne peut que regretter le président de l’Avef. Et de poursuivre : « La loi n’est pas une bonne chose, mais nous n’avions pas le choix. Il existe aujourd’hui des ostéopathes animaliers, mais il n’y a pas de décret. La Direction générale de l’alimentation est embarrassée. Soit nous laissons le dossier s’enliser, soit nous tentons de sortir un décret afin que la régulation de ces paraprofessionnels puisse être effectuée dans leur pratique par l’autorité ordinale. » Par ailleurs, la commission “médecines non conventionnelles” de l’Avef soutient l’initiative de l’European Veterinary Society for Osteopathy¹ (Evso) qui propose un label de qualité en médecine manuelle.

Enfin, un diplôme interécoles (DIE) de physiothérapie est en cours de réflexion au sein d’un groupe de travail qui associe l’Ordre, le SNVEL et l’Avef. L’idée d’un DIE transversal est actée, gérée en équine par Jean-Marie Denoix et en canine par Dominique Grandjean.

La suite au prochain rendez-vous, pour les 42^es journées de l’Avef, du 22 au 24 octobre 2014 à Pau.

• 1 http://www.evso.eu