La prise en charge postopératoire des nouveaux animaux de compagnie - La Semaine Vétérinaire n° 1565 du 20/12/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1565 du 20/12/2013

Formation

NAC

Auteur(s) : Émilie Tessier*, Frédéric Vlaemynck**, Hélène Vandenberghe***

Fonctions :
*praticiens à la clinique CaduVet à Loos-lez-Lille (Nord). Article tiré d’une conférence présentée lors du congrès annuel du Genac au Puy du Fou, en septembre 2013.
**praticiens à la clinique CaduVet à Loos-lez-Lille (Nord). Article tiré d’une conférence présentée lors du congrès annuel du Genac au Puy du Fou, en septembre 2013.

Pour limiter la morbidité et la mortalité, l’attention et les soins prodigués à l’animal en période postopératoire sont tout aussi importants que ceux apportés avant », affirme Émilie Tessier. Quelques critères, surveillés attentivement, permettent une bonne gestion postopératoire des nouveaux animaux de compagnie.

SURVEILLER LE RÉVEIL

Le réveil se déroule de façon classique chez les NAC. L’animal est maintenu sous oxygène, en décubitus sternal (ce qui limite les efforts respiratoires), au calme, au chaud et dans l’obscurité. L’extubation ou le retrait du masque n’est effectué que lorsque l’animal mâchonne sa sonde ou manifeste par des mouvements spontanés.

Le réveil est parfois rapide, notamment chez les oiseaux, ou agité, quand seul l’isoflurane est utilisé lors de l’anesthésie (favoriser le sévoflurane). Il faut donc songer à retirer tous les objets potentiellement traumatisants présents dans la cage, et à utiliser une couveuse de réveil matelassée pour le lapin et un bac de réveil pour les oiseaux. L’animal n’est laissé seul que lorsqu’il est capable de tenir debout.

Le réveil peut être prolongé lors d’hypothermie, d’hypoglycémie, de surdosage ou de mauvaise élimination anesthésique. Il convient de bien couper les gaz, d’attendre un moment avant de reverser si l’animal est encore trop sédaté ou en hypothermie (atipamézole lors d’utilisation d’α2-agonistes, naloxone lors de recours aux morphiniques, en évitant de laisser l’animal sans analgésie ou sous kétamine seule). Attention, lors du réchauffement d’un animal potentiellement hypovolémique ou hypoglycémique, les vaisseaux sanguins périphériques se dilatent, les besoins en glucose augmentent, ce qui peut expliquer certains cas de mort subite, quelques heures après l’intervention.

Chez les reptiles, le réveil peut être long. Il faut songer à les priver régulièrement d’apport en O2 pur pour stimuler le réflexe respiratoire. L’utilisation d’antidotes est plus fréquente. Le placement en cage d’hospitalisation n’est effectué que lorsque le reptile respire spontanément.

Les oiseaux doivent être maintenus, pendant toute la phase de réveil, sous un débit de 100 % d’oxygène et au chaud. Pour cela, ils sont tenus en position sternale, dans une serviette, avec une sonde qui n’est plus attachée au bec, mais maintenue en position endotrachéale. La sonde est retirée au moment de la reprise de conscience de l’animal. L’oxygène peut alors être fourni par le biais d’un masque jusqu’à ce que l’oiseau tienne debout.

RÉCHAUFFER

La température est prise régulièrement par voie rectale (petits mammifères) ou à l’aide d’un thermomètre laser (pour les oiseaux et les reptiles) afin d’évaluer l’efficacité du réchauffement. L’animal est réchauffé jusqu’à l’obtention d’une température interne normale et stable. Dans l’idéal, une couveuse est utilisée. Sinon, diverses techniques sont utilisables : salle chauffée, bouillottes placées dans une housse en tissu pour éviter les brûlures, tapis ou lampes chauffantes, matelas d’eau chaude, air chaud pulsé. Cette dernière méthode peut être employée à moindre coût en plaçant l’animal dans une couverture et en diffusant l’air chaud à partir d’un sèche-cheveux.

Chez le lapin et le furet, en particulier, la vigilance s’impose, car une hypothermie peut cacher un état de choc sans tachycardie. En effet, chez ces animaux, les récepteurs adrénergiques ne sont plus sensibles aux catécholamines sous la température de 36 °C.

Les reptiles doivent être maintenus à leur température moyenne préférentielle tout au long de la phase postopératoire. Attention, chez ces animaux, le “surchauffage” a pour conséquence une augmentation des besoins en oxygène.

RÉHYDRATER

L’état de déshydratation est évalué par la mise en évidence du pli de peau, de l’enfoncement des globes oculaires, de la sécheresse cornéenne, du taux d’hématocrite et de protéines totales sanguines. L’animal est alors réhydraté via un gavage, par voies sous-cutanée (dans le pli inguinal ou sous la peau du dos chez les oiseaux), intraveineuse ou intra-osseuse.

Les reptiles aquatiques peuvent être vaporisés de temps en temps avec de l’eau en attendant le réveil et le retour dans l’aquaterrarium.

LUTTER CONTRE LA DOULEUR

Il est essentiel d’évaluer la douleur dès le réveil de l’animal. De l’analgésie dépendent en effet la reprise de l’alimentation et l’absence de léchage et d’arrachage des points de suture. Il convient de bien préparer son schéma analgésique afin d’éviter les “trous analgésiques”. La douleur, une fois quantifiée, peut être gérée via l’administration d’opioïdes (morphine, butorphanol, buprénorphine, méthadone, fentanyl, tramadol) et/ou d’AINS.

RÉALIMENTER

La réalimentation doit être rapide chez les herbivores (lapin, mais aussi certains reptiles) et les espèces à haut métabolisme (furet, oiseaux, rat, etc.). Il faut proposer rapidement à l’animal son alimentation habituelle. Du métoclopramide, à la dose de 0,5 mg/kg toutes les 6 à 8 heures, peut être employé pour relancer le transit digestif des herbivores. Chez ces derniers, la pose d’une sonde naso-œsophagienne est parfois d’une aide précieuse.

Chez les rongeurs non herbivores, un gavage à la seringue ou par sondage gastrique est possible. Le furet peut être nourri avec des aliments de convalescence pour carnivores domestiques. Une quantité minimale correspondant à 200 kcal/kg/jour est à administrer. Le poids de l’animal doit être suivi précisément tout au long de son hospitalisation.

HOSPITALISER

Si une hospitalisation est souvent nécessaire dans les 24 à 48 heures qui suivent l’intervention chirurgicale, il convient de toujours peser la balance risque/bénéfice chez les NAC. L’hospitalisation permet l’administration de soins uniquement réalisables à la clinique (intraveineuse, mise sous couveuse, analgésie complexe) ou la prise en charge des soins postopératoires lorsque le propriétaire ne s’en sent pas capable. En revanche, elle représente un stress pour l’animal (congénères, absence du propriétaire), ne lui permet pas de retrouver ses habitudes de vie, et n’est pas toujours rentable pour la clinique (temps passé et matériel nécessaire). Il faut, dans tous les cas, hospitaliser ces animaux à distance des espèces qui ne leur sont pas compatibles, afin de limiter le stress (chiens et chats loin des NAC, furet loin des autres NAC). Lors de retour rapide au domicile du propriétaire, il convient d’insister sur l’importance de la surveillance de l’alimentation et de l’émission de fèces, notamment chez les herbivores.

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