Élégie pour la grande faune africaine

« Les animaux sont venus d’abord… La photographie a été seulement le meilleur moyen de faire comprendre cet amour et la fascination qu’ils m’inspirent », témoigne le photographe Nick Brandt dans un des deux beaux textes inclus dans son dernier livre, Chronique d’une terre dévastée. Le livre clôt sa saisissante trilogie africaine entamée avec Vivre sur cette terre en 2005 et L’Afrique au crépuscule en 2009. Véritable testament visuel, l’ouvrage est dédié « aux milliards d’animaux, passés et présents, qui sont morts sans raison aux mains de l’homme ». Le pressentiment d’une catastrophe imprègne ces saisissantes images en noir et blanc, portraits d’animaux calmes face à l’objectif, comme s’ils posaient pour la mémoire du monde.

En une décennie, le photographe a été témoin de la révoltante accélération du massacre de la faune sauvage africaine : 30 000 à 35 000 éléphants tués illégalement chaque année pour alimenter le marché de l’ivoire, une population de lions qui a chuté de 75 % en 20 ans, etc. Des majestueux pachydermes – dont la légende précise souvent qu’ils furent abattus peu après – aux trophées de chasse ironiquement disposés dans la savane et aux insolites oiseaux calcifiés du lac Natron (Tanzanie), la mélancolie est plus que jamais palpable.

Nick Brandt n’en reste pas moins actif. Parallèlement à la diffusion de ses images à travers le monde, il a créé, en 2010, la fondation Big Life (https://biglife.org) qui combat, sur le terrain, le braconnage africain.

Chronique d’une terre devastée de Nick Brandt, éditions de La Martinière, 50 photographies de portraits d’animaux, noir et blanc, 120 pages, 38,1 x 33 cm, 69 €. Ce travail est actuellement exposé à Paris (A Galerie, jusqu’au 21 décembre), ainsi qu’à Bruxelles et à Berlin. Voir aussi le site http://www.nickbrandt.com