Sur un arbre perché

L’animal n’est qu’un figurant dans le nouvel opus de Luc Jacquet. En donnant cette fois le premier rôle aux arbres, le réalisateur de Il était une forêt a dû relever un double défi : s’affranchir de l’apparente immobilité de ses personnages et tisser avec eux un récit édifiant et enchanteur, dans la veine de La Marche de l’empereur et du Renard et l’enfant.

Le cinéaste a heureusement rencontré Francis Hallé, à moins que ce ne soit l’inverse. L’auteur du Plaidoyer pour l’arbre (2005), botaniste passionné, spécialiste d’écologie tropicale plaidant sans relâche contre la destruction des dernières forêts primaires, est à l’initiative du film. Il en est également le narrateur. Partant de l’anéantissement (par les bulldozers) d’une forêt tropicale, il nous recompose l’odyssée de sa renaissance, jusqu’à la maturité… pas moins de sept siècles plus tard ! Un processus complexe qui, sur une échelle de temps aussi vertigineuse, est décrit sous forme d’animations luxuriantes (inspirées par les croquis du botaniste) surimposées aux décors réels, matérialisant à merveille la féerie explosive, continue et toujours réinventée, de la vie végétale. La caméra, elle, ne cesse de glisser, des sous-bois aux cimes de la canopée, avec une sereine majesté qui éclipse toutes les embûches qu’il a fallu surmonter pour y parvenir.

Le riche univers musical d’Éric Neveux renforce le spectaculaire, mais aussi la grandiloquence d’un film plus proche de l’hymne que du documentaire.

Il était une forêt de Luc Jacquet, avec Francis Hallé, 1 h 18, en salles le 13 novembre 2013.