De quoi avoir la rage !

Hasard du calendrier, la Wsava s’est réunie au siège de l’OIE les 5 et 6 novembre derniers, avec pour thème principal la gestion de la rage, et plus spécifiquement la problématique des chiens errants. Plus que jamais, la rage est un sujet d’actualité. Une personne en meurt toutes les dix minutes dans le monde. Quant au statut de pays indemne, il ne met pas à l’abri d’un cas importé pouvant provoquer des conséquences dramatiques, qu’elles soient économiques, humaines ou animales, comme en témoigne le cas du chaton ramené du Maroc¹, en octobre dernier. La vaccination antirabique des animaux français n’est pas un luxe.

Or, éradiquer ce fléau est possible à court terme. Cela passe par la gestion des chiens errants et un engagement politique local et international. Car les animaux de compagnie, parents pauvres de la santé publique dans le monde entier, sont des réservoirs de zoonoses mal appréhendés. S’il est facile de comprendre l’impact de la surveillance des maladies du bétail, rares sont les pays, généralement développés, qui intègrent à un niveau suffisant cette surveillance internationale de l’animal de compagnie. Et pourtant, les chiffres sont sans équivoque, comme en Inde où, avec ses 25 millions de chiens errants, quelque 20 000 décès humains sont dus à la rage !

L’Afrique et l’Asie payent un lourd tribut. Avec l’explosion des échanges internationaux, même le pays le plus performant en termes de surveillance n’est pas à l’abri d’un drame local.

La vaccination des chiens divagants reste la solution la plus efficace. Leur abattage a prouvé son faible impact sur les foyers de rage, alors que les populations locales voient d’un mauvais œil cette option radicale. 70 % de chiens vaccinés et c’est un foyer de rage maîtrisé. Quand on sait que 98 % des cas humains sont dus au chien, que les enfants sont les principales victimes de morsures et que 61 000 personnes meurent de la rage chaque année, il apparaît que cette maladie est, avec la leptospirose, parmi les zoonoses les plus mortelles pour l’homme. Le coût est exorbitant : cinq milliards par an, dont deux dédiés aux pertes de productivité via une mort prématurée. Rien que pour l’île de Bali, 150 personnes sont mortes en 2008, avec un coût de deux millions de dollars de vaccination postexposition. Il est temps que les gouvernements comprennent que la prévention coûte nettement moins cher et surtout qu’elle éradiquerait cette maladie rapidement.

• 1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1559 du 8/11/2013 en page 17.