Traitement des affections oculaires chez les rongeurs

Après les dominantes pathologiques concernant l’ophtalmologie des rongeurs, qui ont fait l’objet d’un précédent article¹, voici la présentation de leur thérapeutique.

Comme chez les carnivores domestiques, le nettoyage préalable de la région oculaire est indiqué avant tout traitement, à l’aide de sérum physiologique ou d’un nettoyant oculaire. Il contribue à l’hygiène de l’œil, diminue le risque de pyodermite secondaire à un épiphora ou à une chromodacryorrhée, et potentialise l’effet des traitements locaux.

TRAITEMENT MÉDICAL

En raison de la petite taille des rongeurs, la résorption systémique des collyres ophtalmologiques est à prendre en compte : les antibiotiques prescrits, même si leur usage reste local, ne devront pas présenter de toxicité par voie générale chez ces espèces. En pratique, sont utilisés des collyres à base d’acide fusidique, de chloramphénicol, de gentamicine, d’oxytétracycline ou de piclodyxine : ces deux derniers sont indiqués dans le traitement des conjonctivites à corps d’inclusions (chlamydophilose).

Les collyres anti-inflammatoires peuvent également être employés, de préférence les non stéroïdiens (AINS comme l’indométacine par exemple). Les corticoïdes sont à éviter dans la mesure du possible pour les raisons déjà évoquées (petite taille des animaux et résorption systémique).

Les collyres antiglaucomateux sont les mêmes que ceux issus de la pharmacopée humaine utilisés chez les carnivores domestiques (bétaxolol, dorzolamide, pilocarpine et timolol), bien que leurs modalités d’administration soient moins bien décrites que chez le chien et le chat.

TRAITEMENT CHIRURGICAL

L’énucléation est indiquée en cas d’atteinte irréversible de l’œil, notamment lorsque celle-ci est à l’origine d’une douleur chronique : ulcère cornéen profond qui ne répond à aucun traitement médical ou chirurgical, glaucome chronique, exophtalmie, luxation ou perforation du globe oculaire, panophtalmie, tumeur intra-oculaire, etc. Elle est généralement nécessaire lors d’exophtalmie, pour accéder chirurgicalement à la masse rétrobulbaire qui en est à l’origine, et en raison de la kératite et de l’ulcération cornéenne secondaires.

Le mode opératoire est le même que chez les carnivores domestiques. Une anesthésie locale du nerf optique peut être réalisée avant ou pendant l’intervention, à l’aide d’un mélange de lidocaïne et de bupivacaïne. Il convient de veiller à ne pas léser l’important sinus veineux situé dans l’orbite pendant l’opération. En cas d’hémorragie de ce sinus, l’hémostase peut être réalisée grâce à une compression prolongée.

• 1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1557-1558 des 25/10 et 1^er/11/2013 en pages 46-47.