Les ventes d’antibiotiques ont déjà chuté de 20 % en cinq ans - La Semaine Vétérinaire n° 1557 du 25/10/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1557 du 25/10/2013

Dossier

Auteur(s) : Éric Vandaële

En 2012, les vétérinaires ont prescrit (et souvent délivré) 6,2 % d’antibiotiques de moins qu’en 2011. La chute est importante chez les lapins (– 20 %) et les porcs (– 10 %). Ces deux productions font de moins en moins appel aux aliments médicamenteux (– 22 %). Les filières avicoles, avec – 6 %, sont dans la moyenne. Les vétérinaires canins font mieux, avec une réduction de 8,4 % en une seule année. Seule la filière bovine (– 0,6 %) ne diminue pas significativement ses consommations d’antibiotiques injectables ou oraux. Toutefois, les intramammaires baissent aussi de 6 %, et les bovins restent les animaux qui consomment le moins d’antibiotiques systémiques.

L’année 2012 est importante. C’est celle qui amorce le plan ÉcoAntibio, avec l’objectif de réduction de 25 % entre 2012 et 2017. Si ce plan comporte 40 mesures, peu d’entre elles, pour ne pas dire aucune, ont vraiment été mises en œuvre l’an passé. Pourtant, dès 2012, les vétérinaires ont fait reculer les consommations d’antibiotiques chez presque toutes les espèces. Le recul est de 6,2 % au total, selon le rapport présenté le 21 octobre dernier par l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) à Alfort. Depuis 2007, la baisse est même de 20 %, principalement grâce à la chute vertigineuse des prémélanges médicamenteux dans les filières porcine et cunicole : – 50 % en cinq ans, un record ! L’exposition des animaux aux antibiotiques est ainsi revenue à son niveau de 1999.

UN TONNAGE DIVISÉ PAR DEUX

Avec 782 tonnes d’antibiotiques vétérinaires vendues en 2012, la baisse est encore plus importante en volume : – 14 % en un an. Le tonnage des antibiotiques vétérinaires a été divisé par deux depuis l’an 2000, toutes molécules confondues. Il est désormais proche de celui des antibiotiques humains, et non deux fois plus élevé comme il y a 15 ans.

Mais ces tonnages reflètent toujours aussi mal l’exposition aux antibiotiques. Les posologies diffèrent beaucoup entre les molécules. Presque toutes les populations animales en France diminuent, qu’il s’agisse du poids des animaux de compagnie (celui des chats, en hausse, ne compense pas la baisse de celui des chiens) comme de la réduction continue des effectifs des espèces de rente. L’ANMV préfère suivre un indice d’exposition, l’Alea, une sorte de taux d’animaux traités. Un Alea de 1 signifie que le poids des animaux traités par voie orale ou injectable est identique au poids standard des animaux présents dans l’année, soit en moyenne un traitement par animal de poids standard.

MACROLIDES ET ANTIBIOTIQUES CRITIQUES CHEZ LES BOVINS

À l’exception des bovins dont l’Alea très faible (0,33 hors intramammaires) stagne (– 0,6 %), dans toutes les autres espèces animales, le niveau d’exposition a fortement diminué. L’espèce bovine reste aussi 20 % au-dessus de son niveau d’exposition de 1999. Les bovins ont fortement profité des nouveaux antibiotiques lancés ces 15 dernières années, notamment les macrolides “respiratoires” et… les antibiotiques critiques. L’exposition aux céphalo­sporines de dernière génération et aux fluoroquinolones a ainsi été multipliée par 2,5. Plus d’un antibiotique sur cinq injectés chez les bovins est une molécule critique. En outre, le veau de boucherie semble recevoir 4,5 traitements oraux dans sa carrière, dont deux à base de tétracyclines…

LE LAPIN CHASSE LES ANTIBIOTIQUES

Le lapin de chair est la filière la plus fortement consommatrice d’antibiotiques (Alea de 2,89) avec le veau de boucherie. Mais la baisse, sur un an, est aussi la plus spectaculaire : – 20 %. Depuis quelques années, la filière s’est engagée dans la voie de la démédicalisation. Elle a ainsi divisé ses consommations d’antibiotiques par deux en cinq ans, diminuant surtout les recours à la tiamuline, aux tétracyclines et aux sulfamides.

LE PORC RENONCE À L’ALIMENT MÉDICAMENTEUX

Avec un Alea juste en dessous de 1, la filière porcine a également diminué ses consommations d’antibiotiques de 10 % en un an, en réduisant surtout l’usage des prémélanges. En cinq ans, la chute est même de 37 %. Comme chez les lapins, de nombreux traitements par des aliments médicamenteux ont été remplacés par des poudres ou des solutions orales, administrées à moins d’animaux sur des durées plus courtes. Fin 2010, la filière porcine s’est engagée dans un moratoire sur les céphalosporines de dernières générations. Le taux de porcs charcutiers traités par ces molécules est tombé de 36 à 10 %. En revanche, une augmentation de 20 % des usages des fluoroquinolones a été observée durant les deux dernières années, après une baisse conséquente de 40 % en 2009.

Chez les volailles, l’exposition aux fluoroquinolones, comme aux autres antibiotiques, a régressé de 6 % pour la seconde année consécutive. Les usages d’antibiotiques ont augmenté de 60 % entre 1999 et 2006. Ce n’est que depuis 2010 qu’une baisse de 5,6 % est notée.

LES CHIENS ET LES CHATS RÉSISTENT AUX CRITIQUES

Chez les carnivores domestiques, la chute est de 8,4 % en une année, alors que l’exposition n’a régressé que de 1 % par an depuis 2007. Au final, la diminution est donc de 12,5 % sur cinq ans.

L’ANMV observe surtout, en 2012, une diminution de 32 % des achats de céfovécine injectable par les praticiens, la seule céphalosporine de troisième génération (C3G) indiquée chez les chiens et les chats. Elle n’est commercialisée que depuis 2006. En 2012, l’usage de cette C3G a retrouvé son niveau de 2009. Une nette diminution des fluoroquinolones est notée depuis cinq ans (– 14 %), même si l’exposition aux fluoroquinolones a globalement augmenté de 50 % depuis 1999.

UN COUPLAGE EN MÉDECINE HUMAINE ?

De tels résultats sont donc globalement en ligne avec l’objectif de réduction du plan ÉcoAntibio 2012-2017. Ils ont été obtenus par la responsabilisation des vétérinaires. Pourtant, le ministre de la Santé semble vouloir stopper cette dynamique, en imposant un découplage avec pour modèle les antibiotiques humains. Avec ce découplage, les médecins prescrivent chaque année 1 % d’antibiotiques humains supplémentaires… S’il y a un lien de cause à effet, la Santé ne pourrait-elle pas plutôt réfléchir à appliquer un couplage à la médecine humaine ?

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