Rêves de l’au-delà et visions cauchemardesques

Pourquoi rêvons-nous ? La question continue de narguer la science et sa prétention à tout expliquer. La psychanalyse n’y a pas répondu de manière convaincante, mais cependant de façon si frappante que nous avons perdu de vue le fait que le champ du rêve déborde celui de son interprétation, et a notablement préoccupé les époques antérieures. La littérature, la théorie et surtout les arts de la Renaissance, par exemple, ont accordé au rêve une place extraordinaire.

Du xiv^e siècle au début du xvii^e, les peintres et les graveurs ont relevé le défi de sa représentation avec une vigueur particulière, comme le montre l’exposition proposée par le musée du Luxembourg. Elle offre au visiteur un condensé d’œuvres fortes, spectaculaires, souvent énigmatiques, où l’imaginaire, voire le surnaturel, s’enlace au réel et le métamorphose.

Mais les artistes de la Renaissance ont rarement peint leurs propres rêves. Ils s’inspirent de ceux de la mythologie ou de l’histoire sainte, tandis que d’autres, comme Jérôme Bosch, reconstruisent des visions cauchemardesques. Autant de réponses, merveilleuses et surprenantes, où l’image onirique sert autant à révéler un autre monde qu’à élargir les frontières de l’art et en affirmer les nouveaux pouvoirs.

L’animal est fréquent dans ces œuvres, le plus souvent sous la forme terrifiante de monstres ou de chimères. Le superbe livre de l’exposition prolonge cette réflexion originale en la complétant d’œuvres non exposées. Une manière aussi de poursuivre la rêverie…

→ La Renaissance et le rêve : Bosch, Véronèse, Le Greco…, exposition au musée du Luxembourg à Paris, tous les jours de 10 h à 19 h 30, jusqu’au 26 janvier 2014, 11 €, www.museeduluxembourg.fr

→ Catalogue de l’exposition, ouvrage collectif aux éditions RMNGP, 22,5 x 26 cm, 176 pages, 100 illustrations, 35 €.