Le Val-de-Marne, un département riche en recherche et formation - La Semaine Vétérinaire n° 1556 du 18/10/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1556 du 18/10/2013

Dossier

Auteur(s) : Hélène Rose

Densément peuplé et situé au sud-est de Paris, le Val-de-Marne possède un réseau développé autour de la santé humaine, qu’il s’agisse de médecine clinique, d’équipes de recherche ou d’entreprises biomédicales. Un dynamisme qui se retrouve en médecine vétérinaire, grâce à de nombreux partenariats de recherche et à un maillage territorial dense. En clientèle canine notamment, l’offre est diversifiée.

Dans ce département très urbanisé, l’activité en clientèle est essentiellement tournée vers la canine. Avec 1 342 000 habitants1 répartis sur 245 km2 (soit environ 5 500 au kilomètre carré), et 214 vétérinaires en activité libérale canine2, cela représente approximativement un vétérinaire pour 6 300 habitants. La marge de manœuvre est faible en termes d’extension de clientèle. Un constat rapporté par Bruno Tessier, praticien libéral à L’Haÿ-les-Roses et secrétaire général du conseil régional de l’Ordre (CRO) d’Ile-de-France : « Toute la zone urbanisée de la petite couronne est saturée, avec au moins un vétérinaire en exercice dans presque toutes les communes. » 45 praticiens sont ainsi recensés sur les 47 communes du département, selon l’Annuaire Roy. Avec ces clientèles réduites géographiquement, environ la moitié des praticiens exercent seuls, tandis que certains ont plusieurs sites d’exercice. L’association Vétérinaires du sud parisien veille à y entretenir de bonnes relations confraternelles (voir encadré).

Les revenus moyens par habitant ne sont pas élevés, notamment en comparaison des départements limitrophes des Hauts-de-Seine et de Paris. Ils présentent de fortes disparités selon les communes : si le pouvoir d’achat est élevé à Vincennes ou à Saint-Maur-des-Fossés, il est assez faible à Créteil ou à Vitry-sur-Seine. Ainsi, pour Bruno Tessier, « un vétérinaire qui souhaiterait créer sa structure pourrait à la rigueur s’installer en périphérie du département, dans le sud-est par exemple, mais il semble largement préférable de racheter une clientèle que de partir de rien, d’autant que les charges sont lourdes, notamment les loyers ».

Comme dans tous les départements fortement peuplés, les praticiens sont invités à être vigilants sur le risque d’importation d’animaux enragés. Pour Alain Guignard, inspecteur en santé publique vétérinaire (ISPV), « le risque sanitaire est sérieux, par négligence, surtout avec le transit routier depuis l’Europe de l’Est ou l’Afrique du Nord. Tous les ans, nous examinons une cinquantaine de cas potentiels ».

DES PÔLES DE RÉFÉRENCE EN COMPLÉMENT DES PETITES STRUCTURES

La présence de structures de référence est complémentaire à celle des petits cabinets ou des cliniques, comme le souligne Bruno Tessier : « Je travaille avec un associé, un aide longue durée (ALD) et trois auxiliaires (ASV). Nous exerçons en synergie avec les grosses structures, sans concurrence directe. Pour de nombreux praticiens du département, leur proximité est notamment pratique pour gérer les urgences. »

Juan Hernandez, spécialiste en médecine interne au centre hospitalier vétérinaire Frégis, situé à Arcueil, le confirme : « Nous sommes un maillon dans la chaîne de soins, qui repose sur la confiance de nos confrères. Ceux du Val-de-Marne nous envoient régulièrement des clients, dans le cadre de notre service d’urgences ou pour pratiquer des examens complémentaires : certains ont choisi de ne pas investir dans des moyens de laboratoire, d’échographie et même souvent de radiologie. »

Il poursuit : « Nous avons aussi une activité de référé “standard” auprès des clients de la région parisienne, qui viennent pour un avis spécialisé. Nous traitons également des cas complexes, souvent adressés par un premier centre de référé, par exemple pour certains cas de chirurgie thoracique ou de médecine interne non résolus. Il ne se passe pas une semaine sans que nous recevions un client marseillais, un Niçois, un Guadeloupéen, un Suisse ou même un Espagnol ! La demande du public en soins de plus en plus sophistiqués est croissante. »

UNE COMPLÉMENTARITÉ ENTRE ÉTABLISSEMENTS PUBLICS ET PRIVÉS

Les différences de positionnement entre l’ENV d’Alfort (Chuva), établissement public d’enseignement, et les structures privées permettent d’élargir l’offre disponible pour les propriétaires. Juan Hernandez le remarque : « Nous répondons chacun aux besoins d’un type de clientèle, même s’il nous arrive de gérer des cas en commun. » Avec d’autres centres privés, l’activité est complémentaire. « Comme nous ne pratiquons pas la radiothérapie, nous envoyons nos cas à Micen Vet, à Créteil, qui nous transfère parfois des hospitalisations intensives. Avec Advetia, dans le XIIe arrondissement à Paris, nos échanges sont réguliers : les services de neurologie et d’imagerie sont à peu près similaires, nous nous concertons même sur les plannings de vacances, afin d’avoir toujours un spécialiste disponible en région parisienne. »

Chaque année, le Centre hospitalier universitaire vétérinaire d’Alfort (Chuva) reçoit plus de 30 000 cas, comme pour l’année scolaire 2011-2012 : 21 000 chiens, 10 500 chats et 2 000 nouveaux animaux de compagnie (NAC) ont été vus en consultation. Pour Marc Gogny, directeur de l’ENVA, il importe que « les écoles conservent leur aura, en étant à la pointe de la médecine vétérinaire ». L’allongement du temps passé en clinique pour les étudiants et le recrutement de nouveaux spécialistes pour le Chuva (Christine Médaille en tant que directrice adjointe, Valérie Freiche comme praticienne hospitalière en médecine interne, ou encore Pascaline Pey en imagerie) confortent son objectif de « dynamiser l’enseignement en apportant des compétences complémentaires ». Un nouveau scanner de pointe complétera par ailleurs l’équipement technique. Outre les cliniques présentes sur le campus, l’enseignement de la médecine équine et des animaux de production bénéficie des sites décentralisés de référence que sont le Centre d’imagerie et de recherche sur les affections locomotrices équines (Cirale) et le Centre d’application en production animale (Capa), situés respectivement dans le Calvados et dans l’Yonne.

Depuis 2007, une convention de collaboration entre l’ENVA et la clinique équine de Grosbois a permis la mise en place d’un programme de résidence de chirurgie et la collaboration sur différents projets de recherche. Cette clinique rassemble les quelques vétérinaires équins du département, au cœur du domaine d’entraînement de Grosbois, à Boissy-Saint-Léger (410 hectares et jusqu’à 1 500 chevaux en période d’affluence hivernale). Les compétences des praticiens et l’équipement dont ils disposent (notamment un tapis roulant, deux salles de chirurgie dont l’une réservée aux interventions ostéo-articulaires et tendineuses, des boxes d’hospitalisation équipés de vidéosurveillance, etc.) leur permettent d’accueillir de nombreux cas référés et de proposer un service d’urgence en continu.

UNE ÉMULATION SCIENTIFIQUE ENTRE LES LABORATOIRES PRIVÉS…

Outre les laboratoires de diagnostic propres à l’ENVA, le département abrite deux établissements d’analyses vétérinaires bien connus des praticiens : celui de la branche française d’Idexx, installé depuis une dizaine d’années à Alfortville, et celui de Vébio (anciennement Vébiotel) situé à Arcueil depuis 30 ans. Pour Alexandra Briend-Marchal, sa directrice, « le cœur de notre métier est d’analyser les échantillons biologiques que nous envoient les vétérinaires, avec une approche scientifique et logistique de qualité, garantie par notre certification “bonnes pratiques de laboratoire” (BPL) ». Attachée à « l’émulation scientifique » développée par l’interaction permanente avec les praticiens qui font appel aux services de son équipe (composée de deux autres vétérinaires spécialisées, dix techniciens, une secrétaire et un attaché de recherche), elle travaille également avec les unités R&D des laboratoires pharmaceutiques. « Ils nous contactent pour analyser des échantillons prélevés sur les animaux de recherche, explique-t-elle. Nous avons par exemple examiné 200 lames de moelle osseuse à la recherche de leishmanies, ce qui permet de former l’œil à une détection microscopique plus fine des parasites. Nous participons aussi à l’interprétation des résultats, et aidons à l’élaboration de protocoles d’études précliniques. Chaque nouvelle demande nous oblige à bien connaître la physiopathologie, la bibliographie et les valeurs usuelles de l’espèce concernée par les examens. »

Les demandes concernant les NAC ou les animaux des parcs zoologiques sont plus ponctuelles, mais requièrent un important travail manuel, car les machines ne sont pas calibrées. « Dès que c’est possible, nous acquérons de nouvelles machines, que nous calibrons avec précision, ajoute la directrice de Vébio. Nous sommes toujours en croissance, ce qui représente un défi quotidien. »

… ET CEUX DE L’AGENCE NATIONALE DE SÉCURITÉ SANITAIRE

Deux des onze laboratoires de référence et de recherche de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sont situés à Maisons-Alfort, ainsi que la direction scientifique, pour laquelle un nouveau bâtiment est en construction sur le campus de l’ENVA. Ils fournissent un appui scientifique et technique aux autorités sanitaires et mènent des travaux de recherche en partenariat avec d’autres organismes.

Le laboratoire de santé animale a été le premier créé pour lutter contre les maladies infectieuses et contagieuses animales, en 1901. Aujourd’hui, ses activités s’articulent autour de trois pôles :

→ la maîtrise des grandes épizooties (notamment la fièvre aphteuse et la fièvre catarrhale ovine) ;

→ les zoonoses bactériennes, virales ou parasitaires, avec par exemple le laboratoire de référence de l’Union européenne pour les brucelloses et les maladies infectieuses équines ;

→ les maladies infectieuses animales émergentes pluriespèces comme les maladies vectorielles et les mycoses opportunistes.

Début 2012, il a ainsi caractérisé le nouveau virus Schmallenberg, et mis au point une méthode de détection sérologique.

Le laboratoire de sécurité des aliments, lui, s’intéresse aux contaminants biologiques (comme Listeria monocytogenes, pour lequel il possède un mandat national et européen) et chimiques (métaux lourds, pesticides, etc.) des aliments. C’est aussi le laboratoire central des services vétérinaires pour les Directions départementales de la protection des populations (DDPP) de la région parisienne (10 000 prélèvements sont par exemple analysés chaque année à la suite des contrôles effectués au marché de Rungis). Il héberge la plate-forme technologique Identypath, créée en 2010, chargée de l’identification et du typage par polymerase chain reaction (PCR) haut débit des agents pathogènes, lors de toxi-infections alimentaires, de maladies animales épizootiques ou de zoonoses.

L’ENVA héberge également plusieurs laboratoires de recherche, qui collaborent avec d’autres organismes scientifiques tels que les unités mixtes de recherche de cardiologie (UMR Inserm-université Paris Est-ENVA) ou de génétique fonctionnelle et médicale (UMR Inserm-ENVA).

  • 1 Enquête Insee (2012).

  • 2 Source : Annuaire Roy.

VÉTÉRINAIRES DU SUD PARISIEN : ENTRETENIR UN ESPRIT CONVIVIAL

L’association Vétérinaires du sud parisien vient de fêter ses 25 ans, autour d’un dîner qui a réuni une cinquantaine de confrères, à Montmartre. Créée par Guy Derouineau, praticien à Villejuif aujourd’hui retraité, elle s’adressait à l’origine aux seuls vétérinaires du Val-de-Marne et du sud des Hauts-de-Seine. Pour Christophe Vernet, son actuel président qui exerce à Rungis, l’objectif était dès le départ « de connaître ses voisins, pour favoriser la convivialité ». Un esprit qui perdure : « Notre but est de proposer des activités qui intéressent les praticiens, pour qu’ils sortent de leur clinique et prennent du plaisir à se rencontrer. Depuis une dizaine d’années, face à la prolifération d’offres en tout genre, nous avons élargi l’entrée à tous les vétérinaires d’Ile-de-France qui souhaitent participer. » Les sorties (comme la visite guidée du cimetière du Père Lachaise) alternent avec des conférences. « Même si nous faisons parfois appel aux laboratoires pour aider à financer les soirées, la force de l’association, c’est que nous n’avons rien à vendre ! » Prochaine réunion en décembre : « Nous parlerons d’alimentation avec notre consœur Géraldine Blanchard, autour d’un bon repas dans un lycée hôtelier. »

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr