Le “mésusage” des produits de santé en France pointé du doigt - La Semaine Vétérinaire n° 1556 du 18/10/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1556 du 18/10/2013

Consommation de médicaments

Actu

SANTÉ PUBLIQUE

Auteur(s) : Nathalie Devos

Un récent rapport1 milite en faveur d’une meilleure formation des médecins et des pharmaciens français, « bien mal préparés aux principes de base de la bonne prescription et du bon usage des produits de santé ».

Les dépenses liées aux médicaments [humains] en France restent nettement supérieures à celles d’autres pays européens », déclare Marisol Touraine lors d’une audition sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2014, devant la commission des affaires sociales de l’Assemblée, le 9 octobre dernier. La ministre des Affaires sociales et de la Santé explique que l’une des causes de ce constat est une surconsommation de médicaments, liée à un nombre plus élevé de prescriptions des médecins français par rapport à leurs homologues européens. De surcroît, « nous avons tendance à prescrire plus systématiquement la dernière molécule, même si elle ne représente pas une amélioration évidente dans le cas de la maladie concernée ». Une autre cause est « liée au fait qu’il y a moins de médicaments génériques », une piste à développer selon Marisol Touraine.

Notre pays, mauvais élève en Europe

Dans ses déclarations, la ministre s’appuie sur le rapport des professeurs Dominique Costagliola et Bernard Begaud, pharmacologues et épidémiologistes1, qui lui a été remis en septembre dernier. Selon eux, « la France est l’un des pays dans lequel les prescriptions et l’usage irrationnels sont les plus prévalents au niveau européen ». Un positionnement inchangé depuis de nombreuses années, précisent les auteurs, qui rappellent qu’en 2007, en comparaison de l’Allemagne, de l’Espagne, de l’Italie et du Royaume-Uni, notre pays se classait en tête pour six des neuf classes étudiées (dont les antibiotiques).

« Pour certains, ces statistiques attestent d’une meilleure qualité de prise en charge des soins en France, pour d’autres, elles signent une indiscutable gabegie. Mais bon nombre d’indicateurs ne plaident pas pour la première option, estiment les auteurs. C’est le cas des antibiotiques. Pendant de nombreuses années, la France s’est classée largement en tête pour la prévalence des souches bactériennes (staphylocoque, pneumocoque, etc.) résistantes aux antibiotiques de première intention. Ce classement des “mauvais élèves” était directement corrélé au niveau de la consommation d’antibiotiques. »

Autre constat des rapporteurs : en l’absence de messages clairs sur l’attitude à adopter par les praticiens, le retrait du marché ou le déremboursement (partiel ou total)? d’une spécialité ou d’une classe induit généralement son “remplacement” par des nouveautés, parfois mal tolérées, et qui ont pu être prescrites massivement à la place d’anciennes molécules.

Les auteurs relèvent aussi le retard de la France, par rapport aux pays d’Europe et d’Amérique du Nord, sur le croisement des sources d’informations (absence de base de données sur les motifs d’usage et les caractéristiques permettant de juger du bien-fondé d’une prescription) et le partenariat avec le monde de la recherche.

Doubler le temps moyen de formation sur le médicament

Le rapport souligne enfin les carences de la formation des professionnels de santé.

Selon une étude réalisée en 2006 auprès de 37 facultés de médecine françaises, un étudiant reçoit en moyenne 67,6 heures de formation à la prescription et à la gestion de la réponse thérapeutique aux médicaments, avec une grande disparité entre les établissements (59 % assurent moins de 68 heures de formation pendant les six années d’études). Une moyenne bien inférieure à celle en vigueur dans les facultés européennes, d’autant que la France est l’un des trois pays européens dans lesquels la pharmacologie clinique n’est pas reconnue comme une spécialité médicale. Les deux professeurs préconisent de porter ce total à 120 heures au minimum, selon les recommandations de l’Association européenne de pharmacologie médicale de 2003.

Par ailleurs, moins d’un médecin sur quatre remplit aujourd’hui ses obligations de formation. Ainsi, le développement professionnel continu (DPC) peine à se déployer, et « est certainement un des facteurs importants de prescription et d’usage inappropriés ».

Du côté des pharmaciens, le rapport mentionne « la quasi-absence de formation aux aspects “médicaments et santé publique” » (bases de la pharmaco-épidémiologie, évaluation de l’impact en santé publique, pharmacovigilance, etc.), d’après une enquête menée auprès de plusieurs facultés de pharmacie françaises. Par exemple, aucun des étudiants interrogés en fin d’études par les rapporteurs dans les facultés de Tours et de Bordeaux n’a entendu parler de la pharmaco-épidémiologie au cours de son cursus…

  • 1 Rapport sur la surveillance et la promotion du bon usage du médicament en France : http://www.social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_Begaud_Costagliola.pdf

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