Comme un coup de poignard dans le dos…

Le découplage des antibiotiques critiques demandé par le ministère de la Santé est un violent coup de poignard dans le dos pour notre profession¹. Celle-ci essuie les incohérences d’un conseil entendu jusqu’à Matignon, qui n’a d’ailleurs même pas vu la silhouette d’un sigle vétérinaire. Pour quelle pertinence ? Aucune.

Le cavalier seul de la Santé pour le découplage est d’autant plus surprenant que nos associations techniques vétérinaires se sont emparées du sujet depuis longtemps, avec notamment la rédaction de guides de bonnes pratiques. Elles appuient la démarche responsable et éclairée des praticiens, s’il fallait encore le prouver.

En réponse à cette situation de crise, l’argumentation se construit, s’étoffe, se pose, les initiatives des confrères naissent, vibrionnent, se propagent. Une homogénéité dans les actions et dans les lignes directrices paraît nécessaire afin d’appuyer la cohérence du discours dans notre profession. Bien entendu, chacun est libre de montrer son mécontentement en rendant le mandat sanitaire, en boycottant (ou non) les réunions administratives, en twittant, en surfant, etc. Attention néanmoins à ne pas laisser la porte ouverte à ceux qui verraient dans certaines actions de grève une façon de tirer profit de cet arrêt provisoire — par exemple sur la visite sanitaire ou la vaccination — et de récupérer un avantage pécuniaire.

À qui profite le crime, peut-on s’interroger ? Le monde de l’élevage y voit des conséquences délétères. Le consommateur final, mais également le citoyen n’en ressortiront pas gagnants. Un temps, les pharmaciens ont failli être pris pour cibles de cette épopée du découplage, alors qu’ils n’en sont pas à l’origine. Qu’ont-ils à y gagner dès cet hiver ? Ils ne sont d’ailleurs même pas prêts. Certes, quelques agitateurs ponctuels et récurrents de la pharmacie ont sauté à pieds joints sur le débat pour réarmer les torpilles…

Le prochain tempo d’action sera aussi celui donné par le conseil des ministres de novembre, en espérant que la mesure de découplage retourne à sa juste place, celle d’un rangement vertical à la corbeille ! Enfin, reste à appréhender les mois à venir avec la résurgence de potentiels lobbies parlementaires lors de la discussion de la loi.

• 1 Voir aussi en pages 14 et 15 de ce numéro.