« Ma femme voulait une autruche… » - La Semaine Vétérinaire n° 1555 du 11/10/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1555 du 11/10/2013

Pierre Hitier (A 66), éleveur d’autruches

Dossier

Auteur(s) : Frédéric Thual

Vétérinaire, homme politique et éleveur d’autruches ! Pierre Hitier a revendu sa clinique en 2002, après avoir abandonné la vie politique (il fut maire de Salles-d’Angles jusqu’en 1995 et vice-président du conseil général de Charente jusqu’en 1998). À 72 ans, il se consacre aujourd’hui entièrement à l’élevage d’autruches. « C’est venu un peu par hasard. Ma femme voulait une autruche comme animal de compagnie », raconte-t-il. Après avoir fait le tour des élevages en France et à l’étranger (États-Unis, Afrique du Sud, etc.), Pierre Hitier constate que la domestication de l’animal n’est pas évidente. Peu importe, il a une autre idée en tête. Héritier de terres agricoles tournées vers le cognac, il dispose de parcelles morcelées. Malmenée par l’économie japonaise, la production de spiritueux connaît des hauts et des bas au début des années 90. Alors, tout en maintenant une partie des terres en viticulture, en 1999, il décide de réserver un tiers de la surface (10 hectares) pour élever des autruches. « Ce n’est pas une espèce que l’on voit à l’école vétérinaire, mais tout ce que j’ai appris sur les diagnostics ou les affections m’est utile. Et ce n’est pas plus dangereux qu’un taureau, un aurochs ou une vache », constate-t-il. Aujourd’hui, il est à la tête d’une exploitation de 150 à 160 animaux et emploie deux salariés. Il existe une cinquantaine d’éleveurs en France. « Beaucoup sont devenus des amis et sont demandeurs de conseils. Je peux les aider à trouver des solutions comme dans le cas de cet élevage où quatre animaux sur dix avaient les pattes tordues. Finalement, on a mis en évidence un problème dans l’alimentation (une anomalie dans le ratio calcium/phosphore) », explique le vétérinaire, toujours inscrit à l’Ordre, ce qui lui permet d’obtenir des médicaments pour ses animaux.

Mais la filière est peu structurée. Alors, avec le concours de la FNSEA, il crée l’Association nationale des éleveurs d’autruches où l’on échange ses expériences. Car l’animal représente un vrai potentiel économique. La consommation de viande d’autruche progresse de 15 % par an. Or les exportateurs sud-africains, qui fournissent 70 % du marché européen, ont vu leurs expéditions bloquées par la découverte, en avril dernier, du virus de la grippe aviaire. « C’est le moment de prendre position, affirme le vétérinaire éleveur. D’autant que contrairement à d’autres animaux, tout se commercialise sur l’autruche. L’animal permet de fabriquer de nombreux produits dérivés, comme des cosmétiques, des conserves, etc. » À cet effet, Pierre Hitier a mis en place une formation de quatre jours à destination de futurs éleveurs. La première session sera organisée du 12 au 15 novembre prochain au lycée agricole de l’Oisellerie, à Angoulême. Au programme : la législation actuelle, les dispositions techniques à prendre pour monter un élevage d’autruches, la pathologie aviaire, les particularités de l’abattage et de la découpe du volatile, l’alimentation, etc., avec l’intervention de Jeanne Brugère-Picoux, professeur de pathologie du bétail et des animaux de basse-cour à l’école d’Alfort.

L’autruche futur animal domestique

Enfin, pour faire vivre son activité, Pierre Hitier a enrichi son exploitation avec un zèbre, un lama, un dromadaire, un yack, et il l’ouvre régulièrement au jeune public et aux personnes âgées. « C’est devenu une passion. De toute façon, vous n’exercez pas le métier de vétérinaire pour gagner de l’argent », dit-il. Aujourd’hui, son cheval de bataille est la reconnaissance de l’autruche comme animal domestique. Pas pour faire plaisir à sa femme, mais parce que ce changement de statut permettrait aux éleveurs de bénéficier d’aides à l’installation et d’avoir un accès plus aisé aux emprunts bancaires. À ce jour, ces élevages sont contrôlés par plusieurs ministères (Agriculture et Environnement, notamment). Un premier pas a eu lieu avec la reconnaissance de l’autruche comme animal domestique par l’Académie vétérinaire de France. Reste à convaincre le gouvernement qui, sollicité en juin dernier, a estimé que « la solution ne réside pas nécessairement dans le classement de l’autruche en animal domestique », mais plutôt « dans un dialogue constructif entre les représentants des éleveurs et les services des différents ministères compétents en vue de simplifier les démarches administratives ». Vous avez dit politique de l’autruche ?

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