« La rentabilité n’est pas mon souci »

Un cochon d’Inde, une tortue, des poissons, un hamster, des oiseaux… Très jeune, Frédéric Maison s’est passionné pour les animaux. Alors, quand à 18 ans il doit choisir une orientation, l’école vétérinaire s’est imposée comme une évidence. Et lorsqu’il réussit le concours d’entrée à Toulouse, on lui offre son premier chien : un lévrier irlandais (Irish wolfhound), inscrit au Livre des origines français (LOF). Ce sera le déclic. « J’ai toujours été intéressé par la reproduction, la sélection », explique Frédéric Maison, devenu aujourd’hui une référence pour cette race.

Parallèlement à la création de la clinique canine de Dury (Somme) dans les années 90, il achète une femelle Irish wolfhound, qui deviendra l’élément fondateur de son élevage, aujourd’hui composé de sept animaux. L’Élevage du grand chien de Culann – un nom inspiré d’une légende irlandaise – produit deux portées par an, soit une quinzaine de chiots, qui sont sélectionnés à partir de trois mois. Il en garde en moyenne un à quatre. De là à y voir une activité complémentaire, « c’est un bien grand mot ! C’est une passion qui me coûte de l’argent, comme d’autres font du golf », précise-t-il. Pour en faire une activité rentable, il faudrait posséder 20 ou 30 animaux, qui produisent une dizaine de portées par an. « Mais la rentabilité n’est pas du tout mon souci », explique le vétérinaire, qui se félicite d’avoir allié sa passion et son métier.

Se confronter aux problématiques des éleveurs

« L’avantage d’être vétérinaire, c’est bien entendu d’avoir l’expérience des maladies. Pour tout éleveur, le rêve est de disposer d’un vétérinaire sur place. L’élevage m’a permis d’approfondir ma pratique vétérinaire et inversement. » Au fil des années, Frédéric Maison est devenu président du Rassemblement des amateurs de lévriers d’Irlande et d’Écosse (Ralie), juge international auprès de la Fédération cynologique internationale (FCI) et formateur auprès de la Société centrale canine (SCC). Point d’orgue de cette activité, l’éleveur a remporté le titre de champion du monde 2010 à Bratislava (Slovaquie). Alors, quand il n’est pas à Seattle, à Moscou ou à Berlin en qualité de juge, on vient de loin pour le consulter. De France, bien entendu, mais aussi de Belgique, d’Allemagne, d’Italie et même d’Irlande. Ces visites représenteraient 50 % de l’activité de la clinique. « Pour être performant en élevage, il faut pratiquer. Beaucoup de vétérinaires sont impliqués dans la cynophilie. La France est un grand pays d’élevage qui produit le plus grand nombre de chiens à pedigree en Europe », affirme-t-il. Lui n’hésite donc pas à parcourir des centaines de kilomètres pour réaliser une saillie. « Et ça, c’est plutôt bien perçu par les éleveurs qui apprécient que l’on soit confronté à leurs problématiques quotidiennes. C’est toute la difficulté avec les scientifiques, dont le discours leur semble parfois éloigné des réalités, ce qui n’est pas sans causer des frictions ou des tensions. »