Effet nul d’une urémie élevée sur l’ovulation, la fécondation et la survie de l’embryon - La Semaine Vétérinaire n° 1554 du 04/10/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1554 du 04/10/2013

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS

Auteur(s) : Karim Adjou

L’urée est employée depuis longtemps dans l’alimentation des ruminants (à l’exclusion des autres animaux). En effet, les micro-organismes présents dans le rumen sont capables de recourir à cette source d’azote pour synthétiser des acides aminés utilisables par le ruminant.

Les éleveurs de bovins se servent de l’urée alimentaire en l’état pour corriger la ration de vaches laitières ou d’animaux à l’engraissement. Sa fréquence d’emploi sous cette forme est mal connue : 30 % d’utilisateurs probables pour les vaches laitières et quasiment aucun dans les autres productions.

OBJECTIF DE L’ÉTUDE

L’urée est une petite molécule capable de traverser les membranes cellulaires. Il est donc tout à fait normal d’imaginer que ce composé se diffuse dans le tractus reproducteur et la mamelle, quand sa dose sanguine est augmentée. Une récente étude irlandaise1, menée en deux étapes (voir tableaux) chez des génisses de race charolaise âgées d’un an et demi à deux ans, montre que des taux élevés d’urée dans le sang n’ont pas d’incidence directe sur l’ovulation, la fécondation et la survie embryonnaire.

Pour autant, cette étude ne semble pas révéler d’effets de l’urée sur l’ovulation, la fécondation et l’embryogenèse. Ses objectifs étaient en effet d’évaluer les conséquences d’une urémie élevée sur la réponse des ovaires à un traitement de superovulation, le taux de fécondation et le développement embryonnaire d’une semaine à un mois de gestation.

PROTOCOLE

Une soixantaine de génisses de race charolaise sont réparties équitablement en trois lots. Un premier groupe (lot témoin “haute énergie”) reçoit une ration à base d’ensilage d’herbe à volonté et 5 kg de concentrés par jour. Le deuxième groupe (lot 1, niveau élevé en énergie et en urée) reçoit la même ration et 250 g d’urée par jour. Enfin, le dernier groupe (lot 2, pauvre en énergie et élevé en urée) reçoit de la paille de blé à volonté, 250 g d’urée et 50 g d’un complément minéral et vitaminique par jour.

Les femelles sont synchronisées. Des blastocytes produits in vitro sont implantés chez les génisses une semaine après le constat des chaleurs. Elles conservent leur ration pendant 28 jours supplémentaires, jusqu’au diagnostic de gestation. Les femelles diagnostiquées gestantes reçoivent une injection de prostaglandines. Après un temps de transition de deux semaines (ensilage à volonté et 2 kg de concentrés par jour), elles sont de nouveau réparties dans les lots précédemment décrits.

À l’issue d’une nouvelle synchronisation, les génisses font l’objet d’un traitement “superovulatoire” et sont inséminées. Elles sont abattues trois jours après la seconde insémination. Les ovaires et l’appareil génital sont prélevés, et certains éléments ou données sont récupérés, comme les corps jaunes, les embryons, le nombre de cellules embryonnaires.

L’urémie est mesurée, grâce à un kit colorimétrique enzymatique, sur les prélèvements réalisés chez chaque génisse les jours de l’insémination artificielle, du transfert embryonnaire et du diagnostic de gestation.

RÉSULTATS

Les génisses du lot 2 maigrissent et perdent du poids par rapport à celles du lot 1 à la fin de la première expérience. Les concentrations sériques d’urée y sont également plus élevées. Les chercheurs expliquent ce résultat par un manque d’énergie fermentescible pour la synthèse des protéines microbiennes avec l’urée disponible.

Le profil de la ration n’a aucune incidence sur le taux de gestation. Cependant, la concentration sérique en urée est comparable à celle observée dans d’autres études, dans lesquelles elle est jugée comme la cause de l’infertilité observée, avec des rations à haut niveau protéique.

La ration du lot 2 n’a pas eu d’incidence sur les réponses au traitement superovulatoire et sur la fertilité. Le nombre d’embryons collectés est proche entre les trois lots. Toutefois, les charolaises du lot 2 en ont produit davantage que les autres groupes, avec des proportions comparables d’embryons avec huit cellules ou plus. Cette donnée suggère que le temps d’exposition à une dose élevée d’urée n’a pas été suffisamment long et/ou que les effets sur le développement de l’embryon sont graduels et ne se traduisent que plus tard, au cours du processus gestatif.

  • 1 V.P. Gath, M.A. Crowe, D. O’Callaghan, M.P. Boland, P. Duffy, P. Lonergan, F.J. Mulligan : « Effects of diet type on establishment of pregnancy and embryo development in beef heifers », Anim. Reprod. Sci., 2012 Aug ; 133 (3-4) : 139-145. doi : 10.1016/j.anireprosci.2012.06.019. Epub 2012 Jun 30.

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