Le Space fait face à la crise

L’affluence (+ 6 %) de l’édition 2013 du Space n’aura pas effacé les inquiétudes montantes et le mal-être des éleveurs français. La fréquentation record de visiteurs étrangers cette année (+ 12 %) confirme en outre la visibilité du Space à l’international.

En témoigne également l’arrivée mouvementée du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, attendu de pied ferme par des éleveurs particulièrement remontés. La veille, le Comité de liaison interprofessionnel de la volaille française avait tiré la sonnette d’alarme : « Sans décision rapide pour soutenir la filière, 50 000 emplois directs sont menacés. » L’inquiétude est la même du côté de la filière porcine où, malgré des cours corrects à 1,72 € actuellement et une position de leader européen, la production française a chuté de 20 % au cours des cinq dernières années. « Nous avons perdu des parts de marché, les trésoreries n’ont jamais été aussi dégradées. Il est urgent d’agir pour la filière porcine, sinon nous serons rayés de la carte », a in­lassablement répété Philippe Bizien, président du Comité régional porcin (CRP). Pour lui, la réduction des faiblesses actuelles du secteur repose sur trois enjeux stratégiques : l’application effective de l’étiquetage d’origine, la modernisation des élevages porcins et l’abolition de l’écotaxe.

Une politique nationale agricole en chantiers

Le Premier ministre a rappelé les différents chantiers menés par le gouvernement depuis un an et les trois mesures phares de la future politique agricole et agro-alimentaire : favoriser l’installation des jeunes, prendre des dispositions pour limiter la consommation du foncier agricole, lancer une concertation en faveur de l’évolution de l’enseignement agricole. En attendant l’organisation d’une transition vers un nouvel équilibre des productions et des débouchés dans le respect des règles communautaires, Jean-Marc Ayrault a dit vouloir répondre à l’urgence de la crise. « Le choc de simplification doit passer par le monde agricole », a-t-il souligné en annonçant un certain nombre de mesures, dont l’évolution de la réglementation des zones en excédent structurel (ZES) réclamée par les éleveurs, la dispensation d’enquêtes publiques pour l’extension de certains élevages, le déblocage d’aides d’urgences pour le secteur de la volaille, etc. Il a en outre lancé un appel aux élus bretons pour formaliser la mise en œuvre d’un “plan Bretagne” avant la fin de l’année.

En vue de moderniser, de favoriser la transition écologique et la création de valeur ajoutée, mais aussi de retrouver une certaine compétitivité, une enveloppe de 2,7 milliards d’euros serait à mettre en œuvre, parmi lesquels 800 millions en fonds propres et 600 millions en prêts déjà engagés par la Banque publique d’investissement (BPIfrance).

L’innovation privilégiée et primée

Dans un contexte tendu et un environnement en pleine introspection, le Space a fait la part belle aux innovations. Parmi les 1 400 exposants du salon, 178 candidatures ont été enregistrées. Le jury a sélectionné 64 produits. Une cinquantaine d’entre eux ont reçu une distinction. Cinq ont été primés pour des solutions concernant le bien-être animal à travers l’euthanasie, des logiciels et des matériels tels qu’une cage de pesage, une technique d’éco-épandage avec la mise en place d’une certification. À travers la méthanisation, l’agriculture biologique, la transition agro-écologique des élevages, l’élimination des algues vertes, la création d’une monnaie CO₂ ou encore l’émergence d’une Milk Valley en Bretagne, les questions environnementales ont été au cœur des débats en vue d’une nécessaire nouvelle agriculture en France.