L’ostéochondrose chez le cheval - La Semaine Vétérinaire n° 1552 du 20/09/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1552 du 20/09/2013

Formation

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Erin Gillam

L’ostéochondrose est une maladie du développement relativement courante qui affecte le cartilage et les os dans les articulations des chevaux. Cette affection est le résultat d’un défaut d’ossification endochondral. Le cartilage dans les articulations atteintes d’ostéochondrose ne se développe pas normalement. Irrégulier en épaisseur, il entraîne le développement de volets ou de fragments de cartilage et d’os qui peuvent rester partiellement attachés à l’os, ou se détacher et flotter dans l’articulation. On parle alors d’ostéochondrite disséquante (OCD). L’affection peut aussi se présenter sous la forme de kystes osseux sous-chondraux. Enfin, les fragments ostéochondraux sont fréquents, notamment dans le carpe et le boulet. Ces lésions sont souvent confondues avec des lésions d’OCD alors qu’elles sont purement d’origine traumatique. L’ostéochondrite disséquante, les kystes et les fragments ostéochondraux provoquent une inflammation et peuvent, avec le temps, conduire à l’apparition d’arthrose.

L’ostéochondrose est habituellement causée par une combinaison de plusieurs facteurs qui agissent ensemble :

> une croissance rapide ;

> le poids du cheval ;

> la nutrition, avec des régimes riches en énergie ou qui affichent un déséquilibre en minéraux (régimes à faible teneur en cuivre, déséquilibre calcium/phosphore) ;

> la génétique, avec des lésions d’OCD partiellement héréditaires. Les prédispositions varient entre les races (trotteurs : de 10 à 35 % ; chevaux de selle : de 15 à 25 % ; pur-sang : 4 %) ;

> les déséquilibres hormonaux : l’insuline et les hormones thyroïdiennes ;

> les traumatismes et l’exercice (y compris de routine) sont souvent impliqués dans la formation et le détachement des fragments d’OCD.

PRÉSENTATION CLINIQUE

L’ostéochondrose provoque des signes cliniques dans 5 à 25 % des cas, et concerne toutes les races. Le signe le plus commun est une distension de l’articulation chez le jeune cheval. À partir de l’âge de cinq mois, des manifestations peuvent être observées, ou n’apparaître qu’à la mise à l’entraînement. Le grade de boiterie varie selon l’emplacement et la gravité des lésions cartilagineuses. La plupart des chevaux sont sains au pas, mais peuvent afficher une discrète boiterie à des vitesses supérieures ou dans des situations particulières. Si l’ostéochondrose affecte presque toutes les articulations, elle est le plus souvent diagnostiquée dans les jarrets, les grassets et les boulets.

DIAGNOSTIC

Les chevaux qui souffrent d’une boiterie sévère associée à une distension articulaire ont probablement un problème plus sérieux et nécessitent une consultation d’urgence. Un cheval atteint simplement d’une distension articulaire doit être examiné afin de diagnostiquer l’OCD et d’écarter les autres causes. Pour chaque articulation, il existe des sites de prédilection pour les lésions d’OCD (voir tableau 1). Ces dernières sont faciles à diagnostiquer, soit par des vues radiographiques spécifiques, soit par échographie. Les lésions d’OCD étant souvent bilatérales, les radiographies de l’articulation opposée doivent être réalisées en même temps, même s’il existe peu ou pas de distension dans cette articulation. De temps en temps, un fragment d’OCD est fait entièrement de cartilage (pas d’os) et ne peut donc pas être décelé à la radiographie. Seul un défaut dans l’os principal est observé dans ce cas.

TRAITEMENT

Le traitement idéal est le retrait chirurgical de l’os et du cartilage anormal. La technique la plus courante utilisée pour éliminer les fragments d’OCD est l’arthroscopie. L’âge auquel les animaux sont opérés varie selon l’articulation atteinte. Il faut repousser l’intervention jusqu’à ce que l’os sous-chondral ait atteint sa maturité afin d’éviter l’opération des lésions immatures qui pourraient, soit s’améliorer avec le temps, soit se dégrader. En règle générale, il faut considérer que le jarret est mature à partir de cinq mois d’âge et le grasset à partir de onze mois. Pour le boulet, les études sur l’âge où l’os sous-chondral atteint sa maturité n’ont pas encore été réalisées.

Les recommandations postopératoires dépendent de l’emplacement et de la gravité de l’ostéochondrite disséquante et des lésions de cartilage associées. En effet, un minimum de deux mois est requis pour la mise en place du fibrocartilage (tissu cicatriciel) au niveau de la lésion. Une période de repos, suivie d’une reprise progressive de l’exercice, est donc toujours indiquée. Le retour complet à l’entraînement peut nécessiter plusieurs mois. Des pansements postopératoires sont à prévoir, ainsi que des anti-inflammatoires. Après l’intervention, l’examen de suivi et le retrait des points sont pratiqués par le chirurgien qui fournira en outre des recommandations spécifiques à chaque cas.

PRONOSTIC

Le pronostic sportif est bon à excellent pour la plupart des lésions d’OCD traitées chirurgicalement. Le tableau 2 énumère les pronostics sportifs étudiés à ce jour en fonction de l’articulation atteinte et de la sévérité des lésions observées sous arthroscopie. Certaines articulations, telles que l’épaule et le coude, bénéficient d’un pronostic plus réservé. Dans tous les cas, une résolution à long terme de la distension articulaire n’est obtenue que chez 60 à 80 % des animaux. En général, si la lésion d’OCD n’est pas traitée, le pronostic sportif, de moyen à long terme, sera diminué. Il est important de discuter des résultats attendus, y compris de l’apparence esthétique de l’articulation opérée, avec le chirurgien lors de la sélection du traitement.

CONCLUSION

Chaque lésion d’OCD, kystique et ostéochondrale est unique. Dans tous les cas, le pronostic sportif est conditionné à la sévérité des lésions cartilagineuses engendrées par ces affections. L’objectif doit être d’éliminer les fragments avant qu’elles ne causent plusieurs lésions cartilagineuses. Les dommages cartilagineux restent irréversibles et prédisposeront l’articulation à l’ostéoarthrose. À long terme, ce sont les dommages collatéraux et l’ostéoarthrose secondaire à l’OCD qui mettront fin à la carrière des chevaux athlètes.

Pour en savoir plus

> Auer JA, Stick JA « Equine surgery ». 4e éd. Saunders Elsevier, St-Louis. 2011.

> McIlwraith CW, Nixon AJ, Wright IM et Boening KJ « Diagnostic and surgical arthroscopy in the horse ». 3e éd. Mosby Elsevier, Philadelphia. 2005.

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