Diagnostic de la dermatite atopique canine - La Semaine Vétérinaire n° 1551 du 13/09/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1551 du 13/09/2013

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Didier-Noël Carlotti*, Thierry Olivry**, Laurent Masson***

Fonctions :
*Article rédigé d’après une conférence présentée aux journées du Gedac 2011 et réactualisée.

La dermatite atopique canine (DAC) peut être définie comme une ma­ladie dermatologique allergique inflammatoire et prurigineuse, à prédisposition génétique, caractérisée par un aspect clinique associé à des anticorps de type immunoglobine E (IgE), dirigés contre des allergènes environnementaux. En clientèle, l’hypothèse d’atopie vient assez rapidement devant un chien qui se gratte de façon chroni­que. Cependant, la dermatite atopique canine est un défi non seulement diagnostique, mais aussi thérapeutique.

ÉPIDÉMIOLOGIE

La DAC est la première ou la deuxième cause de prurit, juste devant ou derrière la dermatite par allergie aux piqû­res de puces (DAPP). D’après des études épidémiologiques, Didier-Noël Carlotti estime que sa prévalence est de 10 % et qu’elle représenterait 20 % des dermatoses canines. Les données récentes ne montrent pas de prédisposition sexuelle. Même si la DAC peut toucher le chiot comme le chien plus âgé, le diagnostic est établi entre un et six ans dans 75 % des cas. Les lésions sont précoces, notamment chez le shar pei et le bouledogue français. Des travaux montrent de multiples prédispositions raciales, mais leurs résultats n’ont qu’une portée locale. Cependant, des tendances se dégagent : le boxer, le labrador, le golden retriever, le westie et sans doute certains brachy­céphales de petite taille (bouledogue français, shih tzu) et le shar pei sont plus fréquemment touchés.

En ce qui concerne le rôle joué par les aéroallergènes, des variations géographiques existent. Néanmoins, l’implication des acariens de poussière et des antigènes épidermiques est retrouvée aux États-Unis comme en Europe. En pratique, 50 à 80 % des chiens atopiques sont sensibilisés à Dermatophagoides farinae, plutôt en automne. La sensibilité aux moisissures est, quant à elle, printanière et automnale. En cas de sensibilisation à des pollens, il convient de confronter la chronologie des signes cliniques avec la flore locale et la pollinisation1.

PARTICULARITÉS RACIALES

Peut-être parce que moins connues, notre confrère insiste sur les variations symptomatologiques en fonction des races. La DAC doit ainsi être suspectée dans les cas suivants :

– une séborrhée grasse chez le berger allemand, le lhassa apso, le westie, le cairn terrier, le basset hound et le shih tzu ;

– un prurit dorso-lombaire chez les terriers à membres courts (westie, cairn terrier) ;

– une dermatite pyotraumatique ou des fistules interdigitées chez le labrador ;

– des infections à levures chez le boxer ;

– un syndrome de prolifération bactérienne ou une dermatite à Malassezia avec pigmentation de la peau, ou une otite externe et une atteinte ventrale chez le berger allemand ;

– une otite externe chez le beagle et le jack russell terrier ;

– une atteinte faciale chez le boxer et le bouledogue français ;

– une atteinte dorsale chez le shar pei.

DIAGNOSTIC

Les hypersensibilités croisées peuvent dérouter le clinicien : comme la DAC prédispose à la DAPP, les chiens atteints par celle-ci sont donc à exclure des études épidémiologiques sur la DAC. Il en est de même pour les allergies alimentaires, rencontrées dans environ un quart des DAC.

Pour Thierry Olivry, il convient de suspecter la maladie devant une anamnèse et des critères épidémiologiques compatibles, et certaines caractéristiques cliniques, après l’élimination d’autres dermatoses (surtout la gale sarcoptique) et la réalisation de tests allergologiques permettant de distinguer la DAC de la dermatite atopique-like. Ces caractéristiques cliniques sont :

– un prurit lésionnel dès le plus jeune âge ;

– des infections cutanées et auriculaires récurrentes ;

– des symptômes qui évoquent un terrain allergique, comme une rhinite, un reverse sneezing ou une conjonctivite ;

– une dermatose saisonnière ou un prurit permanent avec un pic saisonnier ;

– un érythème primaire en plaques avec des petites papules, sans pustules, localisé surtout sur la face ou les conques auriculaires ;

– une atteinte bilatérale, privilégiée au niveau des plis (surtout le coude et le poignet), des oreilles (à part les bords), du pourtour des yeux et des lèvres, des espaces interdigités. Il existe des variations racia­les2, mais cette distribution caractéristique est la même, quel que soit le type de poils, « même chez les chiens nus », précise notre confrère. Avec la chronicité, ce phénotype change et les lésions s’étendent : « Il est donc important de demander au propriétaire comment cela a débuté. »

Citant l’étude de Favrot et coll. (2010), Thierry Olivry rappel­le que la présence de cinq critères sur les huit suivants induit une sensibilité de 85 % et une spécificité de 79 % en faveur d’une atopie :

– l’apparition des premiers symp­tômes avant l’âge de trois ans ;

– un chien qui vit plutôt en appartement ;

– un prurit corticosensible ;

– des infections chroniques ou récidivantes par des levures ;

– une atteinte des membres antérieurs ;

– une atteinte des conques auriculaires ;

– des bords d’oreilles épargnés ;

– une zone dorso-lombaire indemne.

En outre, après l’élimination de la gale et de la DAPP, la spécificité de ces critères augmente.

En ce qui concerne les tests d’allergie, Thierry Olivry insiste sur leur intérêt pour différencier la dermatite atopique de la dermatite atopique-like quand les propriétaires sont prêts à envisager une immunothérapie. L’intradermoréaction (IDR) et les examens sérologiques donnent des résultats semblables et ne permettent pas de distinguer un chien atopique d’un chien sain. Les IDR sont positives plus tardivement pour atteindre un plateau lors de forte sensibilisation. Les IgE augmentent très vite, mais redescendent et remontent rapidement lors d’une nouvelle “crise”. Selon notre confrère, « il faudrait réaliser les deux pour être précis ». Mais, dans tous les cas, fonder son diagnostic de dermatite atopique juste sur des tests allergologiques serait une source d’erreur.

  • 1 Voir le site www.rnsa.fr

  • 2 Wilheim, Vet. Derm. 2001, 22 (2).

QUID DE LA DERMATITE ATOPIQUE FÉLINE ?

Pour certains vétérinaires dermatologues, un chat atopique est un animal qui développe une dermatose prurigineuse non parasitaire, non fongique, non liée à une hypersensibilité aux piqûres de puces ou alimentaire, et qui présente des tests cutanés positifs à des extraits d’aéroallergènes ou des résultats positifs de dosage d’IgE spécifiques d’aéroallergènes. Il s’agit donc d’un diagnostic par exclusion.

Cliniquement, ces chats présentent une dermatite miliaire, des lésions du complexe granulome éosinophilique, une alopécie extensive ou un prurit cervicofacial, avec éventuellement une otite. Selon Didier-Noël Carlotti, la dermatite atopique féline devrait simplement être considérée comme une entité clinique prurigineuse et corticosensible, qui se caractérise par un érythème facial et podal, chez un chat jeune. À ce jour, aucune donnée épidémiologique n’est validée.

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