Un cas de dystocie chez un agame barbu - La Semaine Vétérinaire n° 1550 du 06/09/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1550 du 06/09/2013

Formation

NAC

Auteur(s) : Marianne Verry*, Samuel Sauvaget**, Emmanuel Risi***

Fonctions :
*praticiens au CHV Atlantia, à Nantes (Loire-Atlantique)
**praticiens au CHV Atlantia, à Nantes (Loire-Atlantique)
***praticiens au CHV Atlantia, à Nantes (Loire-Atlantique)

CAS CLINIQUE

Anamnèse

Un agame barbu femelle (Pogona vitticeps) primipare de cinq ans est présenté en consultation pour apathie et suspicion de rétention d’œufs depuis quelques jours. Un accouplement a été observé un mois plus tôt. Une autre femelle, mise en contact simultanément avec le même mâle, a déjà pondu une semaine auparavant. L’animal vit dans un terrarium éclairé avec un néon UVB, à l’intérieur duquel une lampe chauffante assure 40 °C au point chaud et 28 °C au point froid. L’air est sec et le substrat se compose de copeaux de bois. Le reptile a accès à une cachette.

Examen clinique

L’agame barbu est apathique. Aucune anomalie buccale ni stomatite n’est détectée. Le squelette appendiculaire est intact. Le Doppler indique une fréquence cardiaque normale. La palpation abdominale révèle une cavité cœlomique fortement dilatée par des masses ovoïdes, fermes, qui correspondent probablement à des œufs calcifiés.

Examens complémentaires

Des radiographies de face et de profil de l’abdomen permettent de visualiser une dizaine d’œufs, au contour régulier, peu radiodenses et de même taille. L’hypothèse d’une rétention d’œufs postovulatoire est donc privilégiée.

Traitement

La décision est prise de tenter en première intention un traitement médical à base de calcium (100 mg/kg, par voie intramusculaire) et d’ocytocine (5 UI/kg, par voie intramusculaire). L’animal est également mis au chaud et réhydraté par voie intracœlomique (10 ml/kg). Au total, cinq injections d’ocytocine sont pratiquées, à deux heures d’intervalle, un œuf ayant été pondu après chacune des quatre premières. La ponte s’est arrêtée après la dernière injection et une ovariosalpingectomie est alors acceptée par le propriétaire. L’anesthésie est induite à l’alfaxalone (5 mg/kg, par voie intraveineuse), puis le lézard est intubé avec une sonde de 2 mm. Le relais de l’anesthésie est pris par du sévoflurane (3 %) entraîné par un débit d’oxygène à 1 l/min.

Comme le reptile ne respire pas spontanément de façon satisfaisante, il est relié à un ventilateur réglable en pression. Un électrocardiogramme est mis en place pour le monitoring cardiaque. Une cœliotomie paramédiane est pratiquée en prenant garde à ne pas léser la veine ventrale médiane. Une ligature est posée au pôle vasculaire de chaque ovaire avec du fil tressé résorbable 4/0. Puis une autre ligature est placée à la jonction entre chacun des deux salpinx et le cloaque avec ce même fil. L’exérèse des deux ensembles ovaire et salpinx qui contiennent les œufs est réalisée. La cavité cœlomique est ensuite refermée grâce à un surjet en U éversant avec du fil monofilament résorbable 4/0. L’animal, qui reprend une respiration spontanée, peut être extubé au bout de 30 minutes après l’arrêt du sévoflurane. Le réveil a lieu en terrarium chauffé à 35 °C et avec une source d’UVB. Au bout de 48 heures postopératoires, après 24 heures de léthargie, l’animal, redevenu alerte, est rendu à son propriétaire.

DISCUSSION

Distinguer une dystocie d’une gestation normale chez le lézard peut se révéler difficile. L’anorexie et le développement d’un abdomen volumineux sont des signes normaux chez un lézard femelle gravide en fin de gestation et il suffit souvent de prodiguer des conditions favorables à la nidation pour que la ponte se produise. Seule l’attitude de l’animal aide à déterminer s’il y a ou non une dystocie. Les lézards gravides normaux, bien que souvent anorexiques, sont toujours alertes et actifs, alors que ceux en rétention d’œufs deviennent rapidement apathiques. Si cette apathie survient, la dystocie doit être corrigée, car elle est le plus souvent mortelle en l’espace de quelques jours. Notons que l’ocytocine est d’une efficacité inconstante chez les lézards et maximale dans les 48 premières heures de l’oviposition.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr