L’imépitoïne pas plus efficace, mais plus souple et mieux tolérée

Aucun traitement contre l’épilepsie canine n’a été développé depuis un siècle. À ce titre, les comprimés Pexion® à 100 et 400 mg d’imépitoïne lancés par Boehringer Ingelheim constituent une solution alternative aux barbituriques, qu’il s’agisse du phénobarbital (Phenoleptil®) ou de la primidone (Mysolane®). Car les effets indésirables de ces molécules, notamment sédatifs, peuvent conduire à reporter la mise en place d’un traitement au long cours tant que les crises d’épilepsie sont supportées par le propriétaire de l’animal.

L’intérêt de cette alternative réside surtout dans la tolérance. L’incidence des effets indésirables chez les chiens traités par l’imépitoïne est diminuée de moitié par rapport à celle des deux barbituriques, notamment pour la sédation (10 % versus 25 %) et la polyuro-polydipsie. Les taux des enzymes hépatiques croissent avec la dose de barbiturique. Aucune élévation de ces derniers n’est observée avec l’imépitoïne.

Une élimination rapide

Le profil pharmacocinétique de ce nouvel anticonvulsivant est marqué par une élimination beaucoup plus rapide que le phénobarbital, avec une demi-vie de 1,5 à 2 heures. Deux prises par jour sont donc nécessaires (à 10 mg/kg par prise à la dose initiale, et jusqu’à 30 mg/kg par prise à la dose maximale).

Mais ces comprimés peinent à montrer une efficacité dite « non inférieure » au phénobarbital, le traitement de référence de l’épilepsie canine. Contrairement au barbiturique, il n’est pas nécessaire d’attendre une semaine, voire davantage, pour atteindre un état d’équilibre, ni a fortiori de doser la concentration sérique pour effectuer des ajustements posologiques. Dès les premières 24 ou 48 heures, la dose peut être augmentée, au maximum jusqu’à 30 mg/kg par prise, si les crises épileptiques continuent à survenir de façon rapprochée. L’imépitoïne est donc d’un usage plus souple.

Cette flexibilité n’a toutefois pas pu être mise à profit dans l’essai multicentrique randomisé par comparaison avec le phénobarbital. En effet, ce dernier nécessite une longue phase d’ajustement, qui a duré en l’occurrence 8 semaines au total : à 10, 20 ou 30 mg/kg/12 heures d’imépitoïne ou à 2, 4 ou 6 mg/kg/12 heures de phénobarbital. Cela semble avoir généré de nombreux cas perdus de vue, d’écarts par rapport au protocole ou de retraits de l’essai, voire d’inefficacité dans le lot “imépitoïne” (^{voir graphique}). À l’issue de cette première phase, les chiens ont été suivis à l’aveugle pendant 12 semaines.

Une non-infériorité de justesse

Dans la première analyse statistique, 45 % des 116 chiens du lot imépitoïne en sont exclus, soit 2,5 fois plus que dans le lot “phénobarbital” (20 %). Pour les 64 chiens restants du lot “imépitoïne” et les 88 traités par le barbiturique, le nombre de crises mensuelles – le critère principal d’efficacité retenu – diminue de 2,3 ou 2,4 crises par mois avant le traitement à 1,1 par mois après, dans les deux lots. Cette analyse conclut de justesse à la non-infériorité de l’imépitoïne par rapport au phénobarbital.

Sur les autres critères, les résultats de l’imépitoïne sont légèrement inférieurs à ceux du phénobarbital (^{voir graphique}).

Seconde analyse

À la demande de l’Agence européenne du médicament (EMA), une seconde analyse statistique a été réalisée, en ajoutant de nombreux cas exclus dans la première étude, soit au total 93 chiens pour le lot “imépitoïne” (80 % des cas inclus) et 102 pour le lot “phénobarbital” (93 % des cas inclus). Ses résultats sont moins favorables à l’imépitoïne (^{voir graphique}).

La boîte de 100 comprimés sécables d’imépitoïne (vrac) est référencée en centrales à environ 25 € HT pour le dosage en 100 mg et à 48 € pour celui à 400 mg.

• Source : rapport d’évaluation de l’Agence européenne du médicament sur Pexion®.