Les virus respiratoires équins sur le terrain - La Semaine Vétérinaire n° 1548 du 12/07/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1548 du 12/07/2013

Formation

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : RICHARD CORDE*, ÉRIC RICHARD**, MARINE NEVEUX***

Fonctions :
*praticien à la clinique équine de Grobois, à Boissy-Saint-Léger (Val-de-Marne). Article tiré des conférences présentées lors du symposium européen organisé par Zoetis à Deauville (Calvados), le 21 juin 2013.
**laboratoire Frank Duncombe (Calvados). Article tiré des conférences présentées lors du symposium européen organisé par Zoetis à Deauville (Calvados), le 21 juin 2013.

ÉTUDE DES HERPÈSVIRUS EHV-5 ET EHV-2

Les herpèsvirus sont ubiquitaires. La pathogenèse comporte encore des zones d’ombre.

→ EHV-5 pourrait être impliqué dans la fibrose pulmonaire multinodulaire équine (equine multinodular pulmonary fibrosis), les pharyngites et les conjonctivites. Cette fibrose n’est pas une maladie émergente, mais elle est nouvellement identifiée. Elle touche majoritairement les chevaux adultes et ne semble pas contagieuse (pas d’effet d’écurie). Face aux signes cliniques, il est important d’exclure la recurrent airway obstruction. Les vétérinaires suspectent en effet cette affection en première intention, et il convient de penser aussi aux autres infections et aux pneumonies. La polymerase chain reaction (PCR) peut être réalisée sur des prélèvements nasaux (recherche d’EHV-5), l’histopathologie permettant de confirmer le diagnostic. Une incertitude persiste quant au lien entre la détection du virus et sa réelle implication dans la maladie. Le pronostic est mauvais et les traitements disponibles sont onéreux.

→ EHV-2 est également étudié dans l’espèce équine. Les fluides respiratoires de 708 chevaux qui présentaient de mauvaises performances ont ainsi été comparés à ceux de chevaux sains. Or la prévalence d’EHV-2 chez les premiers apparaît plus élevée que chez les seconds. Sa recherche mérite donc d’être envisagée lors de contre-performances.

ÉTUDE D’UN FOYER DE GRIPPE ÉQUINE

Un cas d’influenza équine est identifié, le 7 mai 2012, chez un cheval ayant participé au jumping du Touquet. Cette date coïncide avec l’arrivée des premiers chevaux en provenance de ce même concours à La Baule, engagés dans le concours de saut international officiel (CSIO). Le lendemain, contact est pris avec la Fédération équestre internationale (FEI). La première décision consiste à regrouper tous les chevaux qui ont participé au jumping du Touquet dans une écurie séparée. Dès le premier jour, des recommandations sont transmises aux concurrents et à l’équipe de la FEI.

Une prise de température rectale est instaurée, deux fois par jour, sous contrôle vétérinaire. Des échantillons sont recueillis chez les chevaux français et étrangers qui l’acceptent. 60 prélèvements sont ainsi collectés. La feuille de déclaration du Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine (Respe) est utilisée.

Le 12 mai, trois chevaux se révèlent positifs à la PCR, au niveau de l’écurie baptisée “Touquet”. Il est donc décidé de les exclure de la compétition. Les discussions sont vives, car ces chevaux étaient en période de présélection pour les jeux Olympiques (JO).

Tous les chevaux de l’écurie “Touquet” sont déplacés et elle est désinfectée. Une écurie de quarantaine est alors mise en place, qui présente l’avantage d’être éloignée des autres. Un cheval français y présente une température de 38,9 °C. Il est immédiatement transporté à la clinique vétérinaire pour des examens. Un premier écouvillon nasal se révèle négatif à la PCR. Le traitement instauré est alors symptomatique.

Gestion de la crise

L’équipe du Respe a mis en œuvre les mesures à prendre, et la gestion s’est jouée de concert avec l’équipe de la Fédération française d’équitation (niveau national) et celle de la Société hippique française (plan local) présentes à La Baule. Un contact quotidien est assuré avec la FEI, les concurrents et les journalistes (réunions avec les managers des équipes).

Les chevaux français présélectionnés pour les JO de Londres n’ont pas participé aux épreuves, ce qui n’a pas été bien pris par les autres équipes. Un cheval asymptomatique, mais positif à la PCR, a été exclu.

Au final, le succès de la gestion d’un tel événement sanitaire repose sur l’échelon local, qui s’est révélé proactif. Cela souligne aussi l’importance de la communication interne et externe lors d’une crise et démontre le bénéfice de la vaccination.

Un autre épisode grippal a touché le domaine de Grosbois, dans le Val-de-Marne. L’existence d’écuries de quarantaine a facilité le suivi des recommandations.

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