Exploration de la fonction digestive chez le chat - La Semaine Vétérinaire n° 1548 du 12/07/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1548 du 12/07/2013

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : JÖRG STEINER*, SOPHIE VIGNERON**

Fonctions :
*diplomate Acvim, université du Texas (États-Unis). Article tiré d’une conférence présentée lors du Scientific Meeting de Royal Canin, en mars 2013.

Que faire face à un chat âgé qui présente des signes chroniques de maladie gastro-intestinale ? Explorer la fonction digestive peut permettre au praticien d’établir le bon diagnostic. De plus, des tests récemment développés améliorent le dépistage, la prise en charge et le suivi des animaux. Les paramètres à prendre en compte, lors de l’interprétation d’un examen, sont sa sensibilité et sa spécificité, ainsi que la prévalence de la maladie dans la population. Les valeurs prédictives positives et négatives dépendent de ces trois éléments. Dans l’idéal, un test diagnostique est sensible et spécifique, et il est réalisé dans une population où la prévalence de l’affection est élevée.

EXPLORATION DU FOIE

→ La fonction hépatobiliaire est évaluée en mesurant l’activité de plusieurs enzymes : l’alanine aminotransférase (Alat), l’aspartate aminotransférase (Asat), la phosphatase alcaline (PAL) et la γ-glutamyltransférase (γGT, voir tableaux 1 et 2). Leur augmentation est considérée comme cliniquement significative si elle est supérieure à une fois et demie la norme supérieure. La durée de cette hausse compte également : un chat qui présente une élévation modérée mais persistante depuis plusieurs mois doit faire l’objet d’une investigation.

→ Le praticien peut également tester la fonction hépatocellulaire. Le foie synthétise l’albumine, le cholestérol et l’urée, et doit avoir des capacités de synthèse conservées. A contrario, pour l’homéostasie du glucose et des facteurs de la coagulation, ses réserves fonctionnelles peuvent être basses. Ainsi, lors d’insuffisance hépatique, il y a, dans cet ordre, une diminution de la concentration en albumine, en cholestérol et en urée, de la densité urinaire, du glucose et des agents de la coagulation. Toutefois, ces données sont peu sensibles. En effet, 75 % du foie doit être atteint pour donner lieu à une baisse de ces paramètres, en raison de sa grande capacité de régénération. Le dosage des acides biliaires permet d’explorer la capacité des hépatocytes à les capter dans la circulation sanguine porte. Lors d’insuffisance hépatique et de cholestase, les acides biliaires ne peuvent être extraits du sang. Dans les périodes préprandiale et postprandiale, ces valeurs sont le plus souvent augmentées. Ce dosage ne peut être interprété lors d’ictère.

EXPLORATION DU PANCRÉAS

La pancréatite est relativement fréquente chez le chat. Or elle est difficile à diagnostiquer en raison des signes cliniques peu spécifiques que sont l’abattement, l’anorexie et la déshydratation. De plus, le diagnostic fondé sur l’activité sérique de l’amylase et de la lipase manque de sensibilité et de spécificité dans cette espèce. Il en est de même de la feline trypsin-like immunoreactivity (fTLI). Deux tests sont actuellement accessibles : le premier donne une valeur de la lipase féline spécifique du pancréas (fPL). Il s’agit du Spec® fPL, disponible en laboratoire. Le second test est le Snap® fPL, utilisable à la clinique en routine. Avec celui-ci, le résultat s’affiche sous la forme d’un spot coloré, à comparer au spot témoin, et qui signale la positivité ou la négativité de l’examen. Quand l’échantillon se révèle négatif, le praticien considère l’animal comme non malade. En revanche, en cas de positivité, il convient de noter qu’il peut s’agir d’une pancréatite, mais aussi d’une autre affection. L’exploration doit donc se poursuivre, notamment en évaluant la concentration en fPL.

EXPLORATION DE L’INTESTIN

La mesure de la concentration sérique en folate (vitamine B9) et en cobalamine (vitamine B12), deux vitamines hydrosolubles, permet d’apprécier la capacité d’absorption de l’intestin grêle, respectivement proximal et distal, et la charge bactérienne dans celui-ci.

Un autre test, disponible depuis peu chez le chien et le chat aux États-Unis et déjà utilisé chez l’homme, est le dosage de l’α1-proteinase inhibitor (α1-PI). En raison de ses propriétés inhibitrices des protéinases, l’α1-PI n’est pas dégradée dans la lumière gastro-intestinale (voir figure). Elle peut donc être mesurée dans les fèces. De plus, elle possède une taille similaire à celle de l’albumine, et ainsi représente un marqueur intéressant de la fuite protéique intestinale. Lorsque la concentration en α1-PI augmente dans les fèces, cela signe une perte de protéines, même si le chat est indemne de signes cliniques.

En effet, la muqueuse gastro-intestinale est une barrière chez l’animal sain et l’α1-PI ne la passe pas. Cependant, lors d’un dysfonctionnement du tractus gastro-intestinal, la muqueuse est altérée, et l’α1-PI la traverse et est retrouvée dans les fèces, où elle peut être détectée par immuno-essai. Cet outil permet de confirmer la perte de protéines via le tractus gastro-intestinal, d’explorer les causes d’hypoalbuminémie et de surveiller objectivement la réponse thérapeutique.

PERSPECTIVES

Un groupe de protéines, les calgranulines (calprotectine : S100A8 et S100A9, et calmoduline : S100A12), semblent être de bonnes candidates comme marqueurs de l’inflammation gastro-intestinale.

La calprotectine est un complexe de protéines cytosoliques présentes en majorité dans les granulocytes neutrophiles. En médecine humaine, la calprotectine fécale est un marqueur sensible et non invasif du diagnostic des inflammations gastro-intestinales. En 2008, un immuno-essai pour la mesure de la calprotectine fécale chez le chien a été validé au laboratoire de l’université du Texas. Ces marqueurs sont utilisés avec succès dans l’espèce canine et pourront probablement l’être chez le chat après quelques recherches complémentaires.

Plus récemment encore, une équipe s’est intéressée à la calmoduline S100A12, un autre marqueur neutrophilique, et a développé un immuno-essai sur des sérums et des fèces de chiens1. Ce test est décrit comme sensible, précis et reproductible, et permet de distinguer un animal sain d’un individu atteint d’une maladie inflammatoire à partir d’une augmentation de la concentration sérique ou fécale de cS100A12. De nouvelles recherches sont en cours sur le sujet.

  • 1 D’après « Development and analytic validation of an immunoassay for the quantification of canine S100A12 in serum and fecal samples and its biological variability in serum from healthy dogs », Vet. Immunology and Immunopathology, vol. 144, n° 3-4, 15/12/2011.

Pour en savoir plus

→ http://vetmed.tamu.edu/gilab/service/assays (Gastrointestinal Laboratory, Texas A&M University).

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