Caudophagie : influence des facteurs biologiques, génétiques et nutritionnels - La Semaine Vétérinaire n° 1548 du 12/07/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1548 du 12/07/2013

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/PORCS

Auteur(s) : HÉLÈNE VANDENBERGHE

La caudophagie est l’un des principaux troubles comportementaux en élevage porcin. Ce phénomène est la cause d’une réduction du bien-être animal, mais aussi de pertes économiques considérables, liées au temps de travail supplémentaire investi par l’exploitant. Ce trouble persiste, malgré les efforts conjoints des chercheurs et des éleveurs pour tenter de le comprendre et d’en réduire l’impact.

Or des recherches récentes fournissent de nouvelles informations scientifiques sur les mécanismes biologiques qui régissent la caudophagie. Elles ont été menées en Europe du Nord par le Nordic Joint Commitee for Agricultural and Food Research (NKJ), dans des pays qui ont choisi de bannir la caudectomie comme méthode prophylactique.

Un mécanisme biologique sous-jacent suspecté

Même si les facteurs de risque de la caudophagie sont bien connus, d’importantes variations dans la fréquence d’apparition du phénomène sont observées, selon les individus, les élevages ou les races de porcs. Cela laisse suspecter l’existence d’un mécanisme biologique sous-jacent qui augmenterait les risques de devenir un “mordeur” ou un “mordu”.

Ainsi, l’étude montre que les phénotypes des porcs “mordeurs” et “mordus” affichent des niveaux de régulation du système nerveux autonome anormaux. L’élévation du degré de stress des individus mordus peut être attribuée aux morsures, mais il n’est pas exclu qu’elle en soit la cause. Les victimes présentent également une sécrétion anormalement basse de l’hormone thyroïdienne T3.

En outre, plusieurs niveaux d’expression du génome sont observés entre les porcs “neutres” vis-à-vis de la caudophagie et les “anormaux” (mordeurs et mordus). 18 gènes sont concernés, parmi lesquels ceux qui influent sur la maigreur des animaux (les “neutres” sont plus gros que les “anormaux”), le comportement social (les “neutres” sont moins influencés par les agissements du groupe), l’activité exploratoire (diminuée chez les porcs au phénotype “anormal”) et la sécrétion de dopamine.

Des effets sur l’alimentation et la santé des animaux

Si les troubles nutritionnels sont suspectés d’être une cause de caudophagie, aucun signe d’incapacité à digérer ou à absorber les nutriments n’est décelée chez les porcs “mordeurs”.

Il est également prouvé que la concentration en certains minéraux ou acides aminés dans le tube digestif, ainsi que la morphologie jéjunale des porcs “mordeurs” dans les groupes où la caudophagie est observée sont anormales.

En outre, les porcs “mordus” dont le gain moyen quotidien est faible sont plus souvent concernés par le phénomène.

Dans des lots où la caudophagie existe, la consommation alimentaire des porcs “neutres” apparaît diminuée. Ils pourraient être exempts de morsures parce qu’ils ne se déplacent pas vers les mangeoires, autour desquelles se déroulent plus de la moitié des épisodes de caudophagie.

Par ailleurs, ce trouble et l’état de santé des animaux sont en constante interaction. Les porcs malades, en particulier victimes de lésions aux pieds, présentent un risque accru d’être mordus. La susceptibilité à certaines maladies s’accroît chez les porcs victimes de morsures. Ils présentent, en particulier, davantage de lésions inflammatoires, notamment des voies respiratoires, sans qu’il soit possible de déterminer s’il s’agit d’une cause ou d’une conséquence de la caudophagie.

Enrichir l’environnement des porcs

Les répercussions économiques de la caudophagie et les mesures pour la prévenir dépendent de la prévalence et de la sévérité du phénomène dans l’élevage.

→ La caudectomie ne semble être efficace que si au moins la moitié de la queue est coupée. Or, cet acte chirurgical induit une douleur dans les heures qui suivent l’intervention d’autant plus intense que le morceau de queue en­levé est grand. Il augmente aussi le risque d’apparition de névromes, donc d’hyperalgésie, et aurait une influen­ce sur le futur comportement du porc.

→ L’enrichissement de l’environnement des porcs diminuerait l’intensité des morsures et le couchage sur des sols en paille réduirait la prévalence de la caudophagie.

→ La réaction rapide de l’éleveur lorsque le phénomène se déclare est incontournable pour prévenir une propagation épidémique.

Source : Pig progress, vol. 28, 10/11/2012.

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