La révision des politiques publiques et ses écueils - La Semaine Vétérinaire n° 1545 du 21/06/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1545 du 21/06/2013

Auditions de la filière viande

Actu

SANTÉ PUBLIQUE

Auteur(s) : Marine Neveux

Les auditions de la mission commune d’information sur la filière viande en France et en Europe se poursuivent1. Présidée par la sénatrice Bernadette Bourzai et avec pour rapporteur la sénatrice Sylvie Goy-Chavent, le 13 mai dernier, l’audition concernait le Syndicat national des inspecteurs en santé publique, avec nos confrères Deborah Infante (vice-présidente) et Benoît Assemat, (administrateur).

Sylvie Goy-Chavent démarre tout de go l’audition en évoquant l’émission Envoyé spécial diffusée un an auparavant sur France 2, et intitulée « La viande dans tous ses états » : « Ce documentaire montrait comment des personnels non qualifiés de certains abattoirs étaient chargés des contrôles officiels en lieu et place des agents habilités à les réaliser. » Elle questionne aussi sur l’abattage rituel et son contrôle. « Votre syndicat a déploré la réduction massive de ses effectifs depuis 2004 », développe-t-elle. L’insuffisance des contrôles a en effet été signalée par plusieurs rapports de la Commission européenne, reconnaît la sénatrice, ainsi que par la Cour des comptes. « Le manque d’effectifs fait qu’il n’y a pas d’inspection systématique sur l’ensemble des heures d’ouverture des abattoirs. La présence d’un vétérinaire officiel ou d’un agent placé sous son autorité pour vérifier la bonne santé des animaux est un point essentiel. C’est celui-ci qui était évoqué par l’émission d’Envoyé spécial », répond notre confrère Benoît Assemat.

La RGPP en cause

« Depuis 2010, la révision générale des politiques publiques, telle qu’elle a été conduite, n’a pas retenu les modalités administratives les plus efficientes », poursuit Benoît Assemat. Les nouvelles Directions départementales de la protection des populations rencontrent moult difficultés. « Au niveau national, les champs de compétence entre la Direction générale de l’alimentation et celle de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes n’ont jamais été clarifiés. À l’échelle régionale, il existe deux structures totalement distinctes, sans aucun outil commun de travail ni compétences clairement délimitées : le dispositif ne peut pas fonctionner », explique Benoît Assemat.

Deborah Infante ajoute qu’ « il n’est plus permis aujourd’hui de continuer à réorganiser les services en entretenant l’illusion qu’il sera possible d’accomplir certaines missions sans moyens supplémentaires. Nous sommes à l’os ». Une réflexion est menée. « Nous avons dégagé six grands principes, notamment la responsabilité de l’État en matière d’alimentation et de bien-être animal, ainsi que l’importance de disposer d’une chaîne de commandement unique, et surtout d’un seul ministère qui soit vraiment responsable de l’alimentation, car aujourd’hui les directeurs départementaux sont placés sous l’autorité du préfet, mais reçoivent des instructions de plusieurs directions générales et de plusieurs ministères qui ne sont pas toujours en phase au niveau national. Une responsabilité unique est nécessaire. » Une autre question essentielle concerne l’action de l’État avec des partenaires, car il ne peut pas travailler seul en matière de sécurité sanitaire. L’exemple français est abordé, avec son partenariat public-privé entre les vétérinaires de l’État et les confrères libéraux. La fragilité et les difficultés auxquelles le réseau de laboratoires est confronté sont aussi mises en exergue.

  • 1 Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1536, n° 1537 et n° 1538 en p. 22.

Un manque de moyens matériels et humains

Depuis dix ans, le constat est à la dégradation de la situation. L’analyse des crédits votés depuis six ans, dans le cadre des lois de finances initiales pour le programme 206 « Sécurité et qualité sanitaires de l’alimentation » du budget de l’État, montre une baisse sensible. « Les arbitrages financiers au ministère de l’Agriculture sont particulièrement difficiles et certains nous ont été défavorables. La situation actuelle est sans précédent, particulièrement critique, et les agents nous disent tous les jours que certaines missions ne peuvent plus être réalisées », explique Benoît Assemat. « Je constate tout de même une remontée des crédits de 4 % en 2013 », tempère Bernadette Bourzai. « Tout à fait. Cela est lié à la volonté du ministre, Stéphane Le Foll, de mettre davantage l’accent sur la sécurité sanitaire. Mais il est difficile de rattraper dix ans de retard en six mois. Il existe un important écart entre les crédits votés par le Parlement et les fonds effectivement employés en raison des gels de crédits », répond notre confrère. « Une bonne partie de ces 4 % d’augmentation s’explique par l’adoption de crédits d’intervention pour indemniser les éleveurs victimes de la tuberculose bovine. D’ailleurs, je tiens à souligner que cette épidémie n’est pas sans lien avec le manque d’investissements en baisse depuis dix ans dans le secteur de la prévention », ajoute Deborah Infante. Tous les ans depuis 2007, il y a davantage d’emplois supprimés que de départs à la retraite (600 réductions de postes pour 500 départs à la retraite ces six dernières années).

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