Traitement des masses mammaires chez la chienne et la chatte

FIBROADÉNOMATOSE ET MASTOSE CHEZ LA CHATTE

Fibroadénomatose

La fibroadénomatose est une hyperplasie de la glande mammaire, qui peut évoluer jusqu’à l’ulcération. Sous dépendance hormonale, elle touche principalement les chattes de moins de deux ans. Le diagnostic clinique s’appuie sur l’aspect des lésions mammaires, et sur leur vitesse de développement, qui est rapide. L’administration d’aglépristone (à la dose de 15 mg/kg, par voie sous-cutanée, à J0, J1, J7, J14, J21 et J28) permet le plus souvent la régression des lésions. Ce traitement présente l’avantage de ne pas être invasif et de respecter la fonction reproductrice. Il est cependant long et des récidives sont possibles. La mammectomie d’emblée n’est pas recommandée, car l’inflammation locale favorise les complications postopératoires. En outre, cette intervention ne supprime pas la source hormonale et elle interdit toute lactation ultérieure. De plus, un taux de mortalité périopératoire élevé (10 %) est décrit dans la littérature.

L’approche recommandée est donc celle d’un traitement médical initial (tout en supprimant l’apport de progestatifs) permettant la régression au moins partielle des lésions. Une mammectomie complémentaire peut être envisagée dans un second temps, si les propriétaires de l’animal se lassent de poursuivre le traitement avant la régression complète des lésions. Cela permet d’effectuer la mammectomie dans de meilleures conditions. Si la chatte n’est pas destinée à la reproduction, une ovariectomie par les flancs peut être envisagée en même temps.

Mastose

La mastose atteint les chattes plus âgées, sous traitement progestatif, et se manifeste sous la forme d’un kyste liquidien, localisé à une ou plusieurs mamelles. Les lésions sont caractéristiques et le diagnostic est clinique. Il s’agit d’une maladie a priori proche de la fibroadénomatose, mais comme les remaniements locaux sont parfois importants, l’exérèse est souvent nécessaire d’emblée.

TUMEURS MAMMAIRES

Cas général

Il est impossible de définir cliniquement si la tumeur mammaire est bénigne ou maligne. Le diagnostic de certitude passe par l’analyse histologique après l’exérèse. L’analyse cytologique présente une sensibilité de 60 %, mais une spécificité de 100 % (la mise en évidence de cellules cancéreuses prouve la malignité des lésions, mais leur absence ne permet pas de conclure avec certitude que la tumeur est bénigne). Les tumeurs mammaires chez la chatte sont malignes dans 85 à 90 % des cas, et dans 50 % des cas chez la chienne. Le pouvoir métastatique des tumeurs mammaires malignes est élevé (93 % chez la chienne et la chatte) et les récidives sont fréquentes.

Le traitement s’appuie sur une exérèse de la glande mammaire atteinte. La mammectomie n’augmente pas la durée de survie de l’animal, mais elle limite sa diminution. Par ailleurs, dans la plupart des cas, elle réduit les possibilités d’extension du cancer en supprimant la tumeur primitive. Lorsque les masses mammaires sont inflammatoires, la mammectomie augmente le confort de l’animal.

Si la mammectomie est complète (c’est-à-dire qu’elle englobe toute la chaîne mammaire droite ou gauche), le risque de récidives tumorales diminue (exemple du chat, ^{voir tableau 1}).

Lors de tumeurs bénignes et lorsque les tumeurs ont une taille inférieure à 2 cm, l’exérèse et curative. Cela justifie de pratiquer l’intervention le plus précocement possible.

Cependant, le choix du traitement doit inclure les inconvénients de la mammectomie : la douleur chirurgicale, les complications opératoires, le risque périanesthésique, le risque potentiel de “flambée métastatique”, et le coût pour le propriétaire.

Cas particulier des tumeurs ulcérées

Les tumeurs mammaires ulcérées sont souvent malignes. Dans ce cas, une dissémination métastatique est probable, avec une durée de survie réduite. De plus, les lésions sont souvent très inflammatoires, et génèrent un inconfort important pour l’animal, même si les signes de douleur ne sont pas toujours perceptibles. En, outre, le caractère suintant des tumeurs ulcérées n’est pas bien supporté par le propriétaire.

Dans ce cas, la mammectomie est recommandée, avec pour objectif d’améliorer le confort de l’animal et d’attendre l’évolution finale de la maladie. La décision thérapeutique inclut le risque d’augmenter le taux de croissance métastatique, la douleur et les complications postopératoires potentielles.

Cas particulier des métastases locales

Lors de tumeurs mammaires, les métastases locales se situent surtout dans les ganglions lymphatiques drainants. La présence de métastases locales est associée à une diminution de la durée de survie (^{voir tableau 2}).

Lors de métastases locales, la médiane de survie varie de 9 à 12,5 mois chez le chat. Elle est de quelques mois chez le chien. La décision thérapeutique est donc à évaluer au cas par cas, en fonction du degré d’extension du cancer, des récidives et de l’état clinique de l’animal, mais penche plutôt en faveur de la chirurgie pour améliorer le confort de l’animal.

Cas particulier des métastases à distance

Les cancers mammaires métastasent au niveau des poumons, de la plèvre, des organes abdominaux, des os et de l’encéphale, ces deux dernières localisations étant probablement sous-diagnostiquées.

Lorsque le cancer mammaire s’est étendu à distance, les médianes de survie sont extrêmement courtes (^{voir tableau 3}). Un traitement médical palliatif, symptomatique et ciblé sur la douleur, semble donc plus approprié.

Cas particulier de la carcinomatose cutanée

La carcinomatose cutanée se manifeste par des placards nodulaires fortement inflammatoires qui apparaissent d’emblée ou secondairement (métastases de la tumeur mammaire). Comme la médiane de survie est de 25 jours chez la chatte et la chienne, et que la chirurgie est techniquement difficile, et non bénéfique, mieux vaut ne pas l’envisager.

Références bibliographiques des tableaux :

• → Ito T, Kadosawa T, Mochizuki M, Matsunaga S, Nishimura R, Sasaki N. Prognosis of malignant mammary tumor in 53 cats. J. Vet. Med. Sci. 1996;58(8):723-726.
• → MacEwen EG, Hayes AA, Harvey HJ, Patnaik AK, Mooney S, Passe S. Prognostic factors for feline mammary tumors. J. Am. Vet. Med. Assoc. 1984;185(2):201-204.
• → Karayannopoulou M, Kaldrymidou E, Constantinidis TC, Dessiris A. Histological grading and prognosis in dogs with mammary carcinomas : application of a human grading method. J. Comp. Pathol. 2005;133(4):246-252.