L’outil qualité de la profession - La Semaine Vétérinaire n° 1544 du 14/06/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1544 du 14/06/2013

Qualitévet

Dossier

Auteur(s) : Agnès Faessel

Appliquer la démarche qualité à l’exercice vétérinaire est une problématique que s’est appropriée le Conseil supérieur de l’Ordre il y a dix ans. La commission Qualitévet naît en 2003 avec une double mission : organiser et coordonner les démarches qualité au sein de la profession et en assurer la communication institutionnelle. Rapidement, la commission prend son indépendance sous la forme d’une association et s’élargit aux organisations professionnelles et aux écoles vétérinaires, dans l’objectif de favoriser l’implication de toute la profession (voir encadré ci-dessous). Sa présidence est tournante. Après Christian Rondeau (CSOV), puis Christophe Brard (SNGTV), elle est confiée à Jean-François Rousselot (Afvac) fin 2011 pour trois ans : « Ce roulement entretient le dynamisme de l’association, explique notre confrère. Chacun la fait vivre selon sa sensibilité et son caractère. Beaucoup de projets sont menés. Et le champ du possible reste immense. Car la qualité se retrouve partout dans nos activités professionnelles. »

Un contrôle de la forme et non du fond

La démarche qualité intéresse en effet autant les compétences du praticien que les services proposés ou le management. Le travail de Qualitévet consiste à établir et/ou à valider un référentiel qui en respecte les préceptes. Cette tâche est dévolue au comité technique d’expertise, éventuellement assisté d’experts externes. La méthode adoptée peut être celle de l’HACCP, à l’exemple du Guide de bonnes pratiques du médicament vétérinaire. Initialement construit pour l’exercice en productions animales, sa refonte est en cours et prévoit une adaptation aux pratiques équine et canine.

L’étape ultime est la reconnaissance de la démarche au travers d’une certification, accréditation ou qualification, indispensable pour être officiellement valorisée auprès des confrères ou du grand public. « Mais cette approbation est strictement du ressort de l’Ordre, seul habilité à évaluer la conformité du projet à la déontologie vétérinaire et son bénéfice pour la profession », insiste Jean-François Rousselot. Exception faite bien entendu des systèmes de gestion de la qualité qui répondent à une norme établie (norme ISO, par exemple).

Soudés pour être plus forts

Le projet évalué peut émaner de l’un des membres de Qualitévet ou d’une demande extérieure (la reconnaissance de compétences vétérinaires spécifiques d’une espèce, par exemple). Mais l’essentiel des dossiers retenus à ce jour touchent des thématiques d’intérêt commun, notamment en termes de santé publique ou de risque professionnel. « L’objectif peut être d’éviter de se voir imposer des normes inadaptées à notre quotidien en proposant nous-mêmes leur évolution, comme cela s’est fait pour la radioprotection et comme pourrait se concevoir demain un guide de bonnes pratiques pour maîtriser le risque chimique dans nos cliniques, lié à l’usage des anesthésiques volatils, par exemple », rappelle Jean-François Rousselot. Sur ces points, obtenir un consensus de la profession est fondamental. « Les approches de chacun peuvent différer, et aboutir à un accord n’est pas facile. Mais c’est ensuite une grande force, notamment lorsque s’ouvre la phase de discussion avec les autorités. »

Le principe du volontariat

D’autres projets répondent à des préoccupations plus techniques et même éthiques. La charte “euthanasie”, sur le point d’aboutir, touche ainsi un point sensible de l’exercice vétérinaire, sur lequel l’attente des propriétaires est forte et leurs interrogations nombreuses. « Le guide ne sera pas opposable, rassure Jean-François Rousselot. C’est un outil à la disposition des praticiens, qui conservent la totale liberté de l’adopter ou de construire leur propre démarche. »

Car avant tout, la démarche qualité est une affaire d’amélioration et de maîtrise des pratiques, qui fonctionne le plus souvent sur un mode volontaire et qu’il convient de valoriser auprès du public. D’où l’intérêt d’un programme reconnu et d’une communication d’ampleur. C’est aussi la mission de Qualitévet.

ORGANISATION DE QUALITÉVET

Qualitévet est une association à but non lucratif (loi 1901) regroupant des organismes représentatifs de la profession vétérinaire : le Conseil supérieur de l’Ordre des vétérinaires (CSOV), VetAgro Sup, Oniris, l’ENVT, l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), l’Association vétérinaire équine française (Avef), l’association Zoopsy, le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL) et le Syndicat national des vétérinaires conseils (SNVECO).

INITIATIVES EUROPÉENNES

Les Ordres vétérinaires d’autres pays d’Europe sont aussi à l’initiative de démarches qualité.

→ En Belgique, l’élimination des déchets de soins et la radioprotection font l’objet de procédures obligatoires dont l’Ordre des médecins vétérinaires assure le contrôle.

→ En Suisse, le programme Swiss Quality Vet, conduit par l’Association suisse pour systèmes de qualité et de management et soutenu par la Société des vétérinaires suisses (SVS), est proposé sur un mode volontaire. Outre la sensibilisation des confrères à la qualité, ses objectifs sont le bon respect des règles de la médecine vétérinaire (réglementation du médicament, mais aussi éthique et bien-être animal, traçabilité, documentation des cas, etc.) et l’entretien du niveau de connaissances des praticiens. Une certification délivrée par la SVS et valable trois ans est obtenue après un audit des pratiques.

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